Soldat de la première heure au sein des Forces françaises libres (FFL) durant la Seconde guerre mondiale, il a rendu son dernier souffle, mardi, à 101 ans. Retour sur le parcours d’un héros.
de la première heure au sein des Forces françaises libres (FFL) durant la Seconde guerre mondiale, il a rendu son dernier souffle, mardi, à 101 ans. Retour sur le parcours d’un héros.
« Quand le dernier d’entre nous sera mort, la flamme s’éteindra. Mais il restera des braises. Et il faut aujourd’hui en France des braises ardentes ! » 1
Aujourd’hui, une flamme s’est consumée. Et pas des moindres. Celle d’Hubert Germain, le dernier survivant des Compagnons de la Libération. Avec lui, une page de notre mémoire nationale se referme. Celle de ces 1 038 hommes et femmes décorés de la croix de la Libération pour leur rôle dans « la Libération de la France dans l’honneur et par la Victoire ».
La défaite de 1940, Hubert ne l’a jamais acceptée. Alors qu’il prépare le concours pour intégrer l’Ecole navale, il quitte la salle d’examen et décide de poursuivre le combat : destination Londres, le 24 juin 1940. Il n’a pas encore 20 ans.
Débutent alors pour lui cinq années d’un engagement sans faille, au sein des Forces françaises libres. Homme de tous les combats, il se distingue au cours de la bataille de Bir Hakeim (juin 1942, en Libye), où il est cité à l’ordre de l’armée pour avoir été « pour ses hommes, un exemple constant de calme et de courage ». Promu sous-lieutenant, il poursuit le combat aux côtés de la 1re Division française libre à El Alamein, en Egypte : victoire retentissante des troupes alliées en Afrique du Nord.
Epargné par les blessures jusque-là, Hubert est touché le 24 mai 1944, sur les pentes du Monte Cassino (Italie), en dirigeant le tir des mitrailleuses lourdes de sa section. Evacué à Naples, il pense déjà à repartir au combat. Décoré de la Croix de la Libération par le général de Gaulle, en juin 1944, il débarque sur les plages de Provence deux mois plus tard… et continue sur sa lancée : libération de Toulon, de la vallée du Rhône et de Lyon, puis campagnes des Vosges et d'Alsace.
Démobilisé en 1946, Hubert Germain obtient du travail dans une entreprise de produits chimiques. Il embrasse ensuite une carrière politique : maire d'une ville de l'Essonne dans les années 50, il intègre en 1960 le cabinet de Pierre Messmer, ministre des Armées, avant d’être élu député deux années plus tard. En 1972, il est nommé ministre des PTT, puis ministre des relations avec le Parlement pendant quelques mois, en 1974.
En 2010 et 2020 : Hubert fait son entrée au Conseil de l'Ordre de la Libération (créé par le général de Gaulle), avant qu’un décret le nomme chancelier d'honneur de l'Ordre de la Libération.
Le Président de la République rendra hommage à Hubert Germain lors d’une cérémonie qui se déroulera dans les prochains jours aux Invalides et présidera, le 11 novembre, la cérémonie d’inhumation du dernier Compagnon de la Libération qui se tiendra à l’Arc de Triomphe et au Mont-Valérien.
Hubert Germain
06/08/1920 – 12/10/2021
Compagnon de la Libération par décret du 20 novembre 1944
Retrouvez sa biographie complète sur le site de l’Ordre de la Libération
1 Hubert Germain et Marc Leroy , dans le livre Espérer pour la France - Mémoires d’un Compagnon de la Libération, publié aux éditions Belles Lettres (2020)
Le saviez-vous ? C’est le général de Gaulle qui instaure l’Ordre de la Libération en novembre 1940. Son objectif : récompenser les personnes, les collectivités militaires et civiles qui se sont distinguées dans l’œuvre de la libération de la France et de son Empire. Deuxième ordre national français après la Légion d’honneur, l’Ordre de la Libération ne comporte qu’un seul titre, celui de Compagnon de la Libération. L’insigne : un ruban vert rayé de noir, qui supporte l'écu de bronze surmonté d’une croix de Lorraine. Au total, 1 038 croix de la Libération ont été décernées à des personnes physiques, parmi lesquelles 750 militaires, 15 ecclésiastiques et 6 femmes. A noter que 271 personnes furent nommées à titre posthume. Presque les trois-quarts des Compagnons de la Libération sont issus des rangs de la France libre et un quart des rangs de la Résistance intérieure. Autre chiffre intéressant : 18 croix de la Libération ont été remises à des unités militaires et 5 à des communes françaises (Nantes, Grenoble, Paris, Vassieux-en-Vercors et l’Île de Sein). Le général de Gaulle quitte le pouvoir en janvier 1946 et signe un décret mettant fin à l'attribution de la croix de la Libération, le territoire national ayant retrouvé sa pleine souveraineté. L'Ordre est exceptionnellement rouvert par le général de Gaulle, qui remet une croix de la Libération à Winston Churchill le 18 juin 1958 et une autre, à titre posthume, au roi George VI le 2 avril 1960. |
Sources : Ministère des Armées