A l’autonome 2010, l’Otan se dotera d’un nouveau concept stratégique. Un groupe de sages mandaté par son secrétaire général recommande à l’Alliance d’élargir ses partenariats.
AVERTISSEMENT : Les opinions émises dans ce document d’engagent que leurs auteurs. Elles ne constituent en aucune manière une position officielle du ministère de la défense ni institutionnelle.
Mandaté par le Secrétaire général Rasmussen pour réfléchir à l'avenir de l'Otan, le groupe de sages dirigé par Madeleine Albright a remis ses recommandations pour un nouveau concept stratégique de l'Otan le 17 mai 2010 : « Otan 2020 : une sécurité assurée, un engagement dynamique ». Qu'en est-il de ses propositions ? Quel éclairage ce document apporte-t-il en vue des négociations à venir pour décider du nouveau concept stratégique de l'Otan à l'automne ? Le document en deux parties permet d'une part de dresser un bilan du contexte actuel et des enjeux auxquels l'alliance devra faire face dans les prochaines années et d'autre part de lister en cinq chapitres les recommandations du groupe. Il souligne d'emblée que l'Otan reste fidèle à l'article 5 de son traité et à sa mission de défense collective, tout en ayant pour rôle d'intervenir en opérations de projection pour protéger les intérêts de ses alliés.
Un contexte de montée de la menace non-conventionnelle
Dans ce document, le groupe présente tout d'abord une synthèse de son analyse, suite à de nombreux entretiens réalisés au sein des pays de l'Alliance. Il précise qu'une attaque directe contre un allié est peu probable dans un avenir proche. Par contre, il s'appuie sur le contexte post 11 septembre 2001 pour présenter la montée de nouveaux dangers, notamment les menaces dites non-conventionnelles (armes de destruction massive, cybermenace, etc). Il prend également en compte le contexte de crise économique et financière actuelle, tout en soulignant l'importance de l'engagement en Afghanistan. Le nouveau concept sera une occasion pour l'Otan de mieux se faire connaitre des populations, et pour les Etats de l'Alliance, de renouveler leurs voux d'engagement, dans le respect de l'héritage et des valeurs de l'Otan. Parmi les pistes d'avenir envisagées, le groupe souligne que la question des partenariats et du recours à l'approche globale sera centrale.
Des recommandations pour une Otan plus ouverte
Les recommandations du groupe de sages se découpent en cinq chapitres. Le premier se concentre sur l'environnement de sécurité. L'éventualité d'une attaque de missile balistique est évoquée ainsi que la perpétuation d'attentats par des groupes terroristes internationaux. Le groupe prend également en compte le risque de crises énergétiques et climatiques.
Le deuxième chapitre présente les tâches fondamentales de l'Alliance : la défense des alliés, la sécurité euro-atlantique, le rôle de lien contractuel entre les Etats-Unis et l'Europe, et enfin son rôle de protecteur des axes vitaux internationaux, afin de garantir la stabilité. L'Otan n'est pas globale mais sécuritaire.
Concernant les partenariats, il est envisagé dans le chapitre 3, la rédaction d'un nouvel accord général impliquant l'élargissement de la liste des activités partenariales en permettant une différenciation accrue entre les partenaires. L'Union européenne est présentée comme un partenaire essentiel de l'Alliance. La volonté de voir l'UE et l'Otan ouvrer en plus grande coopération ressort nettement du document. De même, la question des rapports entre Otan et Onu semble prendre une ampleur nouvelle avec le renforcement des liens institutionnels entre les deux organisations. L'Otan pourrait en outre coopérer avec l'Osce (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), en particulier sur la maitrise des armements. Le groupe de sages pense qu'il serait bon de rassurer la Russie, afin d'améliorer la relation que l'Alliance entretien avec cet Etat. Par ailleurs, le groupe conseille une plus grande ouverture de l'Otan vers des pays extérieurs à la région euro-atlantique.
Pour ce qui est des questions politiques et organisationnelles, le chapitre 4 souligne que le concept stratégique doit aller de paire avec un vaste programme de réforme de l'organisation, afin de la rendre plus efficiente, plus réactive et plus efficace. Des aménagements dans la prise de décision pourraient être adoptés, même si la règle de consensus devrait demeurer au plus haut niveau.
Enfin, le chapitre 5 concerne les forces et les capacités de l'Alliance. Il insiste sur le rôle de dissuasion et de prévention de l'Otan. Les sages recommandent un élargissement du rôle de la force de réaction rapide de l'Otan et un renforcement des capacités des forces d'opérations spéciales. L'Otan prévoit le maintien de ses capacités nucléaires et inscrit la défense antimissile territoriale au nombre de ses missions essentielles. En conclusion, le document met l'accent sur les objectifs immuables de l'Otan dans le monde : renforcer la sécurité internationale, sauvegarder la liberté et promouvoir l'état de droit. Dans le futur, l'Otan devrait agir moins seule, et d'avantage en lien avec l'UE, l'Onu, et d'autres partenaires, notamment pour assurer une bonne collaboration entre civils et militaires dans le cadre de l'approche globale. Le rapport Albright doit maintenant servir d'appui à la réflexion des alliés en vu de l'adoption du concept stratégique lors du sommet de Lisbonne.
Sources : Ministère des Armées