Lieutenant de vaisseau Florian Mioni
Instructeur « navire » de la mission Jeanne d’Arc 2011
Après trois mois de mission, certains s’étonnent de ne toujours pas voir pousser de branchies à cet homme-poisson passionné de plongée en apnée. Mais le LV Florian Mioni est avant tout l’un des instructeurs «navire» de la mission Jeanne d’Arc. Il a intégré l’École navale en 2005 après avoir fait une école d’ingénieur et un master de physico-chimie des matériaux. Ce «Titre 3» a donc rejoint la promotion 2003 à Lanvéoc, puis a passé neuf mois à la Réunion sur le Nivôse et La Rieuse, et est retourné quelques mois à l’École navale avant de faire sa campagne sur le PH Jeanne d’Arc. Il a ensuite été affecté sur la FASM Primauguet en tant que chef du service Flotteur, puis au Service des Moyens portuaires de Toulon.
En tant qu’instructeur «navire», le LV Mioni est chargé des cours de mécanique dispensés aux officiers élèves de la spécialité ENERG, avec une partie diesel/moteur et une partie générale (hydraulique, froid, production d’eau douce, génie des matériaux…). C’est le pendant de l’instruction électricité et de l’instruction sécurité: les instructeurs travaillent en équipe et équilibrent les matières généralistes et spécifiques au BPC.
Les OE de toutes spécialités bénéficient aussi de ses lumières avec quelques cours de MCO (maintien en condition opérationnelle), qui permettent de donner les notions de base aux futurs chefs de service pour qu’ils ne soient pas désarmés lors d’arrêts techniques. Enfin, en plus de ces cours théoriques, il participe à l’organisation de travaux pratique RH: grâce à la complicité de membres d’équipage au talent d’acteur certain, il met les officiers élèves en situation en tant que capitaines de compagnie, pour leur apprendre à écouter le personnel, à réagir convenablement et à proposer des solutions à leurs problèmes. Pour lui, il est essentiel de préparer les OE à l’aspect humain de leur métier de marin et de chef de service, qui est fondamental.
«J’ai découvert qu’être instructeur, cela demande de l’engagement et une certaine fibre»: au fil des cours, le LV Mioni est arrivé à prendre de l’assurance, à ressentir quand les officiers élèves comprennent et quand il faut recommencer. Sa récompense, c’est un quizz réussi, qui lui prouve que les OE ont assimilé ses cours. Cet aspect pédagogique lui a beaucoup appris. Et pour intégrer l’instruction à la vie du bord, il a également compris qu’il fallait avoir un bon dialogue avec l’équipage, avec un seul objectif: «que la formation des officiers élèves soit réussie».
Quelle différence avec sa propre Jeanne il y a cinq ans? «Devenir instructeur, c’est tourner une page par rapport à la campagne Jeanne d’Arc que j’ai effectuée en tant qu’OE. Les officiers élèves ont «la tête dans le guidon», ils n’ont pas le temps de souffler. En tant qu’instructeur, au contraire, il faut savoir prendre du recul. J’ai fait ma Jeanne à déjà 26 ans, alors que j’avais une certaine expérience de la Marine et de la vie embarquée. Ce n’est donc pas si différent. Mais passer de l’autre côté de la barrière implique de montrer l’exemple, de savoir rester ferme, d’apprendre à contraindre, et d’ajuster ses attentes face aux officiers élèves.»
Le bilan pour les instructeurs «navire» est largement positif, avec une OE lâchée comme OQN (officier de quart navire) et d’autres presque prêts à l’être. «Les 22 OE de la filière ENERG nous donnent des raisons d’être très satisfaits: ils font preuve d’une bonne motivation, de cohésion et d’un vrai «esprit mécano». Pour notre équipe d’instructeurs qui a travaillé dur pour les intéresser et les faire s’investir, c’est un vrai plaisir, même s’il y a des aspects moins amusants.»
Au final, pour le LV Mioni, être instructeur est un rôle qui lui tient à cœur, qui demande un gros investissement mais dont le retour est important. «Une fois passé le cap des incertitudes de départ, ça se déroule presque tout seul, et c’est génial d’avoir ne serait-ce que 90% d’élèves motivés!»
Sources : © Marine nationale / ASP CRE Emmanuelle Moreau
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