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La mission Marianne - Une préparation à la hauteur des ambitions

Mise à jour  : 07/07/2021 - Direction : SIRPA Marine

Le 7 avril, le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Émeraude accostait dans la zone Missiessy au sein de la base navale de Toulon, après une mission d’une durée inédite – plus de sept mois – et dans une zone inhabituelle pour un sous-marin français : l’Indopacifique. Un déploiement loin et longtemps qui s’inscrit dans le cadre de la stratégie de défense française en Indopacifique*. « Le constat était que la présence aéromaritime, avec nos moyens outre-mer, est permanente dans cette zone. En revanche, la dernière mission d’un sous-marin datait des années 1980 avec le Rubis... L’objectif était donc de rouvrir ce théâtre dans sa dimension sous-marine, en relevant le défi de l’élongation », souligne le capitaine de vaisseau Jérôme, actuellement à l’inspection générale des Armées et auparavant en charge de la préparation de la mission à l’état-major des opérations Marine (EMO-M).

UN THÉÂTRE INEXPLORÉ

Ce saut dans l’inconnu ne pouvant se faire sans une préparation optimale, les premiers jalons de la mission ont ainsi été posés dès fin 2018, près de deux ans avant l’appareillage de l’Émeraude en septembre 2020. « Il fallait s’approprier le théâtre sur place, explique le capitaine de vaisseau Alexandre, affecté à l’époque au centre des opérations des forces sous-marines (CENTOPS FSM). Il y avait, par exemple, des études à faire sur la densité de l’eau, qui n’est pas la même d’un océan à un autre, car cela influe entre autres sur la pesée du sous-marin. » Des accords ont également été passés avec les alliés, dans le cadre de la mission, pour gérer les potentielles interférences sous l’eau entre deux sous-marins alliés et trouver des escales qui permettent un soutien logistique.

ASSURER SEPT MOIS CONSÉCUTIFS À LA MER

Si se déployer loin et longtemps est une capacité classique d’un sous-marin nucléaire, l’endurance à la mer du SNA Émeraude, trente ans de service actif au compteur, se devait d’être anticipée. Les deux périodes d’arrêt technique précédant le déploiement ont ainsi été allongées. Durant tout le déploiement, le sous-marin a aussi pu compter en surface sur le bâtiment de soutien et d’assistance métropolitain (BSAM) Seine. À son bord, des pièces de rechange étaient disponibles en cas d’avaries. « Nous savions, avec le retour d’expérience des trente dernières années, quelles pièces étaient susceptibles de casser plus facilement », complète le CV Alexandre. En mer de Chine méridionale, le SNA a également été accompagné par la frégate de surveillance (FS) Vendémiaire. « Il y a eu un travail de coordination au sein de la Marine très en amont pour s’assurer que tous les acteurs soient prêts au bon moment, relate le CV Jérôme. Et même au-delà, car nous avions, par exemple, fait en sorte qu’une autre FS – le Prairial – soit disponible en réserve. »

HONORER LES PARTENAIRES STRATÉGIQUES

En plus d’appréhender l’évolution de ce théâtre indopacifique et d’enrichir la connaissance de la zone, le déploiement Marianne avait aussi pour objectif d’interagir avec les partenaires stratégiques de la France dans la zone (États-Unis, Australie, Japon, Inde). « Ce travail avec eux a débuté dès 2019, relate le capitaine de vaisseau Jérôme. Ils se sont tous les quatre fortement mobilisés pour travailler avec la France, et nous avons pu développer de nouvelles activités avec chacun d’entre eux. » Concernant les escales, une dizaine avait été étudiée dès le départ, mais au fil des études de faisabilité et des contraintes sanitaires, trois ont pu être réalisées : Djibouti, Perth (Australie) et Guam (États-Unis). Nation de l’Indopacifique, la France a affirmé, grâce à ce déploiement, sa liberté de naviguer dans n’importe quelle mer du globe. « Réaliser une mission opérationnelle dans une zone éloignée de nos bases est un enjeu à part entière, affirme le capitaine de frégate Yves de l’EMO-Marine. Il faut donc développer les partenariats internationaux pour avoir des points d’appui logistique à proximité des zones de tension. » La mission Marianne a ouvert la voie à des déploiements toujours plus ambitieux.


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées