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Le saviez-vous

Mise à jour  : 08/07/2021 - Direction : SIRPA Marine

 Sécurité plongée et chaufferie : des machines et des hommes

« En matière de sécurité plongée et de chaufferie nucléaire, nous n’avons rencontré aucune difficulté particulière au cours de cette mission », explique le lieutenant de vaisseau Jean-Baptiste, responsable de la maintenance et de l’entretien des installations à bord (équipage rouge). « Tout avait été parfaitement préparé. » Même si, pour durer à la mer lors de déploiements aussi longs, il faut savoir faire preuve d’ingéniosité. Et à ce titre, « disposer de pièces de rechange complémentaires sur le BSAM nous a offert une autonomie et une réactivité accrues », précise-t-il. « Il y a eu une très bonne mutualisation des moyens et des compétences entre les deux bateaux. Ce que nous avons fait est reproductible, et le sera d’autant plus avec l’arrivée des SNA de type Suffren. » Et pas uniquement sur le plan technique. « Partir loin, longtemps, et en équipage, c’est ce qu’on nous demande et ce que nous savons faire. » Durant la mission Marianne, l’état d’esprit à bord était remarquable. « Le rôle des cadres et des “anciens” a été décisif en la matière », souligne le LV Jean-Baptiste, 23 ans aux forces sous-marines.

L’ESNA, indispensable base arrière

L’escadrille des sous-marins nucléaires d’attaque (ESNA) de Toulon a joué un rôle essentiel dans la préparation et l’accompagnement de la mission Marianne. « En amont, nous avons constitué le stock de pièces de rechange embarquées sur l’Émeraude ou le BSAM Seine (huit tonnes en soute, cinq en container), après avoir identifié celles qui seraient les plus sollicitées par cette navigation en eaux chaudes », explique le maître principal Romain, responsable de la logistique opérationnelle à l’ESNA. Au cours du déploiement, l’ESNA a apporté un soutien technique au bord dans la gestion des avaries et acheminé des rechanges et des fournitures complémentaires. Au total, sur sept mois, près de 15 tonnes de matériel ont été envoyées au sous-marin, en mobilisant une chaîne logistique complexe, Marine et interarmées. « Le challenge était de taille, à cause de la longueur et de l’élongation du déploiement, de la rareté des escales comme des liaisons aériennes vers certains points d’appui. » Il a fallu se reconfigurer au fil de la mission. « Nous avons, par exemple, profité de la relève d’équipage à Guam pour acheminer du matériel manquant. » Assurer l’approvisionnement de toute pièce nécessaire, en tout temps et en tout point du globe, telle est la mission de la division logistique de l’ESNA !

Le CENTOPS FSM, ange gardien des sous-marins en opération

« Tout ce qui devait être réalisé l’a été, et ce malgré le contexte sanitaire », indique le capitaine de corvette Frédéric, responsable du contrôle technique des SNA au Centre opérationnel des forces sous- marines. « Nous avons su nous reconfigurer quand il le fallait. » Avant le départ de l’Émeraude, deux cellules locales des forces sous-marines avaient été déployées à terre en renfort, l’une en océan Indien à Abou Dabi, et l’autre à Papeete pour la zone Pacifique. Elles ont assuré l’interface entre le sous-marin et les forces sous-marines, d’une part, et Alpaci et Alindien, d’autre part, sous le contrôle opérationnel desquels se déroulait la mission. Elles ont joué un rôle décisif à chaque point d’étape en apportant leur expertise technico-opérationnelle et ont facilité les échanges entre le CENTOPS et les états-majors locaux tout au long du déploiement, ainsi que les interactions avec nos alliés. « L’interopérabilité, dont nous avions fait un élément clef du déploiement dès sa genèse, a parfaitement fonctionné. En conduite, les échanges avec nos partenaires sur la zone, notamment les États-Unis et l’Australie, ont été très fluides. Nous avons démontré une nouvelle fois que nos sous-marins nucléaires étaient capables de patrouiller sans entrave, où bon nous semble. Et en particulier sur le théâtre indopacifique. »

Les communications : un enjeu crucial

Une partie des communications avec les SNA se fait par ondes radio haute fréquence. La France est, avec les États-Unis, la nation qui dispose du plus grand nombre de stations HF de par le monde. La couverture HF était donc de facto assurée pour l’Émeraude tout au long de son déploiement. Mais les transmissions des forces sous-marines françaises utilisent aussi la gamme de fréquence VLF (3-30 kHz). « La VLF pénètre plusieurs mètres sous la surface, permettant ainsi à nos sous-marins d’écouter leurs messages en toute discrétion, sans être à l’immersion périscopique », rappelle le lieutenant de vaisseau Vincent, chef de bureau SIC (système d’information et de communication) au CENTOPS FSM. « Avec le soutien de la Direction générale de l’armement (DGA) et grâce à de nombreux échanges avec nos partenaires américains et australiens, nous avons identifié la station VLF alliée, compatible avec nos standards techniques, qui complétait parfaitement la couverture française dans cette gamme de fréquences. » Les moyens techniques nécessaires à son exploitation ont alors été mis en œuvre en quelques mois seulement, avec l’aide de la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information (DIRISI). Dans le domaine des communications satellitaires, des ressources ont également été attribuées à la Marine par un partenaire de la zone, en complément du système militaire français. « Le savoir-faire acquis et les solutions techniques développées avec nos alliés serviront les prochains déploiements. »


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées