Pris en charge par la Marine en novembre dernier, le premier des six nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) de type Suffren est taillé pour les défis du XXIe siècle. Plus polyvalent que la classe Rubis, doté de capacités supérieures, il est l’illustration d’une Marine en pointe pour une marine de combat. De la haute mer à la zone littorale, le SNA reprendra toutes les missions de ses prédécesseurs en étant capable d’aller plus loin, plus longtemps et d’agir plus fort. Avec le Suffren, la France a résolument entamé le renouvellement de sa composante de SNA, pour continuer à répondre aux enjeux présents et à venir. « Il n’y a pas l’ombre d’un doute : les SNA de la classe Suffren seront des instruments de puissance et des navires de combat d’exception. Tenir une permanence sous la mer, en toute discrétion, au plus loin comme au plus proche des côtes, procure une supériorité essentielle à notre pays », a annoncé Florence Parly, ministre des Armées, le 6 novembre dernier à Toulon lors de la cérémonie de réception. Quelques semaines plus tôt, le premier tir d’essai de missile de croisière naval (MdCN), depuis le nouveau sous-marin, illustrait parfaitement les propos de la ministre. Doté d’une portée de plus de mille kilomètres, le MdCN est adapté à des missions de destruction d’infrastructures de haute valeur stratégique. Après les frégates multi-missions (FREMM), le Suffren est le premier sous-marin français équipé de cette capacité de frappe conventionnelle. L’aptitude de mise en œuvre du MdCN depuis un sous-marin permet de faire peser sur l’adversaire la menace constante et indétectable d’une frappe depuis la mer sur des cibles situées à l’intérieur des terres. Le recueil de renseignement est l’une des capacités renforcées du Suffren : « Les senseurs du sous-marin, comme les mâts optroniques remplaçant le périscope, disposent de caméras très haute définition avec des capacités de vision de jour comme de nuit. La reconnaissance à vue peut ainsi se faire à une plus grande distance, que ce soit sur des navires de surface ou sur des cibles à terre. Le recueil de renseignement image est alors très nettement amélioré », précise le capitaine de frégate Axel Roche, premier commandant du Suffren lors des essais effectués en mer, d’avril à novembre 2020. Dans le domaine de la lutte anti-sous-marine, les capacités de ce bâtiment sont prometteuses. « Ces capacités existent déjà avec la classe Rubis », rappelle le commandant, mais elles sont « améliorées » aujourd’hui avec notamment davantage de capteurs. Enfin, la classe Suffren intègre un système de combat qui agrège l’ensemble des informations issues des senseurs du sous-marin, ce qui permet d’élaborer une meilleure situation tactique. Parmi les améliorations du Suffren, ressort également sa capacité aux opérations spéciales qui s’illustre par le Dry Deck Shelter. Un hangar de pont, amovible, positionné sur le sous-marin qui permet de mettre en œuvre des nageurs de combat. « Avec ces équipements, l’ambition est d’avoir la capacité de faire peser une menace et celle d’agir discrètement dans un plus grand rayon d’action sur des cibles adverses », affirme le commandant Roche.
DES CAPACITÉS RENFORCÉES À TOUS LES NIVEAUX
Pour la partie « machine » du sous-marin, la conduite est fortement automatisée comme le souligne le capitaine de corvette Philippe, commandant adjoint navire de l’équipage bleu du SNA Suffren : « Chaque circuit est représenté sur des écrans, donc je vois parfaitement où passent les fluides. À distance, depuis le poste de conduite propulsion (PCP), je suis capable, en temps réel, d’avoir un diagnostic précis de la situation en local ». Un gain de temps précieux car, actuellement, sur SNA de type Rubis, c’est un opérateur qui effectue in situ tous les diagnostics et les expertises. « Cela demande d’avoir un rondier très expérimenté ! » ajoute le chef machine dont la mission est de mettre à disposition du pacha un bateau disponible en tout lieu et de tout temps. Le Suffren permet également une plus grande souplesse d’emploi des installations : ainsi, l’architecture de l’appareil propulsif et de l’usine électrique autorise des reconfigurations à distance : « Par exemple, je peux faire face à des avaries et les gérer plus rapidement et plus facilement en reconfigurant les installations en quelques clics. Avec à la clef une sécurité accrue et la motivation pour les marins de travailler sur du matériel à la pointe », assure le « chef », qui compte près d’une trentaine de sous-mariniers sous ses ordres. Si le SNA de type Suffren est en pointe, d’un point de vue technologique, il offre aussi de meilleures conditions matérielles aux 63 marins qu’il embarque. Pas de révolutionmajeure cependant de ce côté-là entre les deux SNA que plus de 40 ans séparent, car la promiscuité et l’exiguïté restent de mise, mais des améliorations qui changent le quotidien et qui permettent de partir en mission plus longtemps. « Sur Suffren, nous passons de 15 à 6 marins en chambre. De plus, nous disposons d’un nombre de douches plus élevé et de bannettes plus grandes », indique le quartier-maître Jules, manœuvrier du bord, après être passé de 2017 à 2019 sur le Rubis, et qui a participé aux essais à la mer du Suffren. Il poursuit : « Les rangements sont eux aussi plus spacieux, nous pouvons embarquer davantage d’affaires personnelles et plus de choses pour améliorer notre quotidien, comme un ordinateur portable. Ce sera un peu plus facile de partir longtemps dans ces conditions ». Mais le quartier-maître prévient : « Si on doit faire une mission, on la fera, et peu importe le confort ».
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées