Au-delà de sa capacité de mise en œuvre de sa composante aérienne, le groupe aéronaval constitue un système d’armes complet capable d’agir dans les trois dimensions (aérienne, sur la surface et sous la mer), dans l’environnement maritime comme terrestre. Déployé sur les principaux conflits dans lesquels la France a été engagée ces 20 dernières années, le Charles de Gaulle a démontré sa pertinence et sa capacité à mener des opérations de projection de puissance, avec à la clef des effets tactiques, opératifs, stratégiques, diplomatiques et politiques décisifs. La France a acquis depuis lors un savoir-faire, unique en Europe, qui lui permet d’imaginer et de préparer le GAN de demain.
Un contexte mondial de plus en plus tendu
Si les missions de projection de puissance de la mer vers la terre ont occupé l’essentiel de sa première moitié de carrière, le GAN se prépare à affronter les nouvelles formes de conflits qui émergent en haute mer. À l’heure de la « remilitarisation » des océans, le groupe aéronaval constitue une force navale modu-laire apte à agir sur l’ensemble du spectre des opérations. Il est un outil militaire incontournable pour répondre aux évolutions opérationnelles des décennies à venir, confirmant sa vocation historique de « capital ship ». L’augmentation de la compétition entre « États-puissances » s’exprime en effet plus particulièrement sur les théâtres maritimes, espace où les États mesurent et comparent leurs forces militaires. Le contexte aéromaritime devient lui aussi de plus en plus compétitif ; il faut désormais être en mesure de contrer un nombre croissant d’armements (mines, drones armés...) destinés à contester l’accès à certaines zones maritimes.
Parer à de nouvelles menaces
Pour peser dans cette compétition internationale accrue, le groupe aéronaval français, rassemblé autour du Charles de Gaulle, s’adapte constamment pour préserver sa liberté d’action et générer des effets militaires incontestables, dans tous les milieux (aérien, sous-marin, surface, terre, cyber, spatial...), l’arme aérienne demeurant l’un des fondements majeurs de la supériorité opérationnelle. S’adapter aux nouvelles menaces constitue un impératif auquel répond structurellement l’écosystème du porte-avions. L’intégration du missile de croisière naval embarqué aujourd’hui à bord des FREMM et demain des SNA Barracuda en est un exemple.
De nouveaux moyens d’action
L’utilisation de drones, de l’intelligence artificielle, du traitement des données de masse (Big Data), le renforcement des capacités de liaisons de données tactiques et des moyens d’action cyber démultiplient depuis peu les capacités et le domaine d’action du GAN. Loin de l’image renvoyée par le gigantisme de sa pièce maîtresse qu’est le porte-avions, le groupe aéronaval se révèle être un outil souple, agile et agrégateur de nombreuses capacités militaires, interarmées ou interalliées.
Des capacités de défense renforcées
La sécurité et l’autodéfense du groupe aéronaval doivent, elles aussi, être maintenues au meilleur niveau face à l’évolution des menaces. La protection d’une force navale se concevant de façon globale et non pas bâtiment par bâtiment, le porte-avions et son escorte évoluent en permanence pour s’adapter à ces menaces. Concernant la menace missile, en particulier celle des missiles hypervéloces, des travaux capacitaires ont été lancés pour réfléchir aux meilleurs moyens d’y faire face. Ainsi, le prochain arrêt technique majeur du porte-avions et les refontes à mi-vie des frégates de défense aérienne seront l’occasion de faire évoluer les systèmes antimissiles de ces bâtiments ainsi que la suite radar du porte-avions. L’arrivée des frégates de défense et d’intervention (FDI) permettront au GAN de bénéficier de plateformes Aster 30 extrêmement performantes. À ces moyens s’ajoutent déjà ceux du Rafale Marine équipé du missile Meteor, qui lui offre une capacité d’interception air-air accrue. Dès lors, le porte-avions, protégé par son escorte de frégates et sous-marins de nouvelle génération, restera la base aéronautique la plus sûre, grâce à sa mobilité et au périmètre important de sa bulle de déni d’accès, dont la taille sera accrue grâce aux nouvelles capacités du GAN.
Talents en équipage
Enfin, parallèlement à ces évolutions techniques, un profond travail de réflexion doctrinale et d’acquisition de compétences des marins français a été mené ces dernières années, pour préparer les conditions de l’action future du porte-avions et de son escorte. Au-delà de la modernisation des plateformes (frégates, avions, sous-marins, etc.) et des systèmes de combat (missiles, sonars, radars, etc.), ce sont aussi les équipages qui permettront d’optimiser le potentiel opérationnel du groupe aéronaval. Écosystème modulaire et agrégateur des dernières innovations technologiques, le porte-avions et son escorte permettent à la France de « porter le fer », loin, vite, fort et longtemps.
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées