En opérations, le porte-avions est accompagné d’un ensemble de bâtiments avec lesquels il forme un groupe aéronaval (GAN) constitué en Task Force. Le contre-amiral Marc Aussedat, commandant la Task Force 473, revient sur les missions et les moyens qui font du groupe aéronaval français un outil stratégique de premier plan pour la Marine comme pour ses alliés.
COLS BLEUS : Quels avantages un groupe aéronaval confère-t-il aujourd’hui ?
CONTRE-AMIRAL MARC AUSSEDAT : Dans un monde de plus en plus instable où les enjeux sécuritaires sont grands et divers, le GAN est un instrument majeur pour la défense des intérêts français et la sécurité des Européens, garant de notre liberté d’action et de notre capacité de projection au loin. Sa palette est graduée. L’annonce de son déploiement, sa composition, son positionnement, la projection de puissance et la maîtrise des espaces aéromaritimes qu’il apporte, sont autant de degrés qui font du GAN un producteur d’effets nuancés et puissants au service du chef des Armées. Pour cela, le GAN dispose de multiples capacités, complémentaires et modulables, qui en font une force différenciante et l’un des fondements de nos armées.
C. B. : De quels moyens précis dispose le GAN, faisant de lui un outil stratégique ?
CA M. A. : Ce qui caractérise le GAN, c’est tout d’abord sa capacité à contribuer simultanément à plusieurs missions, allant de la maîtrise des espaces aéromaritimes vitaux à la projection de puissance et à la dissuasion. Les unités constituant son escorte concourent aux effets visés en parant toute menace et en permettant la maîtrise des risques envers la force. Cette maîtrise s’appuie sur la connaissance et la capacité d’action vis-à-vis de ce qui se passe sous l’eau, en surface comme à terre et dans les airs. Les FREMM (frégates multi-missions), FDA (frégates de défense aérienne), BCR (bâtiments de commandement et de ravitaillement) et leurs hélicoptères, le SNA (sous-marin nucléaire d’attaque), l’ATL2 (Atlantique 2) et le groupe aérien embarqué (Rafale Marine, E2-C Hawkeye, Caïman Marine, Dauphin Pedro) constituent la force du GAN. C’est la combinaison de leurs capteurs multiples et complémentaires et de leurs moyens d’action qui confère au GAN une capacité de frappe dans la profondeur ainsi qu’une excellente connaissance et compréhension de situation, en trois dimensions, de la zone d’intérêt. En fusionnant et analysant l’ensemble des informations récoltées, la France dispose ainsi d’une capacité d’anticipation, d’appréciation autonome de situation, pour intervenir si nécessaire, lui conférant une supériorité opérationnelle certaine. Les informations recueillies sont partagées (Otan, UE, coalition…) selon le besoin.
C. B. : S’agissant des alliés, le GAN coopère-t-il régulièrement avec d’autres nations ? Lesquelles ?
CA M. A. : Le GAN est extrêmement souple, il travaille en autonomie dans une chaîne nationale, en bilatéral ou dans une coalition. Ses capacités lui permettent d’assurer le commandement d’escorteurs de plusieurs nations alliées. La mission Foch, 12e du porte-avions Charles de Gaulle qui s’est déroulée en début d’année, l’illustre. Nous avons régulièrement intégré des frégates européennes et alliées. Pas moins de 9 escorteurs étrangers auront été rassemblés autour du GAN et 18 nations partenaires auront interagi avec nous. Le point d’orgue fut le Dual Carrier Ops, entraînement de haut niveau réalisé avec le porte-avions américain USS Dwight Eisenhower et son groupe aéronaval. Il a confirmé le degré de confiance mutuelle et la capacité de nos groupes à travailler ensemble en opérations, allant jusqu’à la mise en œuvre de nos aéronefs respectifs sur le porte-avions de l’autre. Les diverses missions auxquelles participe le GAN le présentent en formidable pierre de touche de la convergence des intérêts de nos partenaires et alliés européens et de l’Alliance Atlantique dans de nombreux domaines, comme la lutte contre les trafics et Daech, et pour la sécurisation des approches maritimes et continentales européennes.
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées