Sécurité, protection et indépendance de la nation : la dissuasion nucléaire est un fondement essentiel de la stratégie de défense de la France. Dans son discours du 7 février 2020 devant les stagiaires de l’École de guerre, Emmanuel Macron, président de la République, le rappelait en ces termes : « […] notre force de dissuasion nucléaire demeure, en ultime recours, la clé de voûte de notre sécurité et la garantie de nos intérêts vitaux. Aujourd’hui comme hier, elle garantit notre indépendance, notre liberté d’appréciation, de décision et d’action. Elle interdit à l’adversaire de miser sur le succès de l’escalade, de l’intimidation ou du chantage ». Garantie ultime de la sécurité de la France, la dissuasion nucléaire contribue, en outre, par sa seule existence, à la sécurité européenne.
La FANu, volet maritime de la composante nucléaire aéroportée
Les forces nucléaires françaises reposent sur deux composantes complémentaires et indissociables : la composante océanique et la composante aéroportée. La Marine, qui assure la première via les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) et les centres de transmissions de la Force océanique stratégique (FOST), dispose également d’une Force aéronavale nucléaire (FANu). Embarquée sur le porte-avions Charles de Gaulle, la FANu agit en complément des Forces aériennes stratégiques (FAS) de l’armée de l’Air et de l’Espace avec lesquels elle constitue la composante aéroportée de la dissuasion. Atout majeur du dialogue dissuasif, elle élargit la palette de moyens dont dispose le pouvoir politique pour assurer la protection des intérêts vitaux de la France. La structure opérationnelle de la FANu n’est aujourd’hui pas permanente, son cycle de disponibilité étant actuellement calqué sur celui de l’unique porte-avions. Il n’y a donc pas de permanence de la FANu, comme c’est le cas pour les FAS, faute de permanence d’alerte du groupe aéronaval. La FANu conserve néanmoins, grâce à un processus continu de maintien des qualifications, une capacité opérationnelle permanente, en dehors des phases de changement des cœurs nucléaires du porte-avions.
Le porte-avions, base mobile de la FANu
L’action de la FANu s’articule autour d’un porteur principal : le Charles de Gaulle. Les Rafale Marine du groupe aérien embarqué (GAé) présents à son bord peuvent mettre en œuvre des missiles nucléaires ASMPA (air-sol moyenne portée amélioré). La FANu apporte à la dissuasion les atouts stratégiques du groupe aéronaval. Du fait de sa mobilité, de la possibilité qui lui est donnée d’opérer librement à partir des eaux internationales et de son escorte navale qui lui garantit une protection adéquate, le porte-avions joue un rôle clef dans la dissuasion. Son appareillage est un message fort. Souple d’emploi, le porte-avions garantit la liberté d’action du politique, en lui offrant la possibilité d’une montée en puissance discrète ou ostensible, graduelle et réversible. Il participe à la mission de dissuasion en tant que vecteur principal de la diplomatie navale déployée en soutien de la politique gouvernementale.
Les Rafale Marine au cœur du dispositif
La FANu s’inscrit dans l’action globale du groupe aéronaval, qui peut mener des raids aériens aussi bien conventionnels que nucléaires, contre des objectifs à terre ou en mer, en s’appuyant depuis 2010 sur le Rafale Marine, avion de conception omnirôle. Aucune unité ou flottille de Rafale Marine n’est dédiée à la seule mission de dissuasion. La très grande majorité des moyens matériels et humains de la FANu sont prélevés sur des réservoirs de compétence existants (personnels et matériels appartenant aux états-majors de la Force d’action navale et de la Force de l’aéronautique navale, au porte-avions Charles de Gaulle et au groupe aérien embarqué) et le maintien des compétences nécessaires à la qualification opérationnelle de la FANu s’effectue pour l’essentiel lors de missions conventionnelles. Ces dernières assoient en outre la crédibilité d’une FANu opérationnelle et déployable de manière agile. La mise en œuvre de la FANu s’appuie sur la Force d’action navale (FAN) et sur la Force de l’aéronautique navale. En tant que commandant de Force nucléaire, l’amiral commandant la FAN supervise la préparation opérationnelle et les démonstrations de capacités de la FANu. Il dirige également la planification et l’exécution des missions de dissuasion nucléaire ordonnées par le président de la République.
À retenir
La FANu est l’une des trois forces nucléaires françaises. Elle bénéficie de la souplesse d’emploi et du caractère démonstratif et réversible qu’offre le porte-avions : pression politique dès l’appareillage du port-base et durant le transit, capacité de pré-positionnement ou de redéploiement, capacité de démonstration de force graduée.
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées