Déployée dans le Grand Nord, la Frégate multi-missions (FREMM) Provence et son hélicoptère embarqué Caïman Marine ont participé aux exercices interalliés TG18.1 et Dynamic Guard 2018. Se déroulant dans des conditions éprouvantes, ces entrainements opérationnels ont permis de renforcer l’interopérabilité des unités de la Marine française avec ses partenaires dans la zone. Ils ont contribué à valoriser le haut niveau de performance du couple FREMM / Caïman Marine en matière de lutte anti sous-marine. Retour sur ces exercices.
En plein mois de février, par températures négatives, de nuit, à quelques nautiques des sommets enneigés ou en plein milieu des fjords, dans des eaux très resserrées et peu profondes, là où le trafic maritime reste dense, l’ennemi est redoutable. Un sous-marin classique (SSK) de petite taille mène une incursion dans les eaux territoriales norvégiennes. Il peut frapper d’un instant à l’autre.
Décollage au coucher du soleil pour un vol de nuit.
L’OTAN a déployé sur zone une flotte de treize frégates. La Provence est chargée de diriger la manœuvre de l’ensemble du groupe allié : la lutte anti-sous-marine nécessite une forte coordination de l’ensemble des moyens d’action.
La traque est rude et longue. Durant des heures, la frégate remorque son sonar « CAPTAS2 » dans le sillage. Il émet ce long chant caractéristique qui permet de détecter un sous-marin à de grandes distances. A la moindre alerte, le Caïman Marine décolle et met son sonar « FLASH3 » à l’eau près de la position du contact. Il joue un rôle d’allonge et d’arme déportée pour le bâtiment. Au central opérations de la Provence, grâce aux liaisons de données, on analyse également les informations transmises par le radar panoramique de l’hélicoptère. On interprète les images infrarouges rapportées par les pilotes.
Briefing aviation : plus que la technologie, le succès de la mission reste le fruit d’un travail d’équipe entre l’équipage de la FREMM et celui du Caïman.
Soudain, toutes les informations sont cohérentes. Il s’agit du sous-marin recherché. L’officier de quart opération saisit les données tactiques dans le système d’armes, le commandant ordonne le feu, la Provence tire. La torpille MU90 fonce sur le sous-marin. « Cible détruite ! »
La frégate et l’aéronef viennent de relever le défi de cet exercice : grâce à leurs codes sonar et leurs moyens de classification de dernière génération, ils ont déjoué la tactique de diversion du sous-marin qui cherchait à se confondre dans l’irrégularité du relief, en profitant des nombreux câbles sous-marins et des différences de température de ces eaux froides.
La preuve par les actes : la FREMM et le Caïman Marine sont à la pointe des moyens dont dispose la Marine pour assurer la maîtrise des espaces aéromaritimes et y défendre ses intérêts.
1 TG18.1 et Dynamic Guard 2018 : exercice norvégien annuel, organisé au profit des forces navales de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, il permet d’entraîner les futurs commandants de sous-marins norvégiens, hollandais ou britanniques. Il a impliqué cette année près de 5000 marins norvégiens, français, espagnols, polonais, allemands, canadiens et danois. Le volet dédié à la guerre électronique de ce scénario de grande ampleur s’intitule « Dynamic Guard ».
2 CAPTAS : Combined Active Passive Towed Array Sonar. Sonar actif et passif remorqué par La Provence.
3 FLASH : folding Light Acoustic System for Helicopters. Système d’éclairage acoustique embarqué sur hélicoptère.
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées