Des moyens de la Marine nationale sont engagés cette année dans la campagne «thon rouge» 2013 se déroulant jusqu’au 24 juin en mer Méditerranée. Tenants et aboutissants sur cette mission de surveillance des pêches menée annuellement par la France conjointement avec les états riverains de l’union européenne concernés.
À la demande de la direction des pêches maritimes et de l’aquaculture (DPMA) chargée d’appliquer les engagements de la France vis-à-vis des organisations de pêche, la Marine nationale a déployé des moyens de surveillance et de contrôle en haute mer pour vérifier l’application des règlements par les senneurs européens et des pays tiers autorisés et lutter contre la pêche illégale.
Le bâtiment d’expérimentation de guerre des mines (BEGM) Thétis, l’aviso Commandant Bouan ainsi qu’un Falcon 50 de la 24F ont ainsi été mobilisés cette année par la Marine nationale. Les bâtiments ont été répartis en fonction des zones de pêches des senneurs sous pavillon français. La Thétis patrouille en Méditerranée occidentale afin de mener les opérations de surveillance et de contrôle sur les thoniers-senneurs qui pêchent pour les fermes des Baléares. Le Commandant Bouan patrouille, quant à lui, en Méditerranée centrale afin de surveiller et de contrôler les thoniers-senneurs pêchant pour les fermes maltaises et grecques.
À bord de chacun de ces bâtiments déployés, sont embarqués des inspecteurs communautaires spécialement habilités par la Commission Internationale de la Conservation des Thonidés de l’Atlantique (CICTA) : des français de la Marine nationale ou des Affaires maritimes ainsi que des inspecteurs étrangers (espagnol, italien et portugais). Tous ces inspecteurs sont chargés d’assurer le contrôle effectif du poids de poissons capturés. Le thon est, en effet, capturé vivant et transféré dans des cages avant d’être remorqué vers des fermes espagnoles, maltaises, tunisiennes et grecques où il sera engraissé pendant quelques mois.
Quant aux autres États côtiers membres de l’union européenne (UE) présents durant la campagne «thon rouge», il s’agit des nations suivantes: Chypre avec 2 patrouilleurs et 1 moyen aérien, l’Espagne avec 1 patrouilleur et 1 hélicoptère, l’Italie avec 3 vedettes et 1 moyen aérien, Malte avec 1 patrouilleur et 1 moyen aéronaval.
Si la totalité des thons est surveillée à terre, les quotas doivent être contrôlés en «temps réel» grâce aux déclarations de pêche des thoniers, ce qui suppose, pour éviter les fraudes, des inspections en haute mer.
Depuis le début de la campagne, près de 40 inspections ont été effectuées en Méditerranée occidentale, centrale et orientale. Pour l’instant, 5 infractions ont été constatées.
LE THON ROUGE, UNE ESPÈCE MENACÉE ET PROTEGÉE Le thon rouge, dont la surpêche menace sa survie, est classé sur la liste des espèces menacées de l'Union internationale de conservation de la nature (UICN). Face à sa surexploitation en Atlantique Est et mer Méditerranée depuis les années 1990 et afin , la Commission Internationale de la Conservation des Thonidés de l’Atlantique (CICTA), qui a vu le jour en 1969, impose désormais le respect strict de quotas aux parties contractantes regroupant 48 pays. La CICTA impose une période, pour la pêche à la senne, allant du 26 mai au 24 juin 2013. L’Union européenne, en tant que partie contractante, quant à elle, fait appliquer ces quotas en les intégrant dans le droit européen. Ces dispositions concernent la période de fermeture de la pêche, la taille des flottes de pêche et les mesures de contrôle. Dans ce contexte, l’Agence Européenne de Contrôle des Pêches (AECP) - créée en 2005 à Vigo (Espagne) - organise la coopération opérationnelle entre les États membres de l’UE en matière d’inspection et de contrôle. L’AECP orchestre également le plan de contrôle « thon rouge » élaboré avec les 9 États membres engagés dans la campagne, grâce notamment à une surveillance active des données sur la pêche. L’AECP a aussi accès aux données VMS (système de transmission des positions des navires de pêche par satellite) en provenance de 12 pays non membres de l’UE, parties contractantes de la CICTA afin de mener des opérations de contrôle les plus performantes possibles. Le thon rouge pêché, engraissé, puis abattu, fait aussi l’objet d’une totale traçabilité. Quant aux moyens de contrôle et de mesure, parfois sophistiqués (comme la caméra stéréoscopique qui permet d’évaluer précisément le poids des captures vivantes), ils sont dorénavant relativement dissuasifs pour les pêcheurs. Ils donnent également de la crédibilité aux contrôles. |
QUOTAS ET RÉGLEMENTATIONS Le plan de reconstitution de la Commission Internationale de la Conservation des Thonidés de l’Atlantique (CICTA) a fixé pour l’année 2013, le total admissible des captures (TAC) en thon rouge à 13 400 tonnes pour les zones Atlantique-Est et Méditerranée, dont 7 548 tonnes pour les pays de l’Union Européenne. Les senneurs français, qui constituent cette année une flottille de 17 navires, soit un doublement par rapport à 2012, disposent d’un quota de capture de 1 945 tonnes en Méditerranée. La France n’avait été autorisée à pêcher que 958 tonnes en 2012 en raison d’une pénalité sanctionnant une surpêche les années précédentes. La réglementation communautaire précise que la taille de la flottille de pêche d’un État membre dimensionne le nombre de navires de police fournis par ce même État membre, afin d’assurer les contrôles pendant la campagne. |
Sources : © Marine nationale
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