L'Armée de l'air est amenée à assurer quotidiennement, à partir du territoire national, deux postures permanentes : celle de la sûreté aérienne et celle de la dissuasion nucléaire. Elle participe également, tout au long de l'année, aux missions de service public.
Située à la croisée des routes aériennes reliant le continent nord-américain, l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie mineure, la France est l’un des pays les plus survolés au monde : environ 12 000 appareils chaque jour (plus de 1 400 aux heures de pointe).
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, de lourdes mesures de contrôle ont été mises en œuvre par les compagnies aériennes et les responsables de la sécurité des aéroports. Ces mesures ont été complétées par un dispositif de sûreté aérienne militaire, sous la conduite de l'Armée de l'air, pour réagir à tout événement se déroulant en vol. L'objectif est de faire respecter la souveraineté nationale dans l'espace aérien français et d'assurer la défense du territoire contre toute menace aérienne (avions militaires étrangers, détournements, actes terroristes, défaillance technique, aéronefs civils en détresse ou infraction, etc.).
L’Armée de l’air est ainsi responsable en toutes circonstances de la défense aérienne au-dessus du territoire national. Cette mission de défense du territoire, appelée posture permanente de sûreté aérienne (ou « police du ciel ») est permanente et prioritaire. Elle comporte trois volets : détecter, identifier et intervenir si une situation anormale se présentait dans le ciel national.
Le volet « détection » consiste pour l’Armée de l’air à connaître 24 heures sur 24 la situation aérienne au-dessus du territoire national pour déceler et évaluer la menace aérienne. Chaque appareil en vol, une fois détecté, doit être identifié : type d’appareil, nationalité, privé ou étatique, propriétaire, provenance, destination, etc. . Si l’identité d’un appareil ou son plan de vol sont inconnus, ou encore si son comportement en vol est non conforme aux règles de circulation aérienne, il est repéré immédiatement au milieu du flot général dans l'espace aérien français. De ce travail de veille active et de renseignement dépend l’évaluation du niveau de menace déterminé pour chaque aéronef détecté, résumé par une classification standardisée (de « ami » à « hostile ») et donc la nature des actions à mener.
Le Premier ministre délègue la direction générale des opérations aériennes au commandant de la Défense aérienne et des opérations aériennes (COMDAOA). Dans cette tâche, ce dernier est assisté par un nombre restreint d'officiers supérieurs et généraux, qui occupent la fonction de Haute autorité de défense aérienne (HADA) et assurent, au besoin, le lien direct avec le Premier Ministre. Cette chaîne de commandement et d’engagement courte met en œuvre un dispositif d’intervention évolutif en fonction de la situation.
Ainsi tout comportement anormal peut donner lieu, sur ordre de la HADA, à une intervention des moyens de l’Armée de l’air placés en alerte. Des interventions sont possibles sur l'ensemble des aéronefs utilisant l'espace aérien français, toutes les mesures actives de sûreté aérienne (MASA) leur étant applicables.
Faisant appel à des moyens complémentaires (intercepteurs ou armement sol-air), ces mesures permettent de rechercher l'identité d'un aéronef, d'observer son comportement, de lui porter assistance ou de lui faire appliquer une obligation, une restriction ou une interdiction, de l'avertir (tir de semonce), voire de le détruire, sur ordre du Premier ministre, si l’aéronef est classifié « hostile ».
La surveillance du ciel ainsi que la capacité d'intervention s'appuient sur l'activation permanente d'un dispositif qui mobilise, sous l'autorité du centre national des opérations aériennes (CNOA) : trois centres de détection et de contrôle (CDC) (s’appuyant sur un maillage de près de 70 radars civils et militaires), des avions de chasse implantés sur différentes bases aériennes, une capacité de ravitaillement en vol, un système de détection aéroporté E-3F « Awacs », des hélicoptères spécialisés disposant de tireurs embarqués, éventuellement des moyens de défense sol-air ainsi qu'en permanence, pilotes, mécaniciens, contrôleurs aériens, mécaniciens, techniciens radio-radar, etc. soit près de 400 personnes au quotidien, hors dispositif particulier.
L’Armée de l’air peut également créer des « bulles de protection » ponctuelles pour assurer la protection d’événements particuliers (14 Juillet, événements sportifs comme la coupe du monde de football, rassemblement de chefs d’Etat, etc.).
La dissuasion constitue la pierre angulaire du concept de défense de la France. Elle vise à décourager toute velléité d’agression contre la France ou ses intérêts stratégiques en laissant entrevoir, à tout adversaire potentiel, les risques inacceptables, pour lui, d’une riposte nucléaire. À ce titre, les Forces aériennes stratégiques (FAS) mettent en œuvre, au sein de l’Armée de l’air, la composante nucléaire aéroportée permanente, constituée des avions Rafale B associés au missile ASMP-A. Ces avions sont soutenus par des Boeing C-135 FR, qui seront progressivement remplacés par des avions de type A330 Multi Role Transport Tanker (MRTT) « Phénix ».
L’activité liée à l’entraînement régulier des équipages des FAS est observable par d’autres nations par satellites. Le reste du Monde peut ainsi percevoir leurs faits et gestes, comme un témoignage de l’aptitude française à assurer, en tout temps, la mission nucléaire.
L'Armée de l'air assure régulièrement des missions de service public afin de venir en aide à des personnes en difficulté ou en danger, lors de catastrophes naturelles par exemple ou lors d'évacuations sanitaires. L'armée de l'air vient en renfort lors de la mise en place de dispositif de sécurité ou de prévention dont voici quelques exemples.
Conçu en 1978, le plan Vigipirate est un dispositif gouvernemental de défense, de vigilance et de prévention contre les actions terroristes.
Les armées y assurent une mission de surveillance aux côtés de la police nationale et de la gendarmerie.
Le plan Vigipirate comporte trois niveaux d'alerte :
Des mesures permanentes et/ou opérationnelles découlent de chacun de ces niveaux.
Cette campagne a été conçue pour faire face à une aggravation des risques de feux de forêts sur le pourtour méditerranéen. Des moyens militaires sont mis à la disposition de la direction de la défense et de la sécurité civile ainsi que du préfet de la zone de défense-sud. Il s'agit de repérer au plus vite le moindre départ de feu pour en éviter la propagation.
Dans le dispositif, les aviateurs sont mobilisés et se tiennent prêts à intervenir. L'Armée de l'air déploie des moyens militaires, essentiellement depuis la base aérienne de Solenzara, pendant la durée de la campagne Héphaïstos.
Ces moyens se traduisent par la mise en place d’un module adapté de surveillance (MAS). Ce MAS est composé d'une quinzaine de militaires et de sept véhicules d'intervention tout terrain, équipés de radio, de moyens d'observation et de transmission.
Aux patrouilles au sol, s'ajoute l'ensemble du personnel navigant sensibilisé à la prévention des incendies et des pollutions maritimes. En vol, ils veillent particulièrement à tout départ de feu éventuel. Par ailleurs, une équipe d'experts de l'armée de l'air peut être mobilisée à la demande de l’Etat-major interarmées de zone de défense sud (EMIAZDS) pour appuyer le personnel de la sécurité civile qui gère le flux aérien des appareils de lutte contre les incendies : cette cellule est alors intégrée aux moyens de la sécurité civile au niveau de l’EMIAZDS.
L'engagement opérationnel de l'Armée de l'air ne se résume pas à la mission de sûreté aérienne. Elle assure, notamment, sous tutelle du ministère chargé des transports, la direction générale des opérations de recherche et de sauvetage des aéronefs en détresse.
Cette mission s'exerce au profit de tous les usagers de l'espace aérien, quelles que soient leur origine et affiliation, privées et étatiques. Ce sont les mêmes personnes et moyens, renforcés d'unités terre, marine ou de la sécurité civile qui effectuent cette mission de protection au profit des citoyens.
Basé à Lyon Mont Verdun, le centre de coordination et de sauvetage (CCS) assure la recherche et le sauvetage (SAR - search and rescue) des aéronefs et veille en permanence aux fréquences de détresse. Il assiste également les aéronefs civils et militaires (français et étrangers) qui se trouvent en difficulté. Sous les ordres de la haute autorité de défense aérienne, le CCS coordonne les actions de recherche et de secours aux victimes d'accidents aériens. Pour y parvenir, le centre dispose de moyens (personnel et aéronefs) qui sont mis en alerte 24h/24. Les recherches se déroulent en coordination avec les nombreux organismes étatiques.
La déclaration du sommet de l'Otan de Prague, approuvée le 21 novembre 2002, entérine la mise en oeuvre de cinq initiatives de défense contre les armes nucléaires, biologiques et chimiques afin de renforcer les capacités de défense de l'Alliance contre les armes de destruction massive.
Ce sommet a vu la création d'un bataillon composé de militaires de plusieurs pays, en alerte pendant une période de six mois, dans le cadre de la force de réaction de l'Otan (NRF). Le personnel désigné pour constituer le bataillon reste basé dans son pays d'origine et se réunit pour l'entraînement et le déploiement.
L'armée de l'air, met à disposition du bataillon son équipe d'intervention NRBC rattachée au commandement des forces de sécurité et de protection.
La mission principale de cette unité « air » consiste, d'une part, à protéger les forces et, d'autre part, à chercher des preuves et à prélever des échantillons lors d'une agression NRBC.
Stationnée sur la base de Cazaux, la section d'intervention NRBC compte des experts qui bénéficient d'une formation de pointe dans le domaine nucléaire et biologique.
Depuis 2005, la France a développé un protocole de travail avec la Belgique. Cet accord prévoit un échange de leur expertise chimique contre celle détenue par la France dans le domaine radiologique.
Autonomes d'un point de vue opérationnel, les membres de la section intervention mesurent leur capacité sur le terrain lors d'exercices otaniens.
La mise en service opérationnel du système d'alerte biologique de théâtre (SABT) de l'armée de l'air a été officiellement annoncée par le chef d'état-major des armées, le 8 janvier 2010. Conçu en exemplaire unique, le SABT représente la première capacité de détection biologique des forces armées, qui bénéficient ainsi d'une détection NRBC et d'une analyse biologique préliminaire sur le terrain. Le centre de formation des techniciens de la sécurité, sur la base aérienne de Cazaux, en assure la mise en œuvre au profit des autres armées lors d'un déploiement pour une opération extérieure ou une mission intérieure. Il assure également la formation et la qualification du personnel destiné à armer le SABT. La capacité SABT place la France dans le peloton de tête des grandes nations en matière de NRBC.
Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
Droits : Ministère de la Défense