Le colonel Fabrice Beaugrand, actuellement commandant de la base aérienne 190 située sur l’aéroport international de Faa’a à Tahiti, revient sur la fermeture de la base polynésienne, à l’été 2012.
Mon colonel, en 2012, quel sera le calendrier de fermeture de la base aérienne 190 ?
En effet, à l’été 2012, le site de Faa’a deviendra peu ou prou une base aéronavale, avec pas moins de huit aéronefs de l’aéronautique navale. Cependant, il restera un petit détachement « air » d’une
quarantaine de personnes qui seront en charge de mettre en œuvre les deux avions de transport Casa qui resteront sur le site. Ces deux aéronefs travaillent au profit du COMSUP(1) de Polynésie française pour des missions logistique, de surveillance maritime, de sauvegarde générale, de service public ainsi que des EVASAN(2) au profit des populations vivant sur les atolls polynésiens disséminés sur un territoire grand comme l’Europe. Nous pouvons même parler d’EVASAN de l’extrême, que seuls les pilotes de l’armée de l’air sont capables de réaliser, avec des posers de nuit sur des pistes qui ne sont pas équipées de balisages lumineux. La mission du détachement « air » consistera dans le soutien spécifique de l’ETOM(3) notamment la mise en œuvre de l’escale aérienne, le maintien de la navigabilité, la maintenance du matériel aéronautique, etc. Le site de Faa’a va être profondément changé puisque désormais il abritera un grand site aéromaritime.
Dès l’été 2011, le tuilage avec la marine va se mettre en place. Quels moyens l’armée de l’air va-t-elle perdre à Tahiti ?
Dès l’été 2011, nos équipages réaliseront un échange d’expérience avec les équipages de la marine. Ils prendront ensuite la mission dévolue aux hélicoptères à notre place. À l’automne 2011, nous aurons perdu un Super Puma qui rentrera en métropole et qui sera remplacé par un Dauphin de la marine, puis nous perdrons également le Fennec en juin qui sera remplacé par un deuxième Dauphin. Toutes les forces armées en Polynésie française se transforment. Au total, nous allons perdre 50 % de nos effectifs. Nous allons donc passer de 2000 personnes à 1 000 personnes. La population locale est inquiète de cette transformation mais comprend qu’elle s’inscrit dans une logique d’économie indispensable à la France aujourd’hui. D’autre part, cette transformation n’a pas eu d’impact sur les capacités aériennes des forces aériennes en Polynésie française.
En tant que commandant de la base aérienne, comment avez-vous préparé cette dissolution ?
Le plus important était d’avoir un bon plan de ressources humaines. Nous avons déjà planifié la manœuvre des ressources humaines depuis deux ans. Nous avons dû gérer également la manœuvre logistique. Comme nous conservons un détachement « air », nous allons garder du matériel technique pour la mise en œuvre des avions de l’ETOM. Le matériel commun sera transféré à la Base de Défense, ramené en métropole ou bien réformé sur place.
Vous avez donc arrêté de recruter des Polynésiens ?
Le recrutement s’est arrêté dès 2008, à l’annonce du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale. Les MTA (militaires techniciens de l’air) polynésiens, recrutés localement, sont des militaires remarquables. Ils ont tous une place dans la nouvelle organisation. Certains d’entre eux, environ 10 %, ont réussi le concours dans le corps des sous-officiers. Un secrétaire a même changé de spécialité. Il est maintenant fusilier commando, affecté au CPA n° 20. C’est une réelle fierté pour la base.
Propos recueillis par le lieutenant Charline Redin
(1) COMSUP : Commandant supérieur
(2) EVASAN : Évacuation sanitaire
(3) ETOM : Escadron de transport outre-mer
Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
Droits : Armée de l'Air et de l'Espace