Lundi 16 juillet 2012, la base aérienne 943 de Nice, spécialisée dans la défense aérienne, a été officiellement dissoute après une cérémonie riche en émotions. Cette journée marque également la fin d’une série de fermetures de bases aériennes métropolitaines débutée en novembre 2009.
C’est avec beaucoup de fierté que le colonel Jean-Paul Mochin, commandant de la base aérienne de Nice, a plié le drapeau de la base azuréenne pour le remettre au général Jean-Paul Paloméros, chef d’état-major de l’armée de l’air. À cette occasion, trois Mirage 2000 de la base d’Orange ont survolé le site qui fermera ce soir définitivement ses portes.
La cérémonie qui s’est déroulée en fin de matinée sur la base aérienne de Roquebrune aura été forte en émotions. «Nous fermons la base de Nice le 16 juillet 2012, quasiment 50 ans après son implantation sur le site, explique le colonel Mochin. Nous avons rendu hommage aux communes de Menton et de Nice en défilant pour la dernière fois à l’occasion de la fête nationale. Nous avons une base qui ferme mais qui a le moral » insiste l’officier. À compter du 1erseptembre 2012, seul le site de Mont-Agel sera conservé. Ce dernier deviendra un élément air rattaché de la base aérienne 125 d’Istres. Il sera équipé de nouveaux radars plus efficaces et plus précis, qui remplaceront ceux actuellement en place depuis plus de quarante ans.
Le général Paloméros a souhaité mettre à l’honneur les aviateurs qui «depuis 50 ans, quelles que soient leurs spécialités permettent au Mont-Agel d’être cette «sentinelle du ciel» qui veille sur le quart sud-est de notre territoire ainsi que sur ses approches méditerranéennes». Et d’ajouter : «C’est tout un paradoxe que nous vivons aujourd’hui : la base aérienne 943 ferme mais c’est pour que le site du Mont-Agel, équipé de nouveaux moyens, demeure ce guetteur si efficace qu’il n’a cessé depuis un demi siècle».
Étaient présents à cette cérémonie M. Auber, dont l’oncle est le parrain de la base niçoise, mais aussi les neuf aviateurs qui ont successivement commandé la BA 943. Le premier commandant de la base, le colonel Humbert, aujourd’hui âgé de 92 ans était dans les rangs.
Lorsque le colonel Mochin a pris le commandement de la base aérienne en juin 2010, «je savais que j’accompagnerai les aviateurs vers la fermeture de la BA 943. J’ai été pendant une importante partie de ma carrière un pilote de chasse, un technicien en somme. Au cours de ces deux années de commandement, j’ai vécu une expérience humaine différente de ce que je connaissais déjà. Ces deux années furent pour moi très riches ».
Pour fermer une base aérienne, il convient de procéder avec beaucoup de méthode : «Lorsque qu’un site disparaît, on enlève des hommes.Cependant il faut continuer les missions opérationnelles jusqu’au dernier jour. Nous avons réussi ce challenge, c’est une des qualités de l’armée de l’air». La fermeture de la base niçoise ne devait en aucun cas entraîner une baisse de la capacité de détection dans le sud-est de l’hexagone. C’est pourquoi le centre de détection de Lyon, grâce au système de commandement et de conduite des opérations aériennes (SCCOA), a été en mesure de récupérer les informations provenant des radars situés à Nice. Ainsi après le mariage du Prince de Monaco en juillet 2011 et le sommet du G20 en novembre 2011, l’activité du centre de détection et de contrôle de Nice a diminué afin qu’il puisse se consacrer à sa fermeture.
Parmi les 350 aviateurs de la base 943, beaucoup ont été mutés vers d’autres unités de l’armée de l’air. «Je peux affirmer avec beaucoup de fierté que nous avons pu donner une solution à chacun. Au total, 270 personnes dont 24 civils de la Défense ont ainsi pu être mutés selon leurs spécialités et leurs préférences et un peu moins de cent aviateurs resteront sur le site de Mont-Agel, tient à préciser le colonel Mochin. La gestion de personnel est une pédagogie de chaque instant. Les grands chefs de l’armée de l’air nous ont donné les moyens de bien travailler».
Quatre ans après l’annonce des réformes, en application de la révision générale des politiques publiques et du livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, l’armée de l’air est à l’heure sur l’objectif, «puisque nous aurons cet été fermé les douze bases aériennes concernées et diminué nos effectifs militaires de 8000 aviateurs, annonce le général Paloméros. C’est assurément avec tristesse que nous voyons disparaître certaines de nos implantations auxquelles nous étions tant attachés, mais c’est aussi une légitime satisfaction du devoir accompli qui doit nous habiter aujourd’hui».
Un organe liquidateur d’une vingtaine d’aviateurs restera sur le site même si les portes seront désormais fermées. Le colonel Mochin, quant à lui, quitte la Côte d’Azur et s’envole direction Bruxelles où il occupera dès la rentrée un poste d’expert en matière de défense aérienne au sein de l’Otan.
Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
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