Montée en puissance de la base aérienne de Rochambeau

Mon colonel, en qualité de commandant de la base aérienne et adjoint « air » du commandant supérieur des forces armées de Guyane, quel bilan dressez-vous des actions menées pour façonner le nouveau visage de la base aérienne ?

 La montée en puissance de la base aérienne se déroule en deux temps. La première étape a lieu dès cet été, avec une augmentation des tableaux d’effectifs. Ce personnel supplémentaire répond tout d’abord à la future mise en place d’un nouveau radar. L’augmentation de l’effectif répond aussi à la mise à niveau de toute la structure de soutien spécialisé, la création d’une direction des vols et la montée en puissance des services comme la navigabilité. Les travaux d’élargissement de la base ont commencé. Nous avons construit un nouveau bâtiment de logement pour les cadres, le bâtiment des opérations du futur escadron et nous avons élargi le parking avion. Plus tard, nous érigerons un hangar pour accueillir le Casa. Tous les travaux auront commencé avant la fin de l’année 2011 et l’arrivée du reste du personnel se fera avant fin 2012. Pendant une période transitoire, nous transformerons le hangar actuel de maintenance des Puma pour accueillir les Casa. Les hélicoptères seront transférés dans un hangar de type « opération extérieure ». Les hangars d’avions de chasse actuels vont évoluer pour assurer l’accueil du Rafale.

 Quelles sont les missions principales de la base aérienne guyanaise ?

 La mission prioritaire de la base aérienne est la protection aérienne du centre spatial guyanais, en particulier pendant les phases de lancement de fusée. À ce titre, je suis la haute autorité de défense aérienne (HADA) nommée par le commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA). La HADA en Guyane est en liaison directe avec les services du Premier ministre pour occuper les mêmes fonctions qu’en métropole. Sur ces deux dernières années, il y a eu plus de 35 dispositifs particuliers de sûreté aérienne (DPSA) pour quinze lancements. La mission secondaire est l’aéromobilité des forces armées en Guyane pour appuyer l’opération Harpie de lutte contre l’orpaillage clandestin. Cette dernière occasionne le plus grand nombre d’heures de vol et la plus importante activité aérienne. Cela se vérifie pour tous nos moyens : les hélicoptères Fennec et Puma, l’avion Twin-Otter. Le Casa de la Martinique, quant à lui, se limite aux terrains en dur pendant la saison des pluies. Pour aller dans les zones d’intervention prioritaires, qui sont les zones du parc amazonien de la Guyane, il n’y a aucune route carrossable. Les seuls moyens d’y accéder restent la pirogue ou la voie aérienne. Par exemple, pour aller de Saint-Laurent à Maripassoula, il y a trois jours de pirogue pour remonter le fleuve, alors qu’une heure suffit en Puma. Pour l’avitaillement des hélicoptères, la base aérienne possède également sept soutes à carburant réparties sur l’ensemble du territoire. L’armée de l’air est le seul organisme à pouvoir rallier n’importe quel point de la Guyane.

 
Qu’en est-il des missions de service public ?

 Ici en Guyane, deux missions de service public sont remplies. La principale, c’est le soutien au service d’aide médicale d’urgence pour les évacuations sanitaires lorsque d’autres moyens, comme ceux de la sécurité civile, ne peuvent pas intervenir ou ne sont pas disponibles. C’est-à-dire en conditions difficiles en pleine forêt ou encore de nuit. La seconde résulte d’un accord signé, en 2010, avec la Poste pour soutenir la distribution du courrier dans des villages isolés sur l’ensemble du territoire. Cela représente peu de charge, mais pour la population, c’est un gain énorme. Une lettre qui mettait plus d’une semaine pour arriver en métropole peut y parvenir en 48 heures !

 
2011 est placée sous le signe de l’année des outre-mer en France. Quelles sont les manifestations prévues en Guyane pour célébrer l’événement ?

 Pour célébrer l’année des outre-mer en France, la manifestation la plus visible sera la présence de la base aérienne de Rochambeau à Paris. La base défilera avec son drapeau, sa garde et son commandant de base. Le personnel participant au défilé sera celui qui a déjà eu une affectation sur la base.

Propos recueillis par l’adjudant Jean-Laurent Nijean.