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Interview : le CEMAAE revient sur l’exercice « Atlantic Trident »

Mise à jour  : 06/07/2021 - Auteur : Armée de lair et de lespace - Direction : Armée de l'Air et de l'Espace

Coopération avec nos alliés britanniques et américains, l’exercice « Atlantic Trident » est organisé en France pour la toute première fois. Le général Philippe Lavigne, chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace (CEMAAE), revient sur cet événement de grande ampleur. 

       

Mon général, l'exercice « Atlantic Trident » est organisé pour la première fois en France et en Europe, quels sont les objectifs ? 

Notre coopération avec nos alliés américains et britanniques répond à la fois à une volonté commune et à un impératif opérationnel : en effet, en tant que membres du Conseil de sécurité des Nations unies, nos trois pays doivent pouvoir agir rapidement loin de leurs frontières, partout où la sécurité internationale l’exige. Nos armées ont donc le devoir de préserver leur capacité à remplir ces missions exigeantes, et pour nos armées de l’air, cela signifie qu’elles doivent être prêtes à la fois individuellement (ce qui suppose des moyens techniques, des capacités de commandement et un niveau d’entraînement adéquats) mais aussi collectivement, avec nos partenaires.

L’initiative de coopération stratégique avec nos alliés américains et britanniques (TSSG/TSI), qui date de 2011, entre dans ce cadre et se structure autour de trois axes d’effort : la confiance mutuelle, l’interopérabilité et la promotion de la puissance aérienne (air advocacy).

Il apparaissait ainsi essentiel de développer notre interopérabilité en matière aérienne pour les missions de haut du spectre, et l’exercice « Atlantic Trident » consiste à confronter nos meilleures capacités à des scénarios de haute intensité. 

       

La France, les États-Unis et le Royaume-Uni s’entraînent ensemble pour faire face à quels défis ? Quels sont les enjeux de cette collaboration ? 

D’abord, je veux rappeler que l’air et l’espace sont des milieux stratégiques, car la conquête de la supériorité aérienne comme la maîtrise de l’espace sont garants de la liberté d’action de l’État, et les préalables indispensables à toutes les opérations militaires. Cette supériorité, dont ont bénéficié les pays occidentaux ces 30 dernières années, est aujourd’hui contestée technologiquement et politiquement. En effet, nous pouvons observer la désinhibition de l’usage de la force, le développement des démonstrations de puissance et du déni d’accès, l’usage exponentiel des drones, ou encore la multiplication des actes de terrorisme.

Face à ce constat, l’armée de l’Air et de l’Espace, à travers les capacités qu’elle met en œuvre mais aussi de ses partenariats stratégiques, doit permettre à la France de conserver, partout où ses intérêts l’exigent, sa liberté d’action, y compris dans le cadre de la résurgence de conflits de haute intensité, qui impliqueront une attrition de notre potentiel de combat.

Dans ce cadre, l’exercice « Atlantic Trident », organisé avec nos alliés américains et britanniques, prépare nos forces à entrer en premier, ensemble et dès le premier jour des opérations, dans un espace aérien contesté, pour porter un message stratégique fort face à un adversaire commun. 

          

Le premier exercice « Atlantic Trident » date de 2015 aux États-Unis. Depuis, avez-vous constaté des évolutions depuis cette première édition ? 

L’interopérabilité et la confiance mutuelle, qui sont impératives dans les opérations que nous menons conjointement avec nos alliés, ne doivent pas être considérées comme des acquis : elles nécessitent au contraire un travail constant pour adapter nos matériels et nos procédures.

Nous avons pu en faire l’expérience lors des opérations récentes, et en particulier la mission Hamilton en 2018, qui a largement bénéficié des leçons que nous avions pu tirer des deux premières éditions d’ « Atlantic Trident ».

Ainsi, nous avons constaté une vraie évolution depuis 2015, et la toute première mission réalisée cette année a marqué les esprits, en démontrant une aptitude à agir tactiquement de façon très coordonnée et efficace, dès le premier jour d’un engagement. C’est une grande satisfaction. La capacité à préparer des missions dans des environnements NATO SECRET est également une évolution notable depuis 2015 grâce à de meilleurs outils.

Enfin, cet exercice, qui met en œuvre les meilleurs matériels et les tactiques les plus abouties de nos trois pays, est particulièrement exigeant pour nos aviateurs, et joue un rôle majeur dans la construction de ces deux briques (interopérabilité et confiance mutuelle) qui sont indispensables à notre action commune.

    

À titre personnel, quelle est votre histoire et quels liens avez-vous avec l’exercice « Atlantic Trident » ? Pouvez-vous notamment évoquer vos relations avec vos homologues ? 

Lors de la première édition de l’exercice en 2015 (qui ne s’appelait pas encore « Atlantic Trident » mais « Trilateral Exercice Initiative »- TEI), je commandais la Brigade de l’aviation de chasse. Dans ce cadre, j’étais chargé de la direction de l’exercice pour ce qui concerne le détachement français équipé de Rafale. Je peux donc attester des énormes progrès qui ont été réalisés dans la conduite des missions très exigeantes jouées par nos trois armées de l’air.

Concernant mes relations avec mes homologues, je peux dire qu’elles sont excellentes ! Notre proximité est réelle, nos enjeux très similaires, et nous partageons très régulièrement sur tous nos sujets de préoccupation communs (et ils sont nombreux, dans le domaine des opérations, ou même de la gestion de notre capital humain !). Enfin, nous poursuivons les mêmes efforts pour améliorer, encore et toujours, notre interopérabilité.

      

Quelle est la genèse de l’organisation de l’exercice en France ? Pourquoi en France et pourquoi à Mont-de-Marsan plus spécifiquement ? 

En 2017, l’exercice « Atlantic Trident » s’est tenu à Langley, aux États-Unis, comme « TEI » en 2015 ; il était convenu avec nos partenaires que toutes les activités tournent entre nos trois Nations, et valait également pour l’accueil et le montage des exercices trilatéraux. La France a donc proposé l’accueil de cette nouvelle édition, et il est prévu que la Grande-Bretagne accueille la suivante.

La BA de Mont-de-Marsan (MDM) a été naturellement choisie, d’abord parce que c’est une « base Rafale », fer de lance de notre outil de combat. Par ailleurs, MDM dispose d’une capacité d’accueil importante, et elle est située à proximité des espaces aériens dans lesquels se déroulent ces exercices de grande ampleur. Enfin, à l’instar d’autres exercices comme « Volfa », nous avons profité de la colocalisation avec l’Air Warfare Centre et le CEAM, qui œuvrent au quotidien pour améliorer notre préparation opérationnelle et notre interopérabilité avec nos alliés, afin de préparer au mieux nos forces à gagner les opérations d’aujourd’hui et de demain.

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Sources : Armée de lair et de lespace
Droits : Armée de lair et de lespace