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Entraînement - Intensifier la préparation opérationnelle

Mise à jour  : 02/02/2021 - Direction : SIRPA Marine

Dans un contexte opérationnel qui se durcit, la préparation technique et tactique au combat naval se doit d’être intensifiée. Cela passe par des exercices d’ampleur toujours plus réalistes et intégrant tous les domaines de lutte, à l’image de l’exercice Zest qui s’est déroulé en décembre en mer Méditerranée.

L’arrivée de nouveaux moyens et de nouvelles capacités oblige également la Marine à se renouveler et à adapter ses programmes d’entraînement. Le but étant de se préparer face à une intensification des menaces, parfois dans de nouveaux milieux (spatial, cyber, spectre électromagnétique, Seabed Warfare). La 4e édition de l’exercice de cyberdéfense E=MC20, qui a eu lieu en fin d’année dernière, s’inscrit dans ce cadre, en ayant pour objectif de préparer les marins susceptibles d’être confrontés à une attaque cyber dans leur environnement de travail. Quelle que soit la nature de la menace, l’objectif reste toujours le même : être prêt au combat.

Témoignages

Capitaine de frégate Nicolas, chef de la DIVENT de l’ESNA

La division entraînement (DIVENT) de l’escadrille des sous-marins nucléaires d’attaque (ESNA) a trois fonctions : l’entraînement des équipages, la définition de la doctrine et du concept d’emploi des SNA, ainsi que l’organisation du COURCO (phase de sélection des futurs commandants de sous-marins). La préparation au combat est clairement l’objectif qui guide notre action. Avec la particularité qu’un sous-marin est en opération dès qu’il est à la mer. Le fait de plonger est en soi un combat. Le processus d’entraînement est divisé en deux parties : une première à terre sur simulateurs, qui dure entre cinq et sept semaines avec une phase élémentaire qui vise à affermir les savoir-faire individuels et une phase supérieure qui va chercher des situations complexes pour amener l’équipe plus loin, et une seconde partie en mer où l’entraînement peut se dérouler sur environ trois semaines. Le but est d’avoir, en fin d’entraînement, un sous-marin capable de remplir toutes les missions avec un package complet de qualifications, même s’il y a évidemment une adaptation pour aller chercher de la performance dans certains domaines. Tout ce processus à terre puis en mer permet d’avoir des sous-marins nucléaires d’attaque prêts au combat et disponibles pour être déployés sur tous les théâtres d’opérations.

Focus

Le SNA Suffren

Les entraînements sur le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Suffren ont débuté dès 2017, dans un premier temps sur simulateurs pour entretenir le savoir-faire du futur équipage. Puis, en suivant l’avancement du chantier, en septembre 2019, la DIVENT de l’ESNA s’est assurée que l’équipage était prêt à partir en mer en toute sécurité. Résultat, les sous-mariniers possédaient déjà une expérience et une connaissance du Suffren proches de la réalité au moment de réaliser ses premiers essais en mer en avril 2020. « Certes le Suffren est un nouveau sous-marin, mais la Marine met en œuvre des sous-marins depuis plus de cent ans, explique le capitaine de frégate Nicolas. C’est un équilibre entre nouveautés et savoir-faire acquis depuis un siècle. L’ESNA est entrée dans une période de transformation pour passer d’une escadrille tout Rubis à une version tout Suffren. La DIVENT devra ainsi s’adapter sur de nouvelles compétences à entraîner : le cyber, la mise en œuvre du MdCN (missile de croisière navale) et des nageurs de combat ou encore l’exploitation d’une nouvelle chaufferie. »

Lieutenant de vaisseau Christophe, chef de la doctrine aéromaritime au CENTEX PATSIMAR

Un des rôles du centre d’expertises de patrouille, de surveillance et d’intervention maritime (CENTEX PATSIMAR) est de conseiller l’état-major organique sur le niveau d’entraînement requis. Nous avons également la charge d’évaluer les équipages, d’établir la doctrine d’emploi des aéronefs de la PATSIMAR (ATL2, Falcon 50, Gardian) et de capitaliser le retour d’expérience en opération et en exercice pour gagner en efficacité et répondre aux nouveaux défis. Dès qu’un nouvel équipage est créé, il entre en formation au centre d’entraînement et de formation de l’aéronautique navale (CEFAé) pendant trois à cinq mois. À l’issue, l’équipage est évalué par le CENTEX PATSIMAR afin d’obtenir une première qualification opérationnelle lui permettant de mener des missions en environnement tactique simple dans tous ces domaines de lutte : anti-sous-marine, antinavire, action de l’état en mer, aéroterrestre. Après quelques mois de pratique, l’équipage approfondira chaque domaine de lutte lors d’une nouvelle formation, suivie d’une évaluation. Il atteindra ainsi le plus haut niveau de qualification, ce qui lui permettra de réaliser toutes les missions de l’aéronef dans un environnement tactique complexe, jusqu’à la délivrance d’armes (missile, torpille, bombe). La quintessence de l’entraînement, c’est d’être prêt au combat avec trois mots-clés : détecter, identifier et détruire.

Lieutenant de vaisseau Richard, chef du bureau entraînement des forces spéciales mer (FS mer)

Durant leur cycle opérationnel de deux ans, les commandos d’assaut lorientais (Jaubert, de Penfentenyo, Trépel, de Montfort) passent entre les mains du bureau entraînement pendant dix semaines pour une remise en condition opérationnelle (RECO), avec différents modules : actions spéciales navales (action vers la terre), action au large dont AVF (assaut de vive force), actions spéciales terrestres, combat en milieu clos, tir… Une fois qualifié, chaque commando part à Djibouti pour un premier déploiement de quatre mois. Cette période lui permet de parfaire son entraînement et de se préparer à ses prochains déploiements opérationnels sur des théâtres comme le Sahel ou le Levant. Au cours de leur seconde année de cycle, ils sont mobilisés sur des missions de type NARCOPS ou POLPECHE avant de terminer par une période d’alerte de quatre mois où ils peuvent répondre, au claquement de doigts, à n’importe quel type d’opération. Depuis une quinzaine d’années, le panel des missions des commandos Marine s’est considérablement étoffé. Leur entraînement balaie donc de nombreux domaines, tout en approfondissant certains points en fonction de la mission à venir. Par exemple, pour un déploiement au Sahel, nous laisserons de côté l’aspect maritime pour nous concentrer sur des actions à dominante terrestre avec de la 3D (mise en place de chuteur opérationnel ou d’hélicoptère) ou du déplacement tactique motorisé en terrain désertique. À l’inverse, pour une mission POLPECHE ou NARCOPS, les savoir-faire dans le domaine du nautisme seront la base des entraînements. Par ailleurs, la FORFUSCO attache une importance particulière à la préparation physique et mentale des combattants, avec notamment l’organisation de deux séminaires par an sur le « facteur humain et l’optimisation de la performance humaine ».

Major Laurent, spécialiste des systèmes d’armes à la DIVENT de la Force d’action navale (FAN)

Pour que les unités se préparent aux opérations, la DIVENT de la Force d’action navale (FAN) impose des normes d’entretien de qualifications qui doivent leur permettre de répondre aux différents spectres d’une mission. Par exemple, au niveau des tirs, nous leur demandons de conduire des actions précises, en mode normal de fonctionnement des installations mais aussi en mode dégradé. Nous leur demandons de tirer régulièrement car cela permet de mécaniser les actions des opérateurs pour gagner en efficacité, de maîtriser les règlements et aussi de contrôler le bon fonctionnement et la fiabilité du matériel. Ce que l’on dit régulièrement aux équipages, c’est de faire les choses au plus proche de la réalité. Quand vous effectuez un tir réel, ce n’est évidemment pas la même chose qu’en mode fictif. Vous êtes confronté à une certaine pression, au bruit, à l’odeur de la poudre, parfois aux aléas techniques… Le jour où les unités seront confrontées au combat, il faudra également composer avec le stress et le risque de prendre un coup. Les exercices de maîtrise des capacités opérationnelles (MACOPEX) s’inscrivent dans cette idée, avec une mise en situation d’avaries de combat après un impact. L’équipage est contraint d’œuvrer en mode dégradé. À ce moment-là, il faut savoir ce que vous êtes capable de mettre en œuvre ou pas, et donc d’y réfléchir en amont. Ce n’est pas au moment de l’impact qu’il faut se poser cette question, et c’est à cela que servent les entraînements.

Info+

Le cycle de préparation opérationnelle pour les unités de la FAN

La périodicité du stage de mise en condition opérationnelle (MECO) est de 4 ans pour les unités de premier rang, 1 an pour les unités dont la mission principale est la formation et 3 ans pour les autres. Les unités ayant un cycle de plus d’un an suivent un stage de remise à niveau opérationnel (RANO) à mi-cycle. Pour les bâtiments à double équipage (BSAM, BSAOM, PSP) ayant une relève quadrimestrielle, un stage de quelques jours est nécessaire à chaque reprise en charge du bâtiment. Parallèlement, les échéances calendaires des MECO sont les mêmes que pour les bâtiments à un équipage. Dans le cadre d’une relève intervenant après 6 mois, un stage qualifiant est exigé.


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées