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En opérations - Répondre aux nouvelles menaces

Mise à jour  : 02/02/2021 - Direction : SIRPA Marine

Le 10 juin dernier, la frégate type La Fayette (FLF) le Courbet participe à une mission de l’Otan en mer Méditerranée, dans le cadre de l’opération Sea Guardian, et souhaite interroger un cargo suspecté de transporter des armes vers la Libye. En s’approchant du navire, la frégate française – longue de 125 mètres – et ses 150 membres d’équipage se voient menacés par des bâtiments turcs.

Quelques jours plus tard, Florence Parly, ministre des Armées, s’exprime devant le Sénat : « À trois reprises, alors que le Courbet faisait une interrogation totalement légale du navire, les frégates turques l’ont “illuminé” avec leur radar de conduite de tir. » Cet événement n’est pas un acte isolé et rappelle au grand public que la Marine fait face quotidiennement à des acteurs de plus en plus agressifs.

C’est notamment le cas dans les airs où, depuis quelques années, les habitudes ont changé. « On le ressent très clairement en opération, assure le capitaine de corvette Guillaume, second de la Flottille 12F. Personnellement, j’ai vu l’évolution des relations en Méditerranée. Actuellement, lorsque nous approchons de bâtiments turcs, par exemple, nous vivons dans les airs des choses que nous ne voyions pas auparavant ». Concrètement, cela se traduit par des « demandes d’identification, des interrogations radio ou encore des accrochages radars agressifs », là où les pilotes de Rafale pouvaient auparavant circuler et se déployer sans se justifier. « Nous avons un entraînement dur dans les domaines du combat aérien pour être prêts à faire face à toutes les éventualités et nous sommes maintenant équipés de nouveaux matériels comme le couple Rafale F3-R/METEOR, qui confère un avantage tactique face aux missiles air-air adverses », assure le pilote. Sur les mers, le risque est tout aussi présent.

Si, pendant longtemps, l’emploi de la force entre les marines étatiques était une fiction et limité à des actions de police contre les trafiquants, il est aujourd’hui une réalité. « Avec la frégate Languedoc, nous étions dernièrement déployés en océan Indien. Il y avait, bien sûr, les Européens et les Américains, habitués à patrouiller seuls dans cette zone depuis la fin de la guerre Froide, mais qui sont aujourd’hui rejoints par des unités militaires du monde entier comme des Russes, des Chinois, des Japonais, des Coréens. Dans le même temps, les armées locales sont aussi montées en puissance. Tous ces acteurs sont là pour défendre leurs intérêts, au besoin en faisant usage de la force », met en garde le capitaine de vaisseau Yves Le Goff, commandant de l’équipage A de la frégate multi-missions (FREMM) Languedoc.

Dans les zones de crise, tout peut basculer sans préavis. C’est notamment le cas dans le détroit d’Ormuz, témoin récent de nombreuses tensions. C’est ainsi que la mission européenne de surveillance maritime du détroit d’Ormuz (EMASOH) a vu le jour, afin de défendre le respect du droit de la mer. Comment se manifestent ces tensions ? « Lorsque je navigue dans Ormuz, qui est pourtant un détroit international, les forces armées iraniennes envoient plusieurs vedettes très rapides pour venir nous impressionner, nous demander de changer de route ainsi que pour nous montrer leurs armes.

C’est une menace sérieuse, car ils les ont déjà utilisées », relate le Pacha, tout juste revenu de la mission Agenor. « Dans ces cas-là, on se tient prêt à répondre. Mais notre posture n’est pas offensive, nous sommes là pour manifester notre intention d’aller dans cette zone et de revendiquer notre droit d’y naviguer, tel que le prévoit la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Nous y transitons, nous allons y revenir et nous sommes attachés à défendre cette liberté », assure-t-il. Missiles, attaques terroristes, drones suicides... Les menaces à l’encontre de la Marine évoluent et peuvent prendre plusieurs formes.

Comme en témoignent les deux épisodes survenus coup sur coup en octobre 2016, près du détroit de Bab-el-Mandeb, où les rebelles yéménites houthis, liés à l’Iran, ont attaqué un navire émirati puis tiré deux missiles en direction du destroyer américain USS Mason. Avec des bateaux de plus en plus « numériques », le champ de bataille n’est plus seulement physique et le risque cyber existe. C’est notamment le cas avec le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Suffren dans lequel l’empreinte numérique est importante. « C’est un bateau beaucoup plus automatisé, alors le poids du cyber est réel. Quand je commandais le Casabianca, s’il y avait une avarie, je pensais : électricité, hydraulique, pneumatique. Maintenant, quand je vois une avarie, je pense : électricité, hydraulique, pneumatique, automatisme. Aujourd’hui, il y a un vrai enjeu cyber », détaille le capitaine de frégate Nicolas, chef de la division entraînement à l’escadrille des sous-marins nucléaires d’attaque (ESNA).

Avant de préciser : « La spécificité d’un sous-marin, une fois à la mer, est qu’il est tout seul et que les communications ne sont pas continues. C’est à la fois une protection parce qu’on ne peut pas recevoir de virus, mais cela impose aussi plus d’autonomie pour durer à la mer en cas de découverte d’un dysfonctionnement cyber. C’est un gros sujet sur lequel nous devons monter en puissance », conclut l’entraîneur. Le SNA Suffren incarne ce que seront les bateaux numériques de demain. La maîtrise du cyber à bord est donc un imposé en matière de résilience. Vers une Marine de combat 2.0 ?


Sources : Marine nationale
Droits : Miistère des armées