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Enjeux futurs - Anticiper les menaces à venir

Mise à jour  : 02/02/2021 - Direction : SIRPA Marine

L’usage désinhibé de la force, la contestation des délimitations maritimes ou encore l’affirmation des États par la militarisation de la mer confirme que l’usage des forces armées poursuivra son évolution vers des rapports de plus en plus frontaux, là où les démonstrations de force, qui se voulaient majoritairement dissuasives, ne le sont plus.

Outre ces évolutions, les États comme les groupes armés non-étatiques se dotent de capacités de combat de haute technologie. Pour répondre aux défis que feront naître ces mutations, la Marine s’équipe, forme et anticipe ce que sera le combat naval demain.

ADAPTER ET RENOUVELER LES MOYENS

Pour le major Laurent, spécialiste des systèmes d’armes à la division entraînement de la Force d’action navale, « il faut sans cesse se renouveler pour s’adapter aux menaces futures. Faire la guerre comme dans les années 1950, c’est fini. Désormais, on est dans une guerre future, il faut même penser à après-demain ». Dans le domaine de la préparation opérationnelle, comme dans celui du renouvellement des capacités, l’objectif est de préserver la supériorité opérationnelle de la France face à des menaces qui évoluent en nombre et en niveau technologique. Le développement de missiles antinavires supersoniques à très longue portée par les compétiteurs de la France vise à contester la liberté d’action de ses forces armées dans tous les milieux et mettre ainsi à mal sa capacité à entrer en premier sur un théâtre d’opérations. Pour devancer cette menace et conserver l’initiative dans le haut du spectre, la Marine développe notamment le principe du combat collaboratif naval. Ce système vise à réduire le temps de détection et d’engagement d’une menace par la mise en commun d’une part des données brutes de chaque senseur de chaque plateforme - afin d’établir une image radar unique pour la force - et d’autre part des données des systèmes d’armes pour les faire fonctionner en symbiose. Dans le domaine offensif, pour répondre à l’accélération technologique des systèmes anti-aériens ou de systèmes agiles à courte portée, qui représentent une menace crédible face aux missiles existants, la France et le Royaume-Uni ont lancé en 2018 le programme des futurs missiles antinavires (FMAN) et futurs missiles de croisière (FMC). « Il vise à développer des technologies de rupture en matière d’allonge et de capacité de pénétration pour opérer en espaces contestés », explique le capitaine de frégate Jérôme, officier correspondant d’état-major. Une rupture qui permettra à la Marine de conserver sa supériorité en opérations.

FORMER LES CHEFS DE DEMAIN

L’école des systèmes de combat et armes navals (ESCAN) forme au niveau tactique les officiers de la Force d’action navale et de la Force océanique stratégique aux opérations aéronavales de haute intensité. Une étape qui intervient, pour la majorité d’entre eux, après les quatre premières années en unités, le plus souvent comme officiers chefs de quart. Au cours d’une année scolaire, les élèves acquièrent une connaissance pratique des systèmes de combat en service et développent leur maîtrise des procédures tactiques associées, qu’elles soient françaises ou interalliées. Pour développer leur méthode de réflexion, les élèves, après des cours théoriques, sont mis à l’épreuve en élaborant des dispositifs tactiques et en participant à des séances de wargaming. Ils y suivent des scenarios inspirés de crises vécues ou probables ; « cela peut être, par exemple, une situation dans laquelle nos territoires d’outre-mer seraient agressés ou convoités par une autre puissance », explique le capitaine de corvette Thibault, pilote de cours à l’ESCAN. Cette mise en pratique s’accompagne de séances en simulateur dans tous les domaines de lutte. Les élèves bénéficient, au sein de l’ESCO1, de simulateurs d’installation de tir pour missiles MM40B3 ou torpilles F21. « Cela leur permet d’en maîtriser le fonctionnement avant leur arrivée en unité. » Ils sont également sensibilisés à l’évolution des menaces : « nous faisons intervenir pour eux des conférenciers spécialistes dans des domaines comme la guerre électronique, les missiles supersoniques ou la donnée », des intervenants spécialistes de leur domaine et provenant d’unités variées, comme le centre de renseignement et de guerre électronique de la Marine (CRGE), le Centre interarmées des actions sur l’environnement (CIAE), le Centre d’expertise des programmes navals (CEPN) ou le Commandement de l’espace (CDE). Une partie de la scolarité est également consacrée à la formation humaine et au développement des aptitudes au commandement. Des interventions de hautes autorités de la Marine, des conférences géopolitiques, des travaux rédactionnels et des échanges dirigés permettent de nourrir la réflexion des officiers tout au long de cette année.

1 École des systèmes de combat et opérations dont l’ESCAN fait partie pour la formation des lieutenants de vaisseau.

Focus

Préparer les futurs opérateurs

L’école des systèmes de combat et opérations (ESCO) forme les opérateurs qui mettront en œuvre les systèmes des unités de surface et sous-marines, une ambition qui nécessite l’emploi d’un matériel pédagogique au plus proche de la réalité, comme des simulateurs. Dans le domaine de la lutte sous la mer (LSM), l’école s’est ainsi récemment dotée de consoles d’entraînement au filoguidage et à la conduite de torpilles F21. Au groupement d’instruction de lutte au-dessus de la surface, c’est également un simulateur qui permet de former les élèves à la mise en œuvre et à l’exploitation de la liaison de données tactiques 22, liaison qui a vocation à équiper toutes les unités de la FAN, de la FOST ainsi que les aéronefs. Outre l’évolution du matériel pédagogique, l’école adapte sa formation aux enjeux à venir : l’environnement des unités étant de plus en plus numérisé, elle contribue à la réforme de la spécialité des systèmes d’information et des télécommunications (SITEL) en adaptant notamment son enseignement pour se rapprocher des environnements des frégates multi-missions et des futures frégates de défense et d’intervention.

Info+

Le wargaming

Pour stimuler la réflexion stratégique au sein de la Marine, le concept de wargaming ou « jeux de guerre » simule une situation de conflit afin d’en tirer des enseignements stratégiques, opératifs ou tactiques. Dans la Marine, ce projet porte deux objectifs : pratiquer la guerre navale et tester des idées, des manœuvres ou des moyens capacitaires. Les différents types de scénarios intègrent une part d’aléatoire afin de surprendre les joueurs pour, par exemple, les mettre face à leur aptitude à travailler avec des capacités réduites. Ce concept permet de répondre à un besoin d’analyse prospective et d’anticipation des conflits futurs. Il place ainsi le décideur face aux conséquences de ses choix, et lui permet d’être plus à l’aise dans la prise de décision. Désigné coordinateur national de cette fonction au sein de la Marine, le centre d’études stratégiques de la Marine (CESM) a organisé son premier wargame le 30 novembre, avec pour thématique la guerre des Malouines.

E=MC : renforcer la cyberdéfense

La Marine poursuit ses efforts afin de faire évoluer sa capacité de lutte informatique défensive au regard des cybermenaces toujours plus nombreuses. Les opérations aéronavales atteignent aujourd’hui un niveau de numérisation sans précédent. Les systèmes numériques de direction de combat, les systèmes d’armes, de communication et de gestion de plateformes sont tous interconnectés et restent des espaces vulnérables lors de la conduite des opérations aéronavales. La Marine doit maintenir une posture permanente de cyberdéfense robuste axée sur la cybersurveillance et la maturité de traitement des incidents. Pour ce faire, elle s’entraîne continuellement sous pilotage de l’EMO-Marine, avec le Centre support de cyberdéfense (CSC), et de manière plus intensive avec l’ensemble des forces durant l’exercice annuel E=MC. La dernière édition a notamment vu les unités s’entraîner sur des incidents cyber d’origine interne, comme une compromission d’un système de guerre électronique sur des unités en opération.


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées