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La Marine au front contre le Covid-19

Mise à jour  : 25/11/2020 - Direction : SIRPA Marine

Forte de son expertise en lutte bactériologique et de capacités adaptées au secours des populations, la Marine a été au rendez-vous de l’effort collectif contre le coronavirus, qu’il s’agisse de sa participation à l’opération Résilience ou de l’intensification de ses missions régulières au plus proche des Français.

Résilience

« La raison d’être des militaires, c’est d’être au service de leurs concitoyens pour les protéger. » Ainsi s’adressait l’amiral Prazuck, chef d’état-major de la Marine, aux marins du porte-hélicoptères amphibie (PHA) Tonnerre le 20 mars 2020. Ce jour, l’équipage du PHA appareillait de Toulon pour aider au désengorgement d’un hôpital corse grâce au transfert de patients malades du Covid-19 vers les hôpitaux de la région marseillaise.

« Cette opération inédite a nécessité l’engagement des équipes médicales hospitalières et du bord, des marins du PHA, afin d’évacuer au plus vite des patients graves dans des conditions médicales et de biosécurité optimales », explique le médecin en chef Frédéric, chef du service de microbiologie et d’hygiène hospitalière à la Fédération des laboratoires de l’hôpital d’instruction des Armées Sainte-Anne et expert hygiène-biosécurité sur cette mission.

Moins de deux semaines plus tard, sur décision du président de la République, c’était au tour du Dixmude d’appareiller, cette fois-ci dans le cadre de l’opération Résilience. Il rejoignait les territoires ultramarins des Antilles, afin d’y apporter du fret et des moyens logistiques destinés à renforcer les capacités de gestion de crise des autorités locales. Puis le PHA s’est tenu prêt à réaliser des transferts sanitaires au profit des territoires des Antilles. À peine admis au service actif le 17 avril, le BSAOM Dumont d’Urville a lui aussi pris part à l’opération en apportant une partie du fret transporté par le Dixmude jusqu’en Guyane. Engagés en océan Indien, le PHA Mistral et la frégate Guépratte ont, eux, été détournés de la mission Jeanne d’Arc qu’ils conduisaient alors, pour établir un pont maritime entre La Réunion et Mayotte. Ils ont été rejoints dans cette tâche par le patrouilleur Malin, le bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM) Champlain et le patrouilleur polaire Astrolabe. Les territoires isolés de Saint-Pierre-et-Miquelon ont également bénéficié de cet appui de la Marine à l’action de l’État contre la propagation du coronavirus : le patrouilleur Fulmar y a déposé du fret récupéré à Halifax. Les bâtiments de la Marine ont ainsi témoigné de leur polyvalence en remplissant des missions tant logistiques que sanitaires au sein de l’opération interarmées Résilience.

Témoignages

 

Capitaine de vaisseau Arnaud Tranchant commandant du PHA Tonnerre

Sur demande du ministère de la Santé, le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Tonnerre – basé à Toulon – s’est vu confier la mission de désengorger le service réanimation de l’hôpital d’Ajaccio. En deux jours, nous avons dû adapter l’hôpital du bord et trouver le moyen d’embarquer ambulances et véhicules de secours sur notre bâtiment de combat, spécialisé dans les opérations amphibies. Il fallait agir vite en raison de l’état de santé des patients et des conditions météorologiques entre Corse et continent. Le 21 mars, le Tonnerre et ses 200 marins ont appareillé pour la Corse, avec du personnel du service de santé des Armées, de l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille, des marins-pompiers de Marseille et du 2e régiment de Dragons de l’armée de Terre. En moins de 24 h, 12 patients, dont 6 en réanimation, ont ainsi été convoyés entre Ajaccio et Marseille.

Médecin principal Nancy spécialiste en santé publique et en épidémiologie

Médecin major de la FREMM Auvergne, alors en arrêt technique à la base navale de Toulon, je me suis portée volontaire pour le poste de médecin adjoint du PHA Dixmude, projeté dans les Antilles dans le cadre de l’opération Résilience. Nous avons été particulièrement vigilants avant et juste après la montée à bord. Sur un bâtiment en mer, la distanciation physique est particulièrement difficile à maintenir. Le port du masque est le meilleur rempart contre la diffusion de maladies à transmission par gouttelettes, mais il n’est pas suffisant. Des mesures barrières ont donc été appliquées avec le plus grand soin (hygiène et désinfection) et l’activité du bâtiment a évolué pour poursuivre la mission, malgré ces nouvelles contraintes. Les entraînements de sécurité ont, par exemple, été adaptés aux circonstances (plus de formations et moins de déroulés pratique de type Securex et Macopex). Certains lieux de vie ont été fermés dès le départ, et le service de restauration a organisé les services pour diminuer l’affluence et les manipulations croisées sur les horaires de repas.

La lutte bactériologique

Particulièrement armées pour lutter contre une menace bactériologique, les unités de marins-pompiers ont été les fers de lance du secours porté à la population française. Le bataillon des marins-pompiers de Marseille (BMPM) s’est rapidement reconfiguré afin de répondre efficacement à l’augmentation des interventions auprès de malades du Covid-19. Au plus fort de la crise, il pouvait réaliser 50 à 60 interventions de ce type par jour. Les procédures de traitement, de prise en charge des victimes et de reconditionnement du matériel ont été redessinées : dans six véhicules de secours et d’assistance (VSAV), la cabine de conduite et la cellule sanitaire ont, par exemple, été étanchéifiées, limitant la contamination et facilitant la désinfection, rendue plus rapide, après chaque intervention. L’engagement du bataillon auprès de la population s’est aussi traduit par une collaboration interadministrations. En coordination avec l’Agence régionale de santé, ses ambulances de réanimation ont été mises à disposition du Samu 13 pour assurer des transports interhospitaliers, et des marins-pompiers ont participé aux campagnes de tests menées au profit des établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). En collaboration avec les sapeurs-pompiers du Var, les marins-pompiers de Toulon ont, eux, alloué quatre de leurs ambulances au transport de patients présentant des symptômes compatibles avec une infection par le coronavirus. Leur action a même dépassé les frontières de leur région, puisqu’ils ont participé au désengorgement des hôpitaux du Grand-Est. Enfin c’est notamment par des séances de sensibilisation au risque bactériologique que les marins-pompiers de Cherbourg ont mis leur expertise au service de la population. La compagnie conseille civils et militaires sur la conduite à tenir en cas de contamination d’un lieu; action qui contribue à donner à chacun des armes efficaces contre le virus.

 

Les gendarmes maritimes mobilisés

Force organique et opérationnelle de la Marine nationale, la gendarmerie maritime a participé activement à la lutte contre le Covid-19, en mer et sur terre, en métropole comme en outre-mer. Dans le cadre de ses missions de police administrative, ses militaires ont veillé à l’application des mesures prises par les autorités, du niveau gouvernemental jusqu’aux préfectures maritimes. Des patrouilles ont été déployées du littoral - pour en interdire l’accès - jusqu’au large pour conseiller, renseigner la population ou interdire les activités de plaisance, de tourisme ou de loisirs nautiques durant le confinement. Les contrôles ont été effectués avec discernement, particulièrement vis-à-vis des professionnels de la mer éprouvés sur le plan économique par la crise.

Ainsi le patrouilleur côtier de gendarmerie maritime (PCG) Aramis a-t-il mené des actions de surveillance maritime au large de Granville et alentour des îles Chausey, pour vérifier l’absence de plaisanciers et s’assurer que les pêcheurs présents sur zone l’étaient bien sur dérogation de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.

De même, sur l’Atlantique, la compagnie de gendarmerie maritime de Brest a, par exemple, assuré dès la mise en place du confinement, une présence renforcée sur l’eau entre Concarneau et Saint-Malo, comme sur le littoral, en poursuivant ses missions quotidiennes de protection des sites militaires de la zone. Chaque jour, une trentaine de gendarmes maritimes ont réalisé des opérations de prévention et de contrôle, en coopération avec la formation opérationnelle de surveillance et d’information territoriale (Fosit) dont l’appui permettait d’orienter les patrouilles.

En Méditerranée, les gendarmes maritimes aussi ont été sollicités pour veiller au bon déroulement des évacuations sanitaires rendues nécessaires par l’épidémie de Covid-19. Par exemple, ils ont assuré la sécurisation des phases d’embarquement et de débarquement des patients transportés entre la Corse et le continent par le PHA Tonnerre.

En parallèle, la section de recherches a traqué sur le Net les délinquants profitant des circonstances. Plus généralement, l’ensemble des gendarmes maritimes des bases, des unités navigantes, des brigades de surveillance du littoral ou des pelotons de surveillance maritime et portuaire (PSMP) ont mené de nombreuses actions au service de la population surtout de conseil, parfois de coercition.

Dans ce contexte pandémique, la gendarmerie maritime a conservé sa capacité à un haut niveau pour conduire ses missions de surveillance générale, de renseignement, de secours en mer, de protection des installations de défense, voire de police des pêches.

 

Extrait du Cols Bleus N°3087 - Juin 2020 - Sur le pont ! Fiers de nos marins


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées