Avec les îles de La Réunion et de Mayotte, ainsi que les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), la France est à part entière un État riverain de l’océan Indien. Cette présence fait d’elle un membre de droit de l’IONS (Indian Ocean Naval Symposium). Une place qu’elle occupe depuis 2014.
La France, une puissance stabilisatrice
Ce forum, créé en 2008 à l’initiative de l’Inde, rassemble 25 pays membres (ainsi que 8 pays observateurs) et les chefs d’état-major de leur marine autour des grands enjeux maritimes de la zone, dont principalement la sécurité maritime. L’océan Indien, de par ses ressources, ses fragilités et sa place stratégique, attise de nombreuses convoitises. Pour que cette zone demeure un espace de liberté et de souveraineté, la sécurité et la sûreté maritime doivent y être assurées par la coopération des États riverains. « Nos forces armées dans la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI) contribuent, en lien avec nos partenaires régionaux, à la sécurité et à la stabilité régionale, à la lutte contre la piraterie, l’immigration clandestine, les activités maritimes illégales... », expliquait le président de la République, Emmanuel Macron, lors de son passage à La Réunion en octobre 2019. À ce titre, plusieurs interactions entre marines de la région sont également organisées régulièrement, à l’image des exercices La Pérouse (multinational) ou Varuna avec l’Inde. L’IONS s’inscrit dans ce cadre et encourage la coopération navale dans le troisième plus grand océan du monde à travers trois groupes de travail, consacrés au partage de l’information maritime, à la sécurité maritime et à l’aide humanitaire en cas de catastrophe naturelle.
La sécurité environnementale au cœur d’IONS 2021
En 2021, la France prend la présidence de l’IONS pour deux ans, succédant à l’Iran. Lors de ce symposium, une attention particulière sera portée sur la sécurité environnementale. En septembre 2019, Florence Parly, ministre des Armées, rappelait en ces termes l’importance des problématiques écologiques et environnementales : « Rien n’empêche les Armées de se saisir du sujet qui compte aujourd’hui le plus, du sujet qui mobilise toute une génération désireuse d’agir pour préserver la planète. Et je dirais même : au contraire, tout nous y oblige. (...) Lorsque la planète se sera essoufflée, ce sont les Armées qui seront en première ligne ».
Pleinement engagée dans la protection de l’environnement, la Marine est déjà confrontée aux conséquences du réchauffement climatique : apparition de nouvelles routes maritimes, émergence de nouveaux conflits... Ce qui la conduira à devoir adapter ses missions. La France entend peser de tout son poids pour sensibiliser les autres États membres de l’IONS à ces problématiques.
Les défis qui se présentent sont nombreux. Environnementaux, d’abord, avec des phénomènes que constatent tous les jours les marins : la réduction de la biodiversité, la montée des eaux, l’évolution des courants... Géopolitique, ensuite, avec l’augmentation de la pêche illicite face à la raréfaction des ressources halieutiques ou encore l’accès à de nouvelles ressources en hydrocarbures pouvant potentiellement provoquer le retour de confrontations en mer. D’un point de vue logistique et opérationnel, la Marine, comme ses homologues des autres pays de l’océan Indien, devra aussi adapter ses bases navales face à la modification du littoral, ainsi que ses programmes navals pour tenir compte du réchauffement des mers, des modifications de la faune et de la flore marines, en particulier de la prolifération des algues, et se conformer à des normes environnementales plus strictes. À ce titre, des initiatives ont, depuis plusieurs années, été initiées par la Marine pour rendre ses bâtiments plus « propres » : logique de recyclage lors du démantèlement des navires, peintures des carènes respectueuses de l’environnement, label récompensant la gestion des déchets... Enfin, la multiplication des catastrophes naturelles augmentera, de fait, les opérationsde soutien aux populations.
Autant de problèmes de sécurité environnementale auxquels sont déjà et seront, de plus en plus, confrontés les pays riverains de l’océan Indien. L’objectif de l’IONS face à ces problématiques est clair : apporter une réponse commune.
MARSEC (Maritime Security)
Créée en 2016, la cellule ALINDIEN-MARSEC assure le suivi maritime des navires, équipages ou armateurs français naviguant dans la zone de responsabilité permanente (ZRP) d’ALINDIEN. Basée à Abou Dabi (Émirats arabes unis), la cellule MARSEC est placée sous l’égide du MICA Center (Maritime Information Cooperation Awareness Center) de Brest.
Les principales missions de MARSEC sont : entretenir la situation navale des bâtiments en coopération navale volontaire (CNV) dans la ZRP ; prendre contact avec tous les navires entrants ou sortants de la ZRP et leur diffuser les éléments d’information concernant la zone ; animer le réseau des organismes liés à la sécurité maritime.
La cellule peut également assurer le lien avec le CROSS Gris-Nez et les MRCC (Maritime Rescue Coordination Center) régionaux en cas de sauvetage. Ce fut notamment le cas, en février dernier, lorsque la frégate de type La Fayette (FLF) Guépratte a porté assistance à un voilier en détresse dans le golfe d’Aden.
IORA (Indian Ocean Rim Association)
Fin 2020, la France est devenue le 23e membre d’IORA (Association des États riverains de l’océan Indien). Ce forum régional, créé en 1997, a pour but de développer la coopération entre les États-membres notamment sur les thèmes de la sécurité maritime, la gestion durable des pêches ou encore la réduction des risques de catastrophes naturelles.
MASE (Maritime Security Programme)
Le programme MASE, financé par l’Union européenne, vise à renforcer la sécurité maritime dans la zone de l’Afrique orientale et australe et de l’océan Indien. Il comporte cinq domaines de résultats, dont deux sont placés sous la responsabilité de la Commission de l’océan Indien : le renforcement des capacités nationales et régionales de coordination en mer et la mise en place d’un réseau d’échanges et de partage d’informations maritimes. Pour répondre à ces objectifs, sept pays (Comores, Djibouti, Madagascar, Maurice, Seychelles, France, Kenya) ont signé, en 2018, les accords régionaux à l’origine de deux centres : le centre régional de coordination des opérations (CRCO), basé aux Seychelles, et le centre régional de fusion d’informations maritimes (CRFIM), basé à Madagascar.
Ce dernier a pour mission de recueillir et d’exploiter les informations en provenance de multiples sources afin d’établir la situation maritime sur une zone allant du cap de Bonne-Espérance au détroit d’Ormuz. Il diffuse ensuite ses alertes via le Maritime Awareness System (MAS), système de connaissance de la situation maritime axé sur l’échange d’informations et la coordination des actions conjointes en mer.
Le CRCO est ensuite chargé d’assurer la coordination des opérations en s’appuyant sur les centres opérationnels nationaux, le contrôle opérationnel restant au niveau national. Après une période de montée en puissance marquée par de nombreux exercices sur l’ensemble du spectre des menaces, le CRCO, avec l’appui du CRFIM, a conduit, fin 2020, sa première opération avec une participation du BSAOM Champlain.
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées