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Déploiements - Une présence militaire affirmée

Mise à jour  : 12/05/2021 - Direction : SIRPA Marine

« Votre défense commence au large ».

Plus qu’une devise, c’est une réalité. Ces dernières semaines ont vu la Marine intercepter des quantités de drogues record en océan Indien avec plus de 8 100 kilos de résine de cannabis et près de 1 000 kilos de méthamphétamine. Si ces saisies ont eu lieu à des milliers de kilomètres de la France métropolitaine, elles ont une influence directe sur le territoire national : « En agissant contre les trafics de drogues en océan Indien, nous réduisons les sources de revenus des organisations criminelles et terroristes qui profitent de cette manne financière. Nous contribuons ainsi à la sécurité des Européens et des Français », assure le capitaine de frégate Éric, expert Marine dans la lutte contre les activités illicites. Au mois de mars, le groupe Jeanne d’Arc, composé du porte-hélicoptères amphibie (PHA) Tonnerre et de la frégate de type La Fayette (FLF) Surcouf, a arrêté la course de sept boutres narcotrafiquants qui transportaient environ 85 millions d’euros de marchandises. Ces prises exceptionnelles s’expliquent par une concentration de moyens maritimes et aériens, mais également par une fine connaissance de la zone : « On connaît bien l’océan Indien parce que la Marine y déploie régulièrement des navires, avec notamment l’opération AGENOR. C’est grâce à ces missions qu’on maintient une permanence, qu’on acquiert de l’expérience et qu’on contribue à déjouer des menaces », ajoute l’expert. Non loin du PHA Tonnerre, le groupe aéronaval (GAN), constitué autour du porte-avions Charles de Gaulle, était lui aussi présent en océan Indien ces dernières semaines dans le cadre de la mission Clemenceau 21. En mobilisant un PHA et le GAN, la France montre sa capacité à déployer des moyens importants, au même endroit et au même moment. « La France dispose d’une marine à dimension océanique et l’assume dans le temps et dans l’espace », affirme le capitaine de frégate Yves de l’état-major des opérations de la Marine (EMO-Marine).

Une nation de l’océan Indien et un acteur de la région

Une projection de puissance simultanée qui n’est pas le fruit du hasard et qui traduit une volonté politique. « C’est la déclinaison pratique de la stratégie de défense française en Indopacifique* du président de la République. Il s’agit de montrer à tous nos partenaires stratégiques de la zone, comme l’Inde, l’Australie, le Japon et les États-Unis, que nous sommes présents à leurs côtés pour soutenir une vision du monde qui est fondée sur le respect du droit international », poursuit-il. Avec les départements de La Réunion, de Mayotte et les Terres australes et antarctiques françaises, la France est une nation de l’océan Indien. À ce titre, elle est voisine de nombreux pays et elle les intéresse politiquement : « Notamment ceux qui font face à l’agressivité de certaines nations qui pratiquent la politique du fait accompli. Il y a une forme de contournement du droit de la mer associée à une militarisation des comportements, avec par exemple la possibilité, donnée récemment aux gardes-côtes chinois, d’utiliser la force en mer pour protéger des îlots conquis alors qu’ils sont revendiqués par d’autres pays », précise le commandant. Dans la région, la Marine fait également front face au risque que représentent les mines sous-marines. Une menace accrue par la dissémination de ce type d’armement par les acteurs régionaux, étatiques ou non : « La barrière d’accès à la technologie des mines navales est faible. C’est malheureusement assez aisé de développer des mines, certes rustiques voire rudimentaires, mais dont l’efficacité ne doit pas être sous-estimée », indique le capitaine de vaisseau Yves-Pierre, de l’état-major de guerre des mines. Le premier semestre 2021 a vu le 6e déploiement, en dix ans, d’un groupe de guerre des mines (GGDM) en océan Indien et dans le golfe Arabo-Persique. Il était composé de deux chasseurs de mines tripartites (CMT) L’Aigle et Cephée, d’un détachement issu des trois groupes de plongeurs démineurs (GPD) et de l’état-major de guerre des mines de la Force aéromaritime française de réaction rapide. Ces déploiements sont périodiques pour cette composante dans la zone. En outre, tout au long de l’année, des experts français partent échanger avec les partenaires régionaux en participant à des coopérations bilatérales ou à des exercices multinationaux. Le savoir-faire français en matière de guerre des mines dans cette région du monde est reconnu. 

La stratégie de défense française dans l’Indopacifique (2019).

Interview

Depuis le quartier général de la force à la base navale française d’Abou Dabi, le contre-amiral danois dirige l’opération AGENOR depuis le 13 janvier 2021. Pour Cols bleus, il explique les contours de cette mission.

En quoi consiste l’opération AGENOR ?

AGENOR est le volet militaire de l’EMASoH (Mission européenne de surveillance maritime dans le détroit d’Ormuz), que huit pays européens ont établi en 2020. C’est une mission assez simple menée dans une zone complexe. Le cœur de la mission est de conforter la navigation maritime dans le détroit d’Ormuz. Par notre présence et notre posture, nous visons à contribuer à la stabilité et à réduire les risques de malentendus et d’erreurs de jugement.

Comment se traduit cette présence ?

Nous ne sommes pas ici pour établir un contrôle maritime au sens traditionnel d’une opération navale, mais pour fournir une assurance par une présence qui favorise la désescalade. Depuis le début des opérations de l’EMASoH, sept frégates et un avion de patrouille maritime ont participé. Au total, ces moyens ont effectué plus de 100 vols, passé 400 jours en mer, appuyé près de 20 navires marchands et ont traversé le détroit d’Ormuz près d’une centaine de fois.

Quels sont les contributeurs de cette mission ?

Nous sommes huit pays européens (Allemagne, Belgique, Danemark, Grèce, France, Italie, Pays-Bas et Portugal) qui se connaissent par l’Otan. Mais il ne s’agit pas d’une mission de l’Otan, ni de l’Union européenne, ni de l’ONU. Nous sommes impartiaux et sans préjugés, dans un effort diplomatique et militaire européen pour réduire les tensions et assurer la navigation. L’opération démontre la capacité de ces pays européens à travailler en équipe, de manière fluide et efficace dans un domaine complexe.


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées