Évacuations médicales, neutralisation de munitions par l’équipe d’intervention du groupe « Nedex » (neutralisation, enlèvements et destruction des explosifs) des FANC, secours en mer... Dans le Pacifique, la Marine participe activement aux missions de service public et ce, en lien avec l’ensemble des services de l’État concernés.
En Polynésie, la composante maritime des forces armées est stationnée sur la base navale de Fare Ute, à Papeete, sur l’île de Tahiti. Des moyens de la force de l’aéronautique navale comptent aussi parmi les forces en présence. La Flottille 25F dispose de cinq avions de surveillance maritime Falcon 200 Gardian, dont deux détachés à La Tontouta en Nouvelle-Calédonie. Un détachement de la Flottille 35F avec deux hélicoptères Dauphin N3+ et un détachement de l’escadrille 22S, dont l’hélicoptère Alouette III est embarqué sur la frégate de surveillance Prairial, complètent l’éventail des moyens aériens disponibles.
En Nouvelle-Calédonie, la base navale de Nouméa est en première ligne en assurant un soutien direct aux opérations. C’est elle qui arme une cellule de gestion de crise, par exemple suite à l’échouement d’un pétrolier, ou organise la projection d’une équipe d’évaluation et d’intervention avec hélitreuillage. Elle est également impliquée dans le fonctionnement du MRCC, le centre de coordination des secours en mer.
Le Gardian aux îles Marquises et Australes
Capable d’intervenir vite et loin, le Falcon 200 Gardian est régulièrement sollicité par le centre opérationnel de Tahiti pour des évacuations sanitaires (Evasan). En juin 2020, quatre Evasan ont été menées de nuit en moins de dix jours par l’équipage de la Flottille 25F, deux aux îles Marquises et deux aux îles Australes. Le 22 juin, la 25F s’est notamment rendue à Rurutu, une île dans l’archipel des Australes située à 572 kilomètres au sud de Tahiti, pour évacuer un jeune patient. Arrivé sur la zone en moins d’une heure, le Gardian a permis une prise en charge rapide sur place, puis un retour sur l’île de Tahiti pour un transfert à l’hôpital du Taaone par une équipe du Samu.
Témoignages
Premier maître Bertrand, technicien de la Flotille 35F
Ma mission au sein du détachement 35F est le suivi de la maintenance de nos deux Dauphin N3+. Adjoint technique, je planifie l’entretien pour avoir toujours au moins un hélicoptère capable de décoller dans l’heure et avec un potentiel de 15 heures de vol, afin d’assurer toutes les missions possibles en Polynésie française. En métropole, on n’a jamais besoin d’une telle autonomie, mais ici les temps de vol sont exceptionnels du fait des distances entre les îles. Le programme de maintenance prévu par le constructeur n’est pas totalement adapté à ces conditions et il faut anticiper les opérations techniques. Pour cela, je m’assure continuellement de la formation des cinq techniciens affectés ici et de l’approvisionnement en pièces et outillages. J’encadre et contrôle toutes les opérations effectuées. Lors du déclenchement d’une alerte, je m’assure de l’exécution de l’avitaillement adapté au besoin de la mission et communique un bilan de la disponibilité au chef de bord. Avec les techniciens, nous adaptons la configuration de l’aéronef à la mission. Selon la distance à couvrir ou la durée de l’opération, je peux être amené à accompagner l’hélicoptère pour effectuer des opérations de maintenance en terrain extérieur. Disponible 24 heures sur 24 et 365 jours par an, cette capacité est unique en Polynésie française !
Capitaine de corvette Owen O’Neill, pacha du BSAOM Bougainville (équipage B)
Dans la zone de responsabilité permanente (ZRP) de Polynésie comme dans les eaux voisines de nos partenaires étrangers, nous travaillons au contact d’une population particulièrement sensible aux risques naturels, notamment cycloniques. Dans cette mission de protection d’urgence, les capacités du Bougainville sont précieuses. En cas de situation critique, le bâtiment peut transporter des tonnes de fret de première nécessité, du personnel médical de renfort, des véhicules logistiques ou sanitaires et constituer sur place un premier centre d’accueil grâce à son infirmerie. Toutefois, plus que la capacité d’emport et son autonomie de chargement, c’est bien la capacité à porter secours dans les endroits les plus inaccessibles qui fait la spécificité de l’équipage et des experts polynésiens qui le renforcent au besoin. Bénéficiant de savoir-faire particuliers et d’une drome diversifiée, les marins apprennent ainsi en permanence à s’adapter à tous les environnements, qu’ils soient partiellement détruits ou naturellement difficiles d’accès, même lorsqu’ils nécessitent un franchissement de récif ou un plageage.
Extrait du Cols Bleus N°3089 - Août / Septembre 2020 - La France - Nation du Pacique
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées