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Drones - Optimiser les capacités de la Marine

Mise à jour  : 08/04/2021 - Direction : SIRPA Marine

La dernière loi de programmation militaire a fait entrer la Marine dans l’ère des drones, dans tous les milieux : guerre des mines, drones sous-marins, intégration de drones aériens sur l’ensemble des bâtiments de surface. Les objectifs sont multiples.

Pour les drones de surface et sous-marins, l’enjeu est notamment de maîtriser ces systèmes d’armes pour pouvoir s’en servir mais aussi être capable de les contrer : « De nombreuses nations travaillent sur les drones de surface, comme la Turquie, qui vient d’annoncer qu’elle s’équipait d’un drone de surface de combat. Ces systèmes peuvent être déployés de manière isolée ou groupée. C’est une nouvelle menace que nos unités doivent pouvoir contrer, de façon agile et proportionnée », prévient le capitaine de frégate Vincent, référent systèmes de drones et de lutte anti-drones au Centre d’expertise des programmes navals (CEPN). Mais pour la Marine, s’équiper de drone est avant tout un objectif opérationnel car il ouvre un large champ des possibles : « Ce sont de nouveaux systèmes, de nouveaux capteurs d’information, qui viennent en complément de nos moyens “habités” ; ils offrent de nouvelles perspectives, notamment dans l’emploi des capteurs passifs ou actifs. Leur combinaison assurera une efficacité accrue dans la défense de nos intérêts face aux évolutions technologiques de la menace », assure-t-il. Protéger les accès maritimes des ports militaires, c’est justement l’une des missions du Système de lutte anti-mines du futur (SLAMF). Contrôlé depuis un bâtiment dédié à la guerre des mines ou depuis un centre de commandement et de contrôle, ce système associe plusieurs drones, sous-marins et de surface, comme des robots télé-opérés ou encore des sonars remorqués.
UN SYSTÈME D’ARMES CONTRE LES MINES

Ses caractéristiques font de lui un véritable atout dans la guerre des mines puisqu’il est capable de détecter, classifier, localiser et neutraliser les mines jusqu’à 300 mètres de fond. Cette innovation permet également de mieux détecter les mines. Grâce à une nouvelle génération de sonars, le système peut repérer des objets suspects 30 fois plus petits qu’avec les moyens actuels. Le SLAMF devrait intégrer le service opérationnel en 2023 et son utilisation permettra notamment d’écarter l’homme de la menace des mines, même si ce savoir-faire sera entretenu. Chaque étape de la mission demeure sous son contrôle : de la planification à la mise à feu pour la neutralisation, le marin prendra chaque décision et engagera chaque manœuvre. Cette vision est valable dans les airs où 100 % des drones de la Marine sont des appareils de renseignement télé-opérés depuis la terre ou en mer. L’humain est toujours dans la boucle pour des questions juridiques et éthiques, mais pas seulement : « Un drone autonome sera un appareil circulant dans l’espace aérien et qui décidera, de lui-même, quelles actions il entreprendra. Dans l’insertion dans l’espace aérien, il y a un enjeu de sécurité », détaille le capitaine de corvette Serge, officier de programme drone aérien à l’état-major de la Marine.
DES DRONES 100 % TÉLÉ-OPÉRÉS

Les drones aériens démultiplient les capacités des unités navigantes et des unités volantes. Ils sont complémentaires de l’aviation habitée. Assurant des fonctions routinières, ils optimisent les capacités d’un pilote, en lui permettant de se consacrer à des tâches à haute valeur ajoutée : « Toutes les phases de recherche prennent beaucoup de temps. Elles usent le potentiel humain, font consommer de l’énergie et mobilisent du matériel. Dans ces cas de figure, le drone doit être mis en place en phase opérationnelle. Lors des phases d’intervention ou d’engagement, la mission est en revanche conduite par l’homme ». Parmi les systèmes de drone que la Marine sera amenée à utiliser, figure le DVF 2000 VT aussi appelé Aliaca.
Lancé avec une petite catapulte, c’est un drone aérien à voilure fixe de 2,20 mètres de long, 3 mètres d’envergure pour une quinzaine de kilogrammes. Cet engin monocapteur emporte un système électro-optique avec une capacité de vision à 360 degrés. Équipé d’un moteur électrique alimentant une hélice, sa vitesse de croisière va de 80 à 100 km/h à une altitude de 150 à 3 000 mètres, avec un rayon d’action de 10 à 50 kilomètres et une autonomie en vol de 3 heures. Pour les patrouilleurs de haute mer, le choix a été fait de se doter de drones à voilure fixe comme des avions et non à voilure tournante comme le sont les hélicoptères, car ils offrent une portée importante et un grand rayon d’action. Cette option pose néanmoins certaines difficultés pour récupérer les engins : tous les bateaux ne sont pas suffisamment équipés pour voir atterrir sur leur pont des drones de la taille d’un petit avion. Le CEPA/10S développe un système de récupération dans un filet dressé à la verticale sur la plateforme arrière. L’innovation réside ici dans des lunettes à réalité augmentée, dont l’utilisation facilite la récupération du drone : « Même en mettant de grands filets, il y a toujours un risque que le drone finisse à l’eau. Avec les lunettes à réalité augmentée, le pilote du drone aura une idée de ce qu’il pourrait se passer en fonction des mouvements de la plateforme. La trajectoire à suivre aura la forme d’un entonnoir et le pilote pourra évaluer si une nouvelle approche doit être faite », conclut Sébastien, responsable prototypage logiciel au CEPA/10S et porteur de ce projet innovation. L’ère des drones et des technologies associées ne fait que commencer.


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées