Chaque marin, en unité opérationnelle comme en état-major, peut avoir une idée décisive. L’esprit d’innovation doit donc être suscité, valorisé et développé. Innover ne se décrète pas ; mais l’encourager et l’accompagner est un principe actif. Le réseau Marine L@b, créé à cette fin, fédère et accompagne les différents dispositifs et structures de la Marine dotés de moyens de maquettage et de prototypage, leaders en matière d’innovation : NavyL@b (CEPN), AéroL@b (CEPA/10S), FuscoL@b, SLM L@b et Learning L@b & School L@bs (Brest et Saint-Mandrier, sous tutelle de la DPMM).
En mission, l’une des principales forces des commandos Marine est indéniablement leur agilité et leur capacité à agir rapidement. En matière d’innovation, la Force maritime des fusiliers marins et commandos (FORFUSCO) n’est pas en reste. Depuis 2018, elle s’est même dotée de son propre laboratoire à Lorient, le FuscoL@b, qui propose un processus interne de captation et de réponse aux besoins.
FUSCOL@B : TRANSFORMER LES IDEES EN PROJETS
Avec cette logique, ce laboratoire d’appui à l’innovation permet de concevoir et d’apporter une solution sur mesure aux besoins très spécifiques que seuls les fusiliers et commandos peuvent connaître. « Le besoin d’innover est essentiel pour une force qui doit conserver sa supériorité opérationnelle », avait notamment souligné le contre-amiral Christophe Lucas, commandant la FORFUSCO, lors de l’inauguration du site en 2019. Car en opération, prendre l’initiative sur un adversaire peut se jouer en une fraction de seconde. Tout est une question de détails, et l’innovation peut être l’un des ingrédients qui mènent à la victoire. Avec le concept FuscoL@b, les idées peuvent donc remonter directement des militaires en opération. On parle de projets bottom-up. Pour cela, les commandos expriment des besoins pour améliorer leurs équipements. Il revient ensuite au FuscoL@b de les modéliser, d’en sortir un prototype, de le tester et d’accompagner le passage à l’échelle. Les idées d’innovation et les projets sur lesquels travaille le laboratoire peuvent également provenir de l’état-major (projets top-down). Dans ce cadre, sont étudiées les innovations à finalité capacitaire qui permettront de faire face aux menaces de demain.
UN ÉQUILIBRE ENTRE DGA ET FRENCH TECH
Le FuscoL@b est un incubateur d’innovation. Ses missions sont simples : transformer les idées et les besoins en projets pour ensuite changer ces projets en objets. Pour cela, le laboratoire s’appuie sur trois piliers : un lieu, une communauté (composée des unités de la force, d’innovateurs et d’industriels) et un état d’esprit commando : « Dans la Marine, au milieu de l’océan, nous devons répondre à un besoin et trouver une solution pour continuer la mission. Au FuscoL@b, nous avons donc ce côté très débrouillard et autonome que l’on retrouve chez tous les marins. À cela, nous y ajoutons notre expérience des opérations », assure le lieutenant de vaisseau Sébastien, officier innovation et référent FuscoL@b. En matière d’innovation, la Marine s’appuie à la fois sur la DGA et les grands industriels, qui réalisent d’importants programmes comme des sous-marins nucléaires ou des porte-avions, et la volonté ministérielle de mettre en avant la French Tech. Le monde civil peut également venir taper à la porte du FuscoL@b et proposer des idées ou soumettre des projets. C’est le cas avec des entreprises, des missions d’incubation ou encore des étudiants qui sont en lien avec l’innovation : « Peu importe, tant que ça fait avancer la force, la porte est grande ouverte », conclut le lieutenant de vaisseau.
LE PROJET EFLYCO : UNE PREMIÈRE MONDIALE POUR LES FORCES SPÉCIALES DE LA MARINE
Développé par le FuscoL@b, en partenariat avec l’Innovation Défense Lab, un accélérateur d’innovation pour l’ensemble de la Défense, et l’entreprise SEAir, le projet EFlyCO propose un nouveau modèle d’ETRACO (Embarcation de TRAnsport rapide des COmmandos). Cette innovation accroît les capacités opérationnelles des commandos marines en équipant les embarcations actuelles de foils, générateurs de portance, qui permettent de soulever le bateau d’une vingtaine de centimètres au-dessus de la surface de l’eau. L’impact des vagues, même supérieures à un mètre, est alors très fortement réduit, préservant ainsi l’équipage. Les foils destinés à équiper l’EFlyCO sont réalisés en carbone et en acier. Ils peuvent supporter une charge jusqu’à 5 tonnes.
LE MOTEUR HYBRIDE FUTURA
Dans le but d’améliorer la furtivité des embarcations légères de type FC470 Evol 7, une entreprise vendéenne (TEOS) propose au FuscoL@b de transformer les moteurs existants hors-bord en moteurs hybrides. D’une puissance de 50 CV, cette capacité offre la possibilité de fonctionner en mode tout électrique et elle permet une discrétion accrue lors d’opérations spéciales. Le prototype devrait être finalisé à la fin de l’année 2021.
Cassiopée : capitaliser les données opérationnelles
Initié par la frégate de défense aérienne Forbin en novembre 2019, le projet Cassiopée permet de contextualiser et d’archiver certaines données opérationnelles produites à bord au cours de la mission. Cassiopée se compose d’une première application de saisie manuelle des annotations (voir pp. 18-19) relatives à des faits marquants au cours de la mission, d’un outil de visualisation cartographique et d’une seconde application de mise en forme des données en vue de leur analyse et de leur utilisation ultérieure. Cassiopée a été co-réalisée par le Forbin, le CEPN et le HRF, dans le cadre du dispositif NavyL@b, l’incubateur d’innovation digitale de la Marine.
Le prototype a été mis en œuvre avec succès pendant le déploiement du groupe aéronaval en 2020 sur le Forbin, la FREMM Provence, le SNA Émeraude et un Atlantique 2. Puis il a été installé sur d’autres unités de la Force d’action navale, d’autres sous-marins nucléaires d’attaque et d’autres ATL2 ainsi que dans des commandements de zone maritime. Le CEPN prépare actuellement son passage à l’échelle pour aboutir à un logiciel conforme aux exigences de la Direction générale du numérique, déployable sur l’ensemble des unités de la Marine.
SLM L@b : des moyens et des hommes au service du marin
Acculturation, expérimentation et soutien opérationnel sont les 3 piliers du SLM L@b. Doté d’outils numériques de fabrication capables d’usiner le métal, d’imprimantes 3D (I3D) polymères, de stations de travail pour la conception assistée par ordinateur (CAO) et d’outils numériques d’acquisition (scanner 3D), le L@b du service logistique de la Marine possède une chaîne de fabrication numérique complète. Mais sa mission ne se borne pas aux fonctions d’atelier de production. Il a également vocation à accueillir les marins pour les former et les aguerrir à l’impression 3D, à mettre à disposition des navires des kits missions pour pouvoir imprimer en mer, à aider les innovateurs dans la réalisation de leur prototype et enfin à expérimenter des nouveaux procédés de fabrication.
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées