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Aéronautique navale - Le pragmatisme au service de l’innovation

Mise à jour  : 08/04/2021 - Direction : SIRPA Marine

Depuis plus d’un siècle, le Centre d’expérimentations pratiques et de réception de l’aéronautique navale (CEPA/10S) conduit et accompagne de nombreuses innovations. Du premier appontage du lieutenant de vaisseau Teste sur le cuirassé Béarn en 1920, au premier appontage d’un drone sur une frégate en 2011, en passant par le premier accrochage d’un hélicoptère sur une frégate à la mer en 1960, le CEPA/10S a été un acteur clef de l’évolution de l’aéronautique navale dans la Marine.

Aujourd’hui encore, le CEPA/10S est un pilier en matière d’innovation avec toujours le même but : répondre aux besoins opérationnels des forces aéronavales en délivrant les nouvelles capacités requises ; le tout en s’appuyant sur des solutions innovantes. Dernièrement, le CEPA/10S a conduit l’évaluation d’un parachute d’infiltration ultra-performant au profit de la Force maritime des fusiliers marins et commando. Il a également été au cœur des expérimentations concernant l’évolution de deux aéronefs : le Rafale Marine et l’Atlantique 2.
UN RAFALE MARINE NOUVELLE VERSION

En janvier 2019, le CEPA/10S débutait la phase d’expérimentation du nouveau standard F3R du Rafale Marine, dont la mise en service opérationnel a été signée le 8 mars 2021. Soit plus de deux ans de mise à l’épreuve pour cette nouvelle version de l’appareil et les emports associés (armements, nacelle de ravitaillement, pod de reconnaissance et de désignation laser). « Mettre en service un nouveau standard, c’est un peu comme recevoir un nouvel avion, indique le capitaine de frégate Gautier, chef du détachement chasse du CEPA à Istres. De l’extérieur, on peut avoir l’impression que rien n’a changé, alors qu’à l’intérieur, c’est une vraie révolution technologique. » Cette version du Rafale Marine lui confère de nouvelles capacités, à l’image du système AGCAS (Automatic ground system collision avoidance) qui permet à l’avion de reprendre les commandes automatiquement en cas de risque de collision avec le sol.
Et ce, que l’avion soit en pilotage automatique ou manuel. Outre une diversification des armements, le standard F3R apporte aussi de nouveaux équipements, comme une nacelle de ravitaillement en vol plus moderne (NARANG) ou encore un pod de désignation laser de nouvelle génération (TALIOS). « Le retour d’expérience nourrit la réflexion doctrinale et capacitaire pour ensuite faire un avion qui soit à la hauteur des menaces auxquelles il sera confronté, avec le but de garder l’avantage. Ainsi, le pod TALIOS permet de voir plus loin et avec une meilleure définition, comme nous l’imposent les conditions modernes d’engagement et de délivrance du feu », explique le capitaine de frégate Gautier.
En parallèle des expérimentations de ce standard en cours de livraison, le CEPA est également impliqué dans le développement et les essais en vol du standard suivant, le Rafale F4, en intervenant au sein d’une équipe mixte qui regroupe les acteurs étatiques et industriels.
L’ATLANTIQUE 2 RÉNOVÉ AU STANDARD 6

Le Rafale Marine n’est pas le seul aéronef à avoir été rénové récemment. D’ici fin 2021, la mise en service opérationnel du standard 6 de l’Atlantique 2 sera effective, avec l’apport d’un nouveau système de combat et de capteurs modernes.
« Le système de combat initial de l’Atlantique 2, datant des années 1980/90, était déjà innovant pour son époque, relate le lieutenant de vaisseau Yannick, adjoint au chef du détachement ATL2. Son réseau permettait de faciliter le partage des informations entre les opérateurs. L’évolution des technologies informatiques permet aujourd’hui de dépasser les limitations dues aux anciennes technologies électroniques utilisées : un bouton, un fil, une fonction. » Au-delà de l’augmentation des capacités et des performances, la rénovation au standard 6 de l’ATL2 a donc pris en compte cette nécessité d’être évolutif, via différents apports : calculateurs génériques, puissance de calcul en réserve, mises à jour logicielles facilitées, équipements matériels évolutifs... « Tout cela est complété par un réseau “ouvert”, parallèle au système de combat principal et qui fait appel à des éléments grand public mais durcis au niveau de la cyberdéfense. Il permet une connexion pleinement intégrée et sécurisée au système de combat. Que ce soit pour du prototypage, des expérimentations de fonctions nouvelles ou l’implémentation de capacités supplémentaires, les possibilités sont très étendues et ce réseau parallèle est rapidement devenu un support de développement d’innovations », complète le lieutenant de vaisseau Yannick.
Si ces nouveaux standards pour le Rafale Marine et l’Atlantique 2 symbolisent le présent de l’aéronautique navale, le CEPA/10S expérimente en continu des projets innovants afin de conserver l’avantage tactique depuis la mer et par les airs.
Utilisation de QR codes dans la maintenance aéronautique

La mise en œuvre et la maintenance des aéronefs impliquent un suivi informatique rigoureux mais fastidieux. Afin de réduire la charge administrative liée aux opérations de saisie, le CEPA a mené une étude pour simplifier les démarches et gagner en fiabilité via l’utilisation de QR codes. Grâce à la mise en place de « scannettes » et d’imprimantes à étiquettes, ce dispositif a pu être évalué dans les différentes unités et est maintenant en service au sein de l’aéronautique navale.

Le kit SIRIP, un atout stratégique en guerre électronique

Le kit SIRIP (système d’identification de radars d’intérêts sur Panther) a été conçu par le CEPA/10S pour permettre d’obtenir, dans le cadre de missions de surveillance maritime et d’environnement, des informations permettant d’enrichir la situation tactique en temps réel au profit de l’équipage et en temps différé au profit des contrôleurs opérationnels. Les hélicoptères Panther, jusqu’alors dépourvus de toute capacité de guerre électronique, améliorent ainsi leur capacité à intervenir dans différents domaines de lutte.
Des protections thermiques adaptées aux aéronefs

La surface du pare-brise et de la verrière du Rafale génère un effet de serre au moindre rayon de soleil, faisant dangereusement monter la température dans le poste pilote, parfois au-delà de 80 °C. Un technicien de la base d’aéronautique navale de Landivisiau a eu l’ingénieuse idée de concevoir un dispositif de protection thermique sur la base d’une tente à ouverture rapide. Son projet consistait à adapter l’ossature flexible de la tente afin qu’elle épouse parfaitement la forme du pare-brise et de la verrière, puis de recouvrir cette ossature d’un tissu thermique aux propriétés isolantes.
En soutien de l’innovateur et dans son rôle d’AéroL@b, le CEPA a mené plusieurs campagnes d’expérimentations pour parfaire la forme du prototype, permettre son emport dans la soute canon du Rafale, confirmer l’efficacité du dispositif en mesurant et comparant les températures atteintes dans le poste de pilotage et en produisant les plans industriels du dispositif. Ces dispositifs de protections thermiques ont depuis été produits et livrés aux forces. Ils équipent notamment les Rafale actuellement embarqués sur le porte-avions Charles de Gaulle pour la mission Clemenceau 21. Une version adaptée au Rafale de l’armée de l’Air et de l’Espace a également été développée.


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées