Médecin adjoint de la chefferie du soutien santé de la Force d’action navale (CSS/FAN), le médecin en chef Jean-Michel Pontier a participé pendant une dizaine d’années à des missions de soutien médical au profit des unités spécialisées et du commandement des opérations spéciales (COS), notamment aux côtés des nageurs de combat du commando Hubert. Il fait le point pour Cols bleus sur les caractéristiques, les spécificités et les enjeux du sauvetage de combat au sein de la Marine.
COLS BLEUS : Quelles sont les spécificités du secourisme de combat dans la Marine ?
MC JEAN-MICHEL PONTIER : Il a pour objectif la mise en œuvre de gestes techniques prenant en compte les spécificités d’un bâtiment de combat à la mer, en vue de sauver le maximum de vies humaines, en situation dégradée. Prenons l’exemple d’un tir de missile ennemi qui toucherait un bâtiment : les blessés pris en charge seraient en majorité des polytraumatisés présentant à la fois des plaies pénétrantes et des lésions de blast (lésions pulmonaires provoquées par l’onde de choc) causées par l’explosion, mais également des brûlures étendues, sans oublier le psycho- traumatisme associé. Le risque d’une attaque en ambiance NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique) ajoute une contrainte spécifique à intégrer dans l’organisation de secours à bord. Enfin, dans ce type d’agression, on est confronté à un afflux massif de blessés concentrés dans un espace restreint par nature.
C. B. : Quelle est la mission des marins sauveteurs ?
MC J.-M. P. : Le but premier est d’évacuer les blessés en dehors de la zone hostile dans les délais les plus courts et les meilleures conditions possible vers une zone sécurisée identifiée – le PRV (point de regroupement des victimes) – où ils seront pris en charge par l’équipe médicale du bord. Il faut par conséquent disposer de plusieurs équipes de marins dûment formés et entraînés, capables de réaliser en situation de stress extrême des gestes de sauvetage sur les victimes pour prévenir les risques d’hémorragie, d’asphyxie ou d’arrêt cardio- respiratoire lors de leur prise en charge et pendant leur transport. C’est une condition sine qua non de leur survie. Au PRV, les soignants procéderont ensuite au triage des blessés, sur la base de la gravité de leur état clinique et de leur pronostic évolutif respectif, puis à une mise en condition en vue de leur évacuation éventuelle.
C. B. : Quel est le rôle du personnel du service de santé des Armées (SSA) embarqué ?
MC J.-M. P. : Le SSA assure un rôle de conseiller auprès du commandement en matière de sauvetage de combat et participe activement à l’enseignement. Médecins et infirmiers élaborent les scénarios d’exercices réalisés à bord puis évaluent et corrigent l’exécution des gestes techniques pratiqués par l’équipage. L’objectif est de gérer collecti- vement et le plus efficacement possible les urgences extrêmes pour sauver in fine le maximum de marins.
Focus
Les stages MedicHos
Des stages de médicalisation en milieu maritime hostile sont régulièrement organisés au profit du personnel de santé qui soutient les forces, sous la houlette de l’École du Val-de-Grâce, en lien avec la FAN ou la FORFUSCO. Offrant un haut niveau de réalisme dans la simulation des situations rencontrées, ces stages de sauvetage au combat permettent aux « soutenants » du service de santé et aux « soutenus » des forces de s’entraîner ensemble pour faire évoluer conjointement leur pratique et coordonner leur action. Le premier exercice de ce type a été organisé en mai 2015 à bord des frégates FAA Cassard et FLF La Fayette. D’autres se sont tenus depuis, notamment en 2016 à bord de la frégate anti-sous-marine (FASM) Montcalm et en 2018 au sein de l’École des fusiliers marins, à Lorient.
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées