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Formations - Apprendre à sauver

Mise à jour  : 19/11/2020 - Direction : SIRPA Marine

LE SECOURISME INSTITUTIONNEL

Tous les marins des différentes forces disposent obligatoirement d’une formation aux premiers secours : le PSC1 (prévention et secours civiques de niveau 1). Elle permet d’offrir les compétences de base en secourisme (mise en sécurité d’une victime, massage cardiaque, utilisation d’un défibrillateur…).

En fonction de son cursus (plongeurs démineurs, marins-pompiers, nageurs de combat, moniteurs de sport…), un marin doit également passer le PSE1 ou PSE2 (premiers secours en équipe de niveau 1 et 2). Le PSE1 permet de tenir le rôle de secouriste en agissant seul ou au sein d’une équipe, avec ou sans matériel, et dans l’attente ou en complément des services de secours. Le PSE2 donne, quant à lui, la qualification d’équipier secouriste et permet d’apprendre à conditionner et évacuer une personne jusqu’à l’hôpital.

Le secourisme institutionnel est dispensé en formations initiale et continue dans   plusieurs centres et écoles de la Marine, comme le centre d’entraînement et d’instruction au secourisme en Méditerranée (CEISM), le Pôle Écoles Méditerranée (PEM) de Saint-Mandrier, le centre d’instruction naval (CIN) de Brest ou encore l’École des fusiliers marins (Ecofus). S’il souhaite poursuivre dans cette voie, un secouriste peut ensuite devenir formateur en prévention et secours civiques (FPSC), formateur aux premiers secours (FPS), voire formateur de formateurs (FDF).

Le secourisme institutionnel est piloté à l’échelle nationale par Cecmed, sous l’autorité d’Alnuc (autorité de coordination pour les affaires nucléaires). Chaque façade maritime métropolitaine (Cecmed, Ceclant et Comnord) ou zone maritime ultra-marine organise ensuite dans son secteur de responsabilité les différentes formations sous l’égide de leur référent régional, suivant les directives du référent pédagogique national.

LE SAUVETAGE DE COMBAT

Outre ces certifications reconnues par la Sécurité civile, chaque marin partant en mission doit avoir suivi la formation au sauvetage de combat en milieu maritime de niveau 1 (SCMM1). À l’instar du SC1 (sauvetage de combat de niveau 1), qui s’adresse au combattant à terre, cet enseignement a pour objectif d’apprendre des gestes salvateurs, simples et utilisables au combat, sur un bâtiment de la Marine (poser un garrot, administrer de la morphine, utiliser la trousse individuelle du combattant).

Chaque année, l’École des fusiliers marins forme également 20 commandos Marine à être opérateurs de premiers secours au combat (OPSC). Cet apprentissage emblématique d’une durée de six semaines (plus une semaine de formation continue par an) s’adresse exclusivement aux forces spéciales.

« Au-delà des gestes techniques médicaux, on apprend à poser des perfusions intra-osseuses, à pratiquer une coniotomie (ouverture des voies aériennes via la trachée en cas d’intubation impossible) ou à permettre d’exsuffler via la pose d’un cathéter. Ce sont des gestes invasifs qui, dans le civil, ne sont réalisés que par un médecin urgentiste, explique Vincent Bonola, référent secourisme de l’Ecofus. Le secourisme, et a fortiori le sauvetage de combat, ce n’est pas quelque chose d’exotique : c’est une compétence supplémentaire qui doit être totalement intégrée. »

La formation d’OPSC reprend ainsi l’ensemble des compétences techniques du SC2 (sauvetage de combat de niveau 2), destiné au personnel auxiliaire sanitaire de l’armée de Terre, mais vise en plus un savoir-être dans d’autres domaines : leadership, anglais médical, prise en charge de blessés psychologiques… La création d’une formation SCMM2 est aussi à l’étude, afin d’augmenter les capacités de prise en charge des blessés en mer, avec notamment l’apprentissage des gestes invasifs.

Outre l’OPSC, l’Ecofus dispense également une formation d’équipier de premiers secours tactiques (EPST) afin d’apporter un premier soutien médicalisé aux victimes d’une attaque terroriste.

La formation des marins-pompiers

L’École des marins-pompiers de la Marine (EMPM) dispense deux formations au secourisme. La première se déroule lors de la formation initiale des quartiers-maîtres de la flotte (QMF) marins-pompiers, amenés à devenir équipier secouriste dans les véhicules de secours et d’assistance aux victimes (VSAV). La seconde forme les chefs d’agrès lors du passage du brevet d’aptitude technique (BAT). Alternant théorie et pratique, ces formations permettent aux élèves de se rapprocher au plus près de la réalité avec le même matériel qu’en compagnie opérationnelle. En 2019, 600 personnes ont été formées au sein de l’EMPM.

Témoignage

Premier maître Luc, référent secourisme institutionnel national et régional pour la Méditerranée

Ma mission au CEISM, comme celle des autres référents, est avant tout législative (veille réglementaire et application des arrêtés et textes sur le secourisme) et pédagogique. Nous œuvrons au sein des équipes pédagogiques d’arrondissement ou nationale. Nous coordonnons la rédaction des différents référentiels réglementant l’application du secourisme institutionnel pour la Marine et la formation initiale et continue des formateurs en secourisme.

Premier maître Tony, maître de cours BS à l’Ecofus

En mars 2013, j’ai fait un ACR (arrêt cardiorespiratoire) chez moi à cause d’une fibrillation ventriculaire. Ma femme, qui était à l’étage, pensait que c’était le chien qui râlait alors que c’était moi qui faisais un gasp (respiration inefficace). Elle a ouvert les fenêtres et appelé au secours. J’ai eu de la chance car mes voisins sont infirmiers et l’ont entendue. Ils m’ont massé pendant 23 minutes en attendant que les pompiers arrivent et me délivrent un choc avec un défibrillateur. J’ai fait 3 jours de coma, 15 jours d’hôpital et 5 semaines de rééducation. À l’issue de ma convalescence, je me suis dit que le secourisme, c’était fondamental. J’ai repassé le PSC1, puis le PSE1 et PSE2 et enfin le FPSC.

En 2017, sur la rivière Scorff dans le Morbihan, lors d’un stage SACOPS pour des civils, un stagiaire a fait un ACR sur un semi-rigide. On s’est relayé avec un autre stagiaire, qui venait de passer son monitorat de secourisme, pour réaliser les gestes qui sauvent. On a remonté le Scorff jusqu’à un endroit où on a pu sortir la victime de l’embarquation. On a continué à masser pendant 27 minutes jusqu’à l’arrivée des secours, qui ont réussi à faire repartir son pouls. La boucle était bouclée, j’ai vécu deux massages cardiaques dans ma vie, les deux ont été efficaces, la boucle était bouclée.

Maître Kacem, responsable du pôle secourisme au PEM

Être pompier, c’est une vocation pour moi. J’ai rejoint les sapeurs-pompiers à 12 ans, puis je suis devenu bénévole pour la Protection civile. À 20 ans, je me suis engagé dans la Marine où j’alterne les postes opérationnels et les postes de formateur. Je suis actuellement responsable du pôle secourisme au groupement d’instruction sécurité du PEM. Les formations s’enchaînent et laissent peu de répit, mais je trouve très gratifiant de savoir que, grâce au pôle secourisme, ce sont environ 1 000 personnes supplémentaires par an qui sont formées et donc susceptibles de sauver des vies.

Matelot Vincent, élève au PEM

Après avoir été sapeur-pompier volontaire, j’ai décidé de m’engager dans la Marine et de suivre la formation MOPOMPI (matelot pompier). Pour moi, les compétences en secourisme sont essentielles, à la fois  dans le milieu professionnel et dans la vie de tous les jours. J’ai déjà eu l’occasion de porter secours à une personne dans un restaurant, elle souffrait d’obstruction des voies aériennes à cause d’un aliment. J’ai pratiqué la méthode de Heimlich (décompression abdominale) et lui ai donné des tapes dans le dos, ça a fonctionné.

Info+
En 2009, les marins pompiers de Cherbourg ont formés au PSC1, 395 marins de la façade Manche Mer du nord et de Paris.

Extrait Cols Bleus n° 3090 - Octobre 2020

"Au combat - Secourir et sauver"


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées