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Aéronautique navale - De l’ancre de marine à la low visibility

Mise à jour  : 10/06/2021 - Direction : SIRPA Marine

Comment voir et être vu ? Et comment identifier rapidement un appareil et la flottille, ou l’escadrille, à laquelle il est rattaché ? Cocarde, écu, félin... Depuis plus d’un siècle, le marquage des aéronefs est un vrai sujet pour l’aéronautique navale !

Extrait du Cols Bleus N° 3097 - Juin 2021 - Aéronautique navale - Les marins du ciel

La question du marquage se pose dès les prémices de l’aéronautique navale, en 1910, quand la commission mise en place par le vice-amiral Auguste Boué de Lapeyrère, alors ministre de la Marine, fonde les grands principes de l’aviation maritime. En juin 1911, le capitaine de vaisseau René Daveluy est chargé d’organiser plus spécifiquement l’aéronautique maritime. Mais c’est sous le commandement de son remplaçant, le capitaine de frégate Louis Fatou, que le service est créé par décret du 20 mars 1912. « Et le premier avion qui a fait l’objet d’un marquage de la Marine avec une ancre sur la dérive est un Farman terrestre en décembre 1912, précise le CV (H) Robert Feuilloy, secrétaire général de l’Association pour la recherche de documentation sur l’histoire de l’aéronautique navale (ARDHAN). Mais à cette époque, le marquage est encore balbutiant, et si les premières cocardes bleu blanc rouge commencent à apparaître en 1912 dans l’aéronautique militaire, la Marine n’en porte pas tout de suite. » Peu à peu, la cocarde avec une ancre est peinte sur les fuselages, mais elle est loin de devenir la norme. Un Service central est créé en 1914 et les couleurs des appareils dépendent des décisions de l’état-major de la Marine. 

« Pendant la Première Guerre mondiale, aucune standardisation des marquages n’est envisagée, poursuit le CV (H) Robert Feuilloy. Si certains pilotes, comme Guynemer ou Nungesser, font apposer des insignes personnels sur les flancs de leurs appareils, il faut attendre l’année 1915 pour qu’apparaissent des numéros de rang dans la flottille et des lettres indiquant le centre où sont rattachés les aéronefs. Par exemple, la lettre D signifiait Dunkerque, puisque le port de Dunkerque a été le plus important centre d’aviation maritime pendant cette période. » Mais fin 1916 et début 1917, les premiers insignes de flottilles, souvent issus d’initiatives personnelles, sont peints sur les avions. 

L’hippocampe et le canard

Pendant les années 1920 et juste avant la Seconde Guerre mondiale, certains des plus célèbres voient le jour, comme l’hippocampe en 1929 (repris par la 11F) ou le fameux canard au tromblon de la 12F en 1939. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la plupart des appareils portent les cocardes avec l’ancre de Marine noire, sur l’intrados et sur l’extrados, ainsi que sur les flancs du fuselage. Mais certains ne portent que la cocarde. Au cours de la guerre, de nombreuses directives sont émises. Elles concernent aussi bien les numéros de rang que la disposition des couleurs nationales, la pose de bandes de couleur ou le camouflage de certaines unités. « En réalité, précise le CV (H) Robert Feuilloy, il faut attendre 1946 pour qu’une réelle standardisation des marquages soit effective et durable. À partir de cette date, tout est figé et le modèle actuel est pratiquement resté le même depuis. » Désormais, le numéro de la flottille est suivi d’un point ou d’un tiret et d’un numéro de rang différent du numéro de série indiqué sous la dérive. Par ailleurs, les emblèmes des formations de l’aéronavale doivent être en forme d’écu et porter le « pingouin » en or sur fond bleu marine. 

L’Ancre et la cocarde

Sous l’impulsion de l’amiral Henri Nomy, une nouvelle codification de la numérotation des formations voit également le jour. À la fin des années 1950, des autocollants en forme d’écu réglementaire sont placés sous la verrière, puis sur la dérive vers 1969-70. Entre 1961 et 1962, les codes de flottille et d’escadrille sont remplacés par le numéro de série ou ses derniers chiffres s’il est trop long. Par exemple, le corsair « 14F-4 » dont le numéro de série est 133669 devient le « 669 ». En 1976, sur le modèle de l’US Navy, l’inscription « Marine » apparaît en toutes lettres sur les aéronefs. À l’exception des marquages commémoratifs très ponctuels pour fêter l’anniversaire d’une flottille, comme les 100 ans de la 11F, le retrait d’un type d’appareil, comme l’adieu au Crusader, ou la participation à des rencontres internationales, comme le Tiger Meet, la norme demeure la même. À partir des années 90, le marquage atténué low visibility est généralisé, tout comme la cocarde avec l’ancre, l’insigne et le numéro de série de l’avion peint en blanc gris.

La rédaction

Tiger Meet

L’imagination au pouvoir

Depuis les années 1960, la NATO Tiger Association organise chaque année une rencontre internationale baptisée Tiger Meet, au cours de laquelle ses membres se retrouvent pour participer à différents exercices (missions aériennes simulées), réunions d’échanges et festivités. La rencontre dure deux semaines, au cours desquelles environ 200 exercices sont effectués en commun. Lors de ces rassemblements, il est de tradition de décorer une partie des aéronefs avec des motifs rappelant le tigre. Si, depuis 1977, le Tigre d’Argent couronne l’escadrille la plus performante durant les exercices et les animations, une des récompenses les plus convoitées reste celle attribuée à la plus belle décoration. Pour arborer les marquages les plus originaux, la base d’aéronautique navale (BAN) de Landivisiau a choisi depuis 2018 de travailler avec la société Createm, qui a toutes les autorisations pour œuvrer sur les Rafale Marine. Ainsi, c’est la PME bretonne qui met en scène les décorations, dessins, graphiques imaginés par la Marine et validés par l’état-major ALAVIA. Parmi leurs réalisations figurent notamment la pose du décor du Rafale n° 44 de la 11F Celtix Tiger, celle faite pour les 70 ans de la 12F, tout comme celle des 5 Rafale décorés pour les 100 ans de la 11F. « Notre entreprise va fêter ses 20 ans cette année, explique René Le Guen, son dirigeant. Pour nous, cela a été un vrai challenge de travailler sur ces projets. La Marine et, plus particulièrement, la BAN de Landivisiau sont des acteurs économiques importants et un poumon pour le Finistère et la région. La demande initiale était de trouver un compromis plus économique et plus rapide à mettre en œuvre qu’une peinture en aérographe. Ce n’était pas aisé. Mais nous avons réussi à trouver un système très performant. » 

« Nous avons une vraie relation de confiance, précise l’EV1 Éric, du service du soutien opérationnel de la BAN. C’est important, car nous ne devons jamais perdre de vue l’aspect opérationnel. Rien ne peut être laissé au hasard et l’excellence doit toujours être poussée jusque dans les moindres détails. »


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées