Chef tourelle sur la FREMM Provence
Son parcours
2011 : Commence le rugby à 16 ans
2015 : Contrat de volontaire avec le Rugby Club de la Marine nationale (RCMN)
2016 : Premier Crunch contre la Royal Navy
2018 : Entrée à l’École de maistrance
2018 : Brevet d’aptitude technique (BAT) mécanicien d’armes (MEARM)
2018 : Affectation au groupe de transformation et renfort (GTR)
2019 : Affectation sur la frégate multi-missions (FREMM) Provence
Meilleur souvenir
« Mon souvenir le plus marquant est La Marseillaise juste avant mon premier Crunch contre la Royal Navy en 2016. Il y a le stress du premier match contre les Anglaises, le bruit des crampons dans le couloir, on entre sur le terrain, et là c’est le calme plat pour les hymnes. La Marseillaise retentit, on regarde à droite, à gauche et on se dit qu’on doit tout donner pour celles qui sont à nos côtés. On voit aussi des gens qui comptent sur nous dans les tribunes. C’est un moment impressionnant et empli de fierté. On se sent à la fois toute petite et très grande avec son équipe autour. »
Focus
Le contrat volontaire rugby
Chaque année, la Marine nationale recrute des volontaires pour évoluer au sein de ses équipes masculine et féminine de rugby. Ces volontaires rugby (VLT Rugby) permettent de renforcer l’effectif du Rugby Club de la Marine nationale (RCMN), composé de marins engagés ou de carrière.
Relevant du statut « équipage volontaire » (EQUIV), ils sont employés au sein de la Marine dans une formation à terre proche du club civil d’appartenance. Ils sont ainsi amenés à réaliser des tâches sédentaires, du type secrétariat, comptabilité, manutention, cuisine… Pour l’équipe masculine, les contrats sont de 20 heures par semaine avec la Marine, afin de laisser du temps pour les entraînements avec leur club civil. De leur côté, les féminines signent un contrat à temps plein.
Les VLT Rugby peuvent ainsi facilement se libérer pour être détachés au profit du RCMN afin de participer aux stages et rencontres sportives. Ils doivent donc jongler entre leur emploi, généralement dans un CIRFA, leur club de rugby civil et le RCMN. Le contrat de VLT Rugby peut être renouvelé jusqu’à trois fois. Ces dernières années, plusieurs joueurs passés par le RCMN, via le contrat de volontaire rugby, ont ensuite brillé au plus haut niveau, à l’image des internationaux français Mohamed Haouas et Vincent Rattez.
C’est d’abord le rugby qui a mené le second maître Marion vers la Marine. Un sport découvert à l’âge de 16 ans. « J’ai mis deux ans à convaincre ma mère de me laisser jouer, mais je savais que les valeurs du rugby me correspondaient : la cohésion, l’esprit d’équipe... » explique-t-elle.
Alors lorsqu’en 2015, le RCMN lui propose un contrat de volontaire rugby, elle n’hésite pas et saute sur l’occasion. « En parallèle, je travaillais en tant que secrétaire au CIRFA de Dijon, se rappelle la rugbywoman. Cela me permettait d’avoir un pied dans la Marine, de me renseigner sur les métiers, tout en jouant au rugby. » Trois ans plus tard, la SM Marion trouve sa voie après un embarquement à bord de la frégate anti-aérienne (FAA) Cassard. « Il y a eu plusieurs exercices de tirs à bord, et à chaque fois, je me suis rapprochée naturellement des mécaniciens d’armes.
Voir des tirs en réel, c’était impressionnant. » À son retour à Dijon, elle se décide à sauter le pas et entre à l’École de maistrance en 2018. Sa première affectation est au groupe de transformation et renfort, la structure de pré-embarquement sur frégates multi-missions. « J’ai très rapidement été mise pour emploi puis affectée sur la FREMM Provence, où je suis, depuis, chef de la tourelle 76 mm, relate-t-elle. C’est une spécialité plutôt masculine, donc il faut savoir se faire respecter car on peut vite se faire marcher dessus en tant que femme. » Ne pas se laisser faire, montrer qu’on est là, avoir confiance en soi...
Autant de traits de caractère développés sur les terrains de rugby par le second maître, et qui font le bonheur de l’équipe féminine du RCMN, créée en 2009. Depuis leur passage au rugby à 15 en 2012, les Françaises sont invaincues dans le traditionnel Crunch annuel face à la Royal Navy. « Notre objectif est toujours le même : conserver notre trophée. On dit qu’il ne sait pas nager parce qu’il n’a encore jamais traversé la Manche. »
Désormais embarquée à temps plein, le SM Marion doit concilier sa vie de marin avec le rugby. « En 2020, je n’ai pu faire qu’un seul stage… C’est plus compliqué en étant à bord, mais généralement nos unités nous laissent partir quand on est à quai et qu’il n’y a rien de prévu. Via le RCMN, on représente la Marine et, à l’avenir, je continuerai de tout faire pour me libérer du temps et retrouver cette équipe. »
ASP CLOVIS CANIVENC
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées