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Bilan d’une année de stage SACOPS, interview du CF Clivaz, commandant de l’école des fusiliers-marins. 

Mise à jour  : 15/11/2013 - Direction : SIRPA Marine

Commandant, comment est né le stage « d’aguerrissement et de mise en condition opérationnelle » ?

Une directive de l’état-major des armées préconise que tout militaire, d’active et de réserve, projeté individuellement sur un théâtre d’opérations extérieures doit passer par un stage « MCP », de mise en condition, avant sa projection. Chaque armée a traduit cette directive en sachant que cette dernière liste un certain nombre de modules indispensables. Pour l’armée de Terre, il existait déjà un stage de ce type. Leurs hommes se préparent six mois avant leur départ, le tout couronné par deux semaines formation; l’armée de l’Air, elle, a fait un parallèle avec un autre stage du même acabit. De notre côté, nous avons créé de toutes pièces le stage « sacops 1 ». Cette semaine s’adresse à des marins de toutes spécialités, peu au fait de l’usage des armes. Le premier a eu lieu en février dernier. Le cinquième a eu lieu début octobre. 72 marins ont déjà obtenu leur mention sésame.

Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés ?

En premier lieu, nous voulons que le marin projeté sur un théâtre d’opérations extérieures s’accommode au mieux de son équipement et de son nouvel environnement. Mais il faut aussi que le marin que l’on dit malléable, travaille dans les meilleures conditions avec leurs homologues de l’armée de Terre et de l’Air. Je prends l’exemple d’un accrochage. Le marin doit comprendre la situation tactique d’une patrouille ou d’un convoi pour ne pas entraver l’action des hommes chargés d’assurés sa protection. Deux éléments phares donc, l’usage des armes et les réflexes du combattant. Nous avons cependant bien conscience que les stagiaires qui séjournent chez nous sont des officiers supérieurs et des officiers mariniers supérieurs sans une pratique régulière du maniement des armes. Nous reprenons donc leur formation depuis son origine et selon la méthode d’Instruction Sur le Tir de Combat (ISTC) telle que nous l’appliquons actuellement à nos fusiliers marins.

Encore jeune, cette formation est-elle complète ?

Je ne peux pas encore vous répondre. En revanche nous demandons aux stagiaires de nous écrire deux semaines après leur arrivée sur le théâtre opérationnel ou dans leur nouvelle affectation afin d’adapter le stage suivant. A ce jour tous les retours d’informations nous laissent à penser que nous n’avons pas fait fausse route. S’il est vrai que ce stage est une nouveauté, je voudrais souligner que nous avions déjà une expérience de concours pour un stage réalisé dans le même esprit, le stage «CITERA/MEDICHOS médecins en milieu hostile » destiné aux médecins et infirmiers du service de santé des armées susceptibles de se trouver en première ligne. Finalement le sacops 1 aujourd’hui c’est un peu la même philosophie ; « avoir le bon réflexe au cas où » ; j’explique aux stagiaires à leur arrivée qu’en aucun cas, ils ne peuvent se permettre d’être un « boulet ».

Si ce projet a été mis en place c’est qu’il y avait une défaillance …

Je dirais plutôt qu’il y avait un manque pour le personnel hors fusiliers marins. Il y a deux ans, au sein de l’état-major ALFUSCO, l’un de nos secrétaires militaires a été projeté en Afghanistan dans une fonction d’assistant au commandement. Mais sur place, il a notamment eu un emploi de chauffeur d’autorité exposé au danger sans avoir obtenu de pré requis. Je ne nie pas que certains marins aient déjà travaillé dans un contexte interarmées avec une bonne perception du danger. Toutefois dans la grande majorité les hommes et femmes que nous recevons à l’école n’ont pas manipulé une arme depuis plus de dix ans.

Du côté de l’encadrement, rencontrez-vous des difficultés ?

Mes instructeurs sont tous enthousiastes. Mais il est vrai que nous tentons de surmonter des obstacles de deux ordres, liés à la mise en place du stage : d’une part concernant l’utilisation des infrastructures ; les stands de tirs sont aujourd’hui complètement saturés. D’autre part, le nombre d’instructeurs qualifiés ISTC a vocation à croître mais reste pour l’instant encore trop faible. Ces deux éléments réunis nous contraignent sur la programmation des stages. Néanmoins, nous travaillons sur ces points et je n’ai pas d’inquiétude pour les prochaines cessions.


Sources : © Marine nationale
Droits : Ministère des armées