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Interview - Marins du ciel, une double compétence

Mise à jour  : 08/06/2021 - Direction : SIRPA Marine

La tête dans les nuages, l’esprit concentré sur et sous les mers : tel est l’ADN des équipages de l’aéronautique navale. Sous-chef état-major entraînement/préparation opérationnelle de la Force de l’aéronautique navale, le capitaine de vaisseau Marc fait le point sur les missions confiées aux marins du ciel et les défis qu’ils relèvent quotidiennement.

COLS BLEUS : Quelles sont les composantes de la Force de l’aéronautique navale et leurs missions ?

CV MARC : La première, la patrouille de surveillance et d’intervention maritime (Patsimar), est basée à terre et met en œuvre des aéronefs destinés à opérer au-dessus de la mer. Elle regroupe les Atlantique 2 et les Falcon (Falcon 50 en métropole, Falcon 200 outre-mer). Elle assure des missions de défense maritime du territoire et de protection des forces à la mer (bâtiments de surface et sous-marins). Son rôle de soutien au profit de la force océanique stratégique (FOST), et en particulier de la dissuasion, est essentiel. Des ATL2 sont également employés en aéroterrestre pour des missions de renseignement (imagerie, électromagnétique, écoute des communications), d’attaque ou de coordination des moyens.

Deuxième composante Alavia, le groupe aérien embarqué (GAé) regroupe trois flottilles de Rafale et une de Hawkeye. Il est au cœur du système d’armes du porte-avions. Les Rafale du GAé participent au volet maritime de la composante nucléaire aéroportée, la force aéronavale nucléaire (FANu). Le GAé assure également des missions de projection de puissance contre la terre (missiles de croisières, bombes), de maîtrise des espaces aéromaritimes (lutte antinavires) et de renseignement.

Enfin, la composante hélicoptères opère depuis la terre (action de l’État en mer, protection de nos approches, alerte, sauvetage en mer, etc.) ou depuis la mer lorsqu’elle est embarquée sur les bâtiments de la force d’action navale (FAN) pour contribuer à la lutte contre le narcotrafic, la lutte anti-sous-marine ou le combat naval de manière plus générale. À noter la montée en puissance d’une 4e composante, celle des drones, qui ont vocation à être déployés notamment sur les frégates (FREMM, FREMM DA et FDI*) en soutien des hélicoptères embarqués.

 

C. B. : Comment les marins du ciel se préparent-ils à accomplir leurs missions ?

CV M. : Au cours de sa carrière, chaque marin du ciel suit un cursus spécifique, balisé en fonction de sa spécialité. Il repose sur trois piliers : le développement des compétences professionnelles aéronautiques et tactiques, le développement des compétences humaines avec notamment une évolution des responsabilités confiées tout au long de la carrière et enfin le transfert de savoirs des anciens vers les plus jeunes.

Pour avoir des équipages opérationnels en tout temps et en tout lieu, aptes à assurer les missions qui leur sont confiées, il faut continuellement s’entraîner. L’expertise se construit avec la difficulté croissante des exercices réalisés et la confrontation à des scénarios de plus en plus complexes. Vols d’entraînements et simulateurs sont complémentaires. Ces derniers sont particulièrement efficaces aux deux extrémités du spectre, à savoir l’acquisition de compétences purement techniques et la simulation de missions impliquant un grand nombre de moyens, dans un contexte de menaces avérées et de confrontation à des systèmes d’armes adverses.

Cela s’applique aux pilotes mais également aux TACCO (Tactical Coordinator) et à l’ensemble des navigants. Les techniciens ont eux aussi un rôle clef. Leur mission est claire : donner aux équipages les moyens de s’entraîner ou, selon le cas, de réaliser leurs missions en garantissant la sécurité des vols. On travaille en équipage, quel que soit l’aéronef !

 

C. B. : Quels sont les défis permanents auxquels est confrontée la Force de l’aéronautique navale ?

CV M. : Ils sont au nombre de quatre. Il nous faut tout d’abord être en mesure de réaliser les missions confiées, c’est-à-dire disposer d’équipages, de machines et de techniciens prêts en permanence. Le second est un défi humain : trouver constamment le bon équilibre entre formation et missions opérationnelles. Nous devons également adapter sans cesse notre entraînement aux nouveaux matériels, avec le concours du CEPA/10 S, des trois centres d’expertise, des experts des flottilles et des escadrilles. Et l’enjeu est de taille : d’ici 2035, tous les aéronefs dont nous disposons auront été soit rénovés, soit remplacés. Enfin, comme l’ensemble de la Marine, nous nous préparons aux conflits futurs, en adaptant notre entraînement via la préparation opérationnelle de haute intensité. C’est ce que nous ferons par exemple en fin d’année en participant à l’exercice multi-milieux et multi-champs Polaris 21, qui nous permettra d’évoluer aux côtés de la force océanique stratégique, de la force maritime des fusiliers marins et commandos et de la force d’action navale. Cet exercice permettra de confronter nos savoir-faire à des scénarios complexes, mettant en œuvre des menaces du haut du spectre réalistes des engagements futurs.

 

* Frégate multi-missions, frégate multi-missions à capacité de défense aérienne renforcée, frégate de défense et d’intervention.


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées