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Interview Vincent Martinot Lagarde, directeur des programmes Fremm DCNS.

Mise à jour  : 06/06/2011 - Auteur : EV Grégoire Chaumeil - Direction : SIRPA Marine

Pourquoi dit-on que le programme Fremm est le « plus grand projet naval européen » ?

Comme vous le savez, le programme Fremm comprend 11 frégates pour la France, 6 pour l’Italie. Par le nombre d’unité produite, c’est historiquement le plus important programme naval de surface jamais réalisé en Europe. Les Etats-Unis font des séries qui atteignent cinquante ou soixante unités. Nous n’en sommes naturellement pas encore là même si on s’en rapproche. Nous sommes donc en présence d’un défi industriel et technologique des plus ambitieux.

Comment assurer coûte que coûte le rythme de production d’une frégate tous les dix mois ?

Si la totalité des frégates est assemblée sur la base d’une coque et d’une architecture commune nous avons dû toutefois repenser notre méthode de conduite de programme. L’outil industriel de DCNS à Lorient a été donc revu. Nous avons fait des investissements à la mesure du projet pour rendre le site plus compatible avec ce rythme de production. Je pense particulièrement à une machine de découpe plasma, à des robots de soudages ou encore à un banc de soudage de plus grande dimension. Cette modernisation du chantier permet une réduction significative des délais de réalisation des travaux de coque. Néanmoins, la réorganisation industrielle a été rendu possible grâce aux perspectives financières de cette série programmée à grande échelle. Nous bénéficions ainsi d’une meilleure adéquation entre capacité de production et compétitivité. Sachez enfin que ce planning soutenu nous laisse encore la place pour la construction simultanée de bâtiments à l’export et de produire une frégate tous les 7 mois tout en respectant les besoins de la Marine.

Le projet Fremm est-il une nouvelle façon de repenser l’architecture navale ?

C’est un mélange de rupture et de continuité. L’expertise de DCNS en matière de construction naval bénéficie naturellement à la Fremm. Mais nous devons aussi prendre en compte des technologies qui évoluent sur des rythmes de 10, 20, 30 ans. Ce qui n’est pas évident, c’est de concilier deux  objectifs : réaliser un navire dans sa dimension physique et être à la pointe de la technologie. C’est pour cette raison que nous entreprenons d’abord d’assembler l’enveloppe du navire, de figer les interfaces physiques afin de se laisser suffisamment de temps pour développer les parties fonctionnelles et logicielles et découpler ces deux problématiques. Autre difficulté, la spécificité de la Fremm comme pour un sous-marin, c’est sa densité. Le défi consiste à faire cohabiter dans un espace réduit tout un ensemble de systèmes particulièrement évolués. En fait, nous inventons l’avenir. Mais il faut savoir que sur la durée du contrat qui nous amène jusqu’en 2022, il y a un engagement d’industrie à traiter les obsolescences et à incorporer les nouvelles technologies.

La Fremm évoluera donc inévitablement…

Dès la signature du contrat  en 2005, des dispositions ont été prises par les industriels et les opérationnels pour permettre cette marge d’évolution. Dans un environnement mondial soumis à des changements permanents la menace évolue et DCNS doit concevoir des navires avec un certain de dégréé d’adaptabilité. Prenez l’exemple du drone : le central opérations de l’Aquitaine a été préconçu pour permettre  l’ajout d’une console dédiée aux activités des systèmes drones.

Que peut-on dire sur la future maintenance du navire ?

Là aussi, c’est une avancée significative. Les Fremm bénéficieront d’un contrat de Maintien en Condition Opérationnelle de six ans, deux fois plus que pour les anciennes frégates. Et le poids de la maintenance sur l’activité opérationnelle du bateau sera réduit. Nous prévoyons un grand carénage de six mois tous les 10 ans et des périodes d’entretien courant limitées à 2 mois tous les 3 ans.

Quel rôle joue L’Occar dans le programme Fremm ?

L’Occar, organisation conjointe de coopération en matière d’armement, a pour vocation de faciliter et d’assurer la gestion de programmes d’armement et de démonstrateurs technologiques européens. Elle agit au nom et pour le compte des nations participantes, ses clients, en considérant l’ensemble du cycle de vie des systèmes qu’elle fait réaliser par l’industrie. L’Occar gère par exemple le programme de transport militaire Airbus A400M, le programme d’hélicoptère de combat Tigre ou le programme de famille de systèmes de surface-air-futur (FSAF).

Dans le cas de la Fremm, l’Occar est donc l’autorité contractante qui gère le programme. L’Occar agit au nom des Etats participants : la France et l’Italie. L’équipe de programme de l’Occar travaille bien sur en étroite collaboration avec la Marine et la DGA. En particulier, la DGA fournit l’expertise technique nécessaire et ses moyens d’essai dans le cadre du développement des Fremm.

De quelle manière coopère-t-on avec l’Italie ?

La coopération franco-italienne dans le cadre du programme Fremm a permis de dégager de réelles synergies pour la définition des navires, le développement et les achats des équipements en commun. Le choix a été fait de mettre en commun l’acquisition des sous-systèmes majeurs qui sont la guerre électronique, les moteurs électriques de propulsion et les turbines à gaz. Grâce à la mutualisation de ces équipements, cette coopération a généré d’importants gains financiers.

EV Grégoire Chaumeil


Sources : © Marine nationale
Droits : Ministère des armées