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Sainte Cécile : la Musique des équipages de la flotte fête ses 190 ans

Mise à jour  : 23/11/2017 - Direction : SIRPA Marine

Pour célébrer la Sainte-Cécile, sainte patronne des musiciens, et ses 190 ans, l’orchestre de la Musique des équipages de la flotte (MEF) donne un concert à l’opéra de Toulon le dimanche 26 novembre. Rencontre avec Marc Sury, son chef d’orchestre depuis 11 ans.

Cols Bleus : Pourquoi fête-t-on la Sainte-Cécile ?

Marc Sury : La Sainte-Cécile est la sainte patronne des musiciens. Bon nombre d’orchestres célèbrent Sainte-Cécile. C’est l’occasion, en particulier pour les musiciens, de faire un concert de gala.

Nous fêtons cette année le 190e anniversaire de la Musique de la marine qui est, historiquement, du point de vue des musiques institutionnelles, la plus vieille musique militaire de France.

 

C.B. : Justement, comment est apparue la Musique des équipages de la flotte?

M.S. : La marine a longtemps eu un groupe instrumental embarqué. A bord, il y avait des groupes constitués de tambours et de fifres. Ces musiciens faisaient partie de l’équipage. A la même période, à terre, les troupes de marine disposaient de musiques constituées de musiciens gagistes payés par les officiers des régiments. Les musiques ont été confrontées à la difficulté de recruter, de payer et de fidéliser.

L’Etat a donc décidé de prendre à sa charge les musiques militaires françaises et de les institutionnaliser. A la suite de cette décision étatique, la marine a créé la Musique des équipages de la flotte de Brest et la Musique des équipages de la flotte Toulon en 1827. Elles étaient composées de 27 musiciens. Elles ont fusionné en 2013.

 

C.B. : Qu’est-ce qui la différencie des autres musiques militaires ?

M.S. : L’appartenance à la marine. Cela peut paraître banal, mais pas tant que ça. Si les musiciens se sentent avant tout musiciens et artistes, ils ont pleinement conscience de servir la marine. Il y a un sentiment d’appartenance. Il peut être vu et senti lorsqu’un bâtiment de surface ou un sous-marin rentre de mission avec les familles à quai, où la musique participe à cet accueil.

Cette musique a une autre spécificité : il s’agit de la seule musique militaire française à être intégrée à la saison d’un opéra. C’est-à-dire que l’opéra de Toulon nous programme dans sa saison quatre à cinq fois par an. Tous les concerts sont gratuits. C’est aussi l’un des plus grands orchestres militaires en France avec la garde et la musique de l’Air.

 

C.B. : Et d’un point de vue musical ?

M.S. : L’orchestre est composé de 76 musiciens, dirigés par deux officiers. Lorsque nous donnons un concert, nous renouvelons entièrement le programme. Nous tentons de donner un programme éclectique, allant de la variété au jazz, en passant par le classique. La grande particularité de notre musique est qu’elle possède en son sein jusqu’à 12 sous-ensembles, qui peuvent se produire indifféremment.

Par exemple, nous avons un quatuor de saxophones, un sextuor de clarinettes, un ensemble de jazz, de percussions, de musique de chambre, un big band… Nous sommes capables de répondre à de multiples sollicitations, qu’elles soient militaires ou civiles.

 

C.B. : Comment l’orchestre se prépare-t-il ?

M.S. : En général, les matinées sont réservées au travail de répétition en orchestre ou en groupe, et les après-midis sont dévolus au travail personnel et individuel des musiciens, qui doivent garder un niveau individuel d’excellence pour s’intégrer au mieux aux répétitions d’orchestre. Notre travail de répétition est très proche de celui d’un orchestre civil.

 

C.B. : Comment intègre-t-on la Musique des équipages de la flotte ?

M.S. : Le recrutement des musiciens implique de détenir au minimum un prix de conservatoire. La plupart de nos jeunes musiciens sont issus des conservatoires nationaux supérieurs tels que Lyon, Paris voire Genève. La barre est placée très haute.

 

C.B. : Y aura-t-il une programmation spéciale pour le concert de dimanche ?

M.S. : Le programme n’est pas forcément axé sur le 190e anniversaire, mais ce sera un programme de haut vol. Toutefois, un concert reste un concert. Il n’y a pas plus de pression que pour un autre concert. Quand on est artiste, militaire ou civil, avant d’entrer sur scène, il y a toujours un moment de stress. Et c’est important qu’il existe.

Mais une fois que je suis au pupitre et que je dirige, tout cela s’évapore, je rentre dans le métier et la musique. Dimanche, il y aura entre 1200 et 1300 personnes. Il y a une fusion avec le public. C’est l’un des grands moments de partage du métier. Cela fait partie du rayonnement de la marine : on vend un savoir-faire, un savoir-être, une image.

 

C.B. : A titre personnel, comment-êtes-vous arrivé à devenir chef d’orchestre de la Musique des équipages et de la flotte ?

M.S. : J’ai commencé la musique vers 9 ans. Je suis Ch’ti, du Nord. Je le dis, car le Nord de la France est culturellement et historiquement le lieu où il y a le plus de formations musicales à  vent, ou ce que l’on nommait dans les villages « harmonie ». J’ai fait mon service militaire en 1979 au sein d’une musique militaire. Je me suis alors dit : pourquoi ne pas y rester ? Et j’en ai fait mon métier. Je me suis donc engagé en 1980. Après, je me suis dit : tu es musicien, pourquoi ne pas passer des concours pour devenir chef ? J’ai réussi mon premier concours de direction en 1987.

Je suis militaire depuis 38 ans, mais je ne sers la Marine que depuis 2005. Avant d’intégrer la marine, j’ai dirigé pendant 8 ans la musique de la Légion étrangère à Aubagne. J’ai ensuite dirigé la Musique des équipages et de la flotte à Brest entre 2005 et 2006 et je suis arrivé à Toulon en 2006. Quand on est chef de musique dans les armées, on a une capacité interarmées. Aujourd’hui je suis très heureux et je compte bien rester au sein de la marine!

 

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Propos recueillis par l’ASP Alexandre Bergalasse


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées