Le 7 mai 2018, la frégate de surveillance (FS) Prairial s’est présentée pour mouiller au large de l’île de Pâques. Ce morceau de terre parmi les plus isolés du monde est une étape bien connue des longues traversées de l’océan Pacifique vers les côtes sud-américaines. Célèbre pour ses moaïs, monolithes de pierre taillés par les premiers peuples polynésiens, l’île est aujourd’hui un territoire d’outre-mer chilien.
A l’arrivée, le bâtiment a été accueilli par l’ambassadeur de France au Chili, reçu à bord avec les autorités civiles et militaires de l’île. A l’ordre du jour, les intérêts communs que partagent la France et le Chili dans le Pacifique, la coopération navale, ainsi que de nombreux échanges sur les enjeux de la présence française dans le triangle ethnoculturel polynésien.
De Tahiti à l’île de Pâques, d’Hawaï à la Nouvelle Zélande, le Prairial évolue en effet en permanence dans cette vaste zone, emprise de réflexions sur les changements environnementaux, les intérêts géostratégiques ou l’émergence certaine d’axes de trafics illégaux.
Sur l’île de Pâques, il n’existe aucun port ou mouillage protégé capable d’accueillir un bâtiment de la taille d’une frégate de surveillance. Ballotée par une houle grossissant et des rafales de vent à plus de 45 nœuds, la fraction de service au mouillage s’est vue contrainte de sonner à la corne le signal « ∙ − − ∙ » , de hisser le pavillon « PAPA » dans la mature, ordre de ralliement immédiat des permissionnaires en vue d’un appareillage d’urgence, et d’utiliser quelques moyens plus modernes tels que mails et sms. Grâce au précieux concours de l’Armada du Chili, l’équipage a pu regagner le bord rapidement, se préparer à la manœuvre puis finalement quitter la côte avant que la tenue au mouillage ne soit définitivement compromise.
Le 27 avril 2018, la frégate Prairial a appareillé de Papeete pour une mission vers l’est du Pacifique pour une durée totale de plus de trois mois. Après une première relâche aux îles Gambier dans l’extrême sud-est de la Polynésie française, non loin de l’atoll de Mururoa, le bâtiment doit ensuite se rendre au Chili, au Pérou, en Californie et à Hawaï. Cette mission doit consolider les liens entre la France et les marines riveraines du Pacifique. D’une part le bâtiment intégrera la force interalliée JIATF-S* qui agit contre le narcotrafic, d’autre part il participera à l’exercice RIMPAC 2018 au large d’Hawaï. Ce dernier constitue le plus grand exercice naval multinational du monde, rassemblant plus de 25 000 marins, 52 navires de surface, 5 sous-marins et 200 aéronefs. Depuis plusieurs éditions, le Prairial y est l’unique bâtiment européen à participer.
* Joint InterAgency Task Force-South
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées