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Serpentex : Quand l’exercice se fait laboratoire

Mise à jour  : 13/06/2012 - Auteur : Lieutenant Marianne Jeune - Direction : Armée de l'Air et de l'Espace

Dans le domaine de l’appui aérien rapproché, Serpentex est la référence européenne des exercices interarmées et interalliés. Il vise, d’une part, à former les équipages au sol et en vol avant un déploiement sur un théâtre d’opérations extérieures. D’autre part, il représente une occasion de tester du matériel et des procédures nouvelles.

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Parmi les grands exercices interarmées et internationaux connus des armées de l’air du monde entier, Serpentex tient aujourd’hui une bonne place. Il fait son chemin dans la cour des grands Red flag, Cruzex et autre Maple Flag, qui font rêver les jeunes aviateurs. En termes d’appui aérien rapproché (CAS–Close air support), Serpentex est ainsi devenu incontournable pour éprouver les équipages des chasseurs ainsi que les spécialistes du guidage aérien au sol. Pilotes ou contrôleurs aériens avancés (Forward Air Controller – FAC) se rendent deux fois par an sur la base aérienne 126 de Solenzara, en Corse, pour cet entraînement opérationnel de premier choix avant d’être déployés sur le théâtre afghan.
Du 26 mars au 6 avril 2012, la dernière édition de Serpentex a connu un véritable succès au vu du nombre et de la variété de ses participants. Elle a réuni près de 550 militaires internationaux. Des équipes de JTAC (Joint Terminal Attack Controller - équipes de contrôle et d’appui aérien) américaines, anglaises, espagnoles, italiennes, allemandes et belges se sont entraînées aux côtés de leurs homologues français des trois commandos parachutistes de l’air (CPA n°10, n°20 et n°30) et de l’armée de terre. La variété était aussi de mise côtés moyens aériens puisque l’exercice a vu la participation de neuf types d’aéronefs différents sur un total de 33. Huit Mirage 2000 D, cinq Rafale de l’armée de l’air, trois Mirage F1, trois Mirage 2000 N, un C 160 et deux Hawk de la Royal Air Force ont décollé depuis la plateforme de Solenzara. Des Rafale et des Super étendard de la marine nationale ont participé à partir du porte-avions Charles de Gaulle. De plus, quatre F-18 espagnols, quatre Tornado et deux AM-X italiens ont réalisé des missions au profit de Serpentex depuis leur propre base aérienne d’appartenance.

Un exercice de référence

Outre la qualité des scénarios d’entraînement et l’espace aéroterrestre ultra-réaliste qui rappelle parfaitement le théâtre afghan, Serpentex jouit d’un autre avantage, celui de co-localiser sur la base aérienne 126 de Solenzara les pilotes et les troupes au sol. Ainsi, ces militaires de cultures différentes ont l’occasion de se rencontrer, d’échanger, de réaliser des débriefings en face à face. Enfin, pour les FAC au sol, le nombre et la variété des aéronefs est un atout majeur. « C’est sensationnel, s’exclame un FAC français. On travaille avec toutes sortes de nationalités, d’équipements et d’armements différents. Au sol, on échange avec des FAC plus expérimentés sur les techniques de guidage. » Et pourquoi ne pas profiter de cet environnement d’excellence dans le domaine de l’appui aérien rapproché et de la disponibilité rare de moyens déployés pour aller plus loin ? Serpentex représente ainsi une bonne occasion d’expérimenter et de développer de nouveaux matériels et procédures. Quelques exemples phares.

Liaisons de données et Digital CAS

Durant la dernière édition de l’exercice, une équipe du centre d’expériences aériennes militaires (CEAM) a mis en œuvre quotidiennement la liaison de donnée tactique L16. Cette liaison offre la possibilité de transmettre et de recevoir des informations tactiques, c'est-à-dire qu’elle instaure un dialogue numérique entre les avions et le personnel au sol, qu’il s’agisse des FAC ou de la cellule de commandement et de contrôle des opérations. Quelques aviateurs du centre des systèmes d’informations opérationnels (CSIO), stationné sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, étaient également déployés à Solenzara afin de réaliser des missions de Digital CAS (Close Air Support - appui aérien rapproché). Grâce à cette méthode, un certain nombre d’information, telles que la demande d’appui aérien ou la désignation d’objectifs, est transmise numériquement par L16, alors qu'elles l’étaient par radio auparavant.

Un gilet de combat pour les forces spéciales

Le Modular Tactical System (MTS) d’un équipementier américain est une innovation développée pour les forces spéciales d’outre atlantique. Durant Serpentex, les commandos parachutistes de l’air d’Orléans (CPA n°10) expérimentent cette tenue qui intègre tous les équipements électroniques nécessaires au contrôleur aérien avancé sur le terrain. Le MTS se compose de différents éléments pouvant être ajoutés ou enlevés en fonction des besoins. Intégré dans un gilet, une sorte d’unité centrale puissante possède différents ports de communication spécifique à une utilisation militaire, acceptant ainsi toutes les transmissions de nouvelle génération. Affichant une autonomie de 18 à 40 heures selon son utilisation, l’unité centrale est alimentée par une pile standard ou branchée sur secteur. Il est possible également d’y ajouter de petits panneaux solaires. Le deuxième élément indispensable est l’écran tactile de 16 pouces de diagonale, à la fois simple d’utilisation et résolument adapté aux opérations. Pour exemple, il fonctionne même lorsque le FAC porte des gants de combat ! D’autres applications ont aussi été pensées pour une utilisation par un combattant de terrain, comme les commandes de gestion des transmissions directement intégrées sur l’écran, là où elles se trouvaient à l’arrière du sac à dos auparavant ce qui nécessitait l’aide d’un partenaire. Sur cet écran, le FAC peut également visualiser l’image recueillie en vol par un chasseur pourvu du système Rover et renvoyer la nine-line (formulaire codifié comprenant neuf champs d’informations indispensables pour le tir) vers le chasseur.
Selon un spécialiste du CPA n°10 en charge d’évaluer la pertinence d’intégrer un tel système dans les forces, « avec ce gilet, on passe en quelque sorte de la boite à outil au couteau suisse. Ce gilet léger, compact et rapide d’utilisation permet par ailleurs au combattant de se consacrer davantage à sa protection lorsqu’il est pris sous le feu. C’est pour moi un véritable gage d’efficacité ! »


Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
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