Éclairage sur l’équipe en charge du montage d’un exercice majeur tel que Maple Flag 47, qui se déroulera au Canada du 26 mai au 20 juin 2014. Cinq acteurs clés apportent leur expertise au directeur de l’exercice.
L’officier projet, chef d’orchestre du montage d’un exercice
Amener un exercice, du début à son terme, dans les meilleures conditions possibles. Voici le crédo de l’officier projet, plus techniquement appelé OPR (Officer with Primary Responsability) ou officier de marque. Véritable chef d’orchestre, il coordonne les missions des membres de l’équipe de préparation. « C’est une fonction très enrichissante qui nous permet d’aborder plusieurs champs d’action, confie le lieutenant-colonel Didier Sanchez, OPR de Maple Flag 47. On prend les conseils de chacun et on approfondit nos connaissances dans les différents domaines, que ce soit au niveau de l’humain, de l’opérationnel ou du technique. » L’officier projet est nommé dès la publication du Livre bleu des exercices. Bras droit du directeur de l’exercice, il est le pilier du processus de montage. C’est lui qui constitue l’équipe avec laquelle il va mener à bien la préparation et qui organise les réunions. C’est également lui qui rédige les rapports et les documents officiels (ordre particulier d’exercice, spécificités d’exercice…) tout en assurant l’interface entre les unités et le commandement.
L’OPR mène ces travaux à partir des besoins d’entraînement des forces. « Nous basons notre action sur les objectifs préalablement définis par le Livre bleu, explique le lieutenant-colonel Sanchez. Cette année, l’exercice Maple Flag aura pour vocation principale l’entraînement à l’Entry Force (capacité à entrer en premier). Nous identifions donc les moyens des différents commandements et des différents escadrons pour pouvoir construire les scenarios les plus réalistes possibles. Et plus on approche de l’exercice, plus on rentre dans le détail. » Autre variable à prendre en compte, la méthode de travail de la nation hôte. « Le challenge de l’OPR, qui peut être amené à monter plusieurs exercices simultanément, c’est de s’adapter aux méthodes de préparation qui diffèrent d’un pays à un autre, poursuit l’officier. Il faut tenir compte du tempo de chaque nation. Le montage, c’est très théorique, mais c’est aussi très variable et adaptatif. Et de conclure : Œuvrer dans un milieu international, voire interarmées, rend ce travail passionnant. En venant au Canada nous avons même collaboré avec des Chiliens. Côtoyer toutes ces personnes venant d'horizons différents, chacun ayant son domaine d’expertise, est réellement enrichissant. »
Le chef des opérations au cœur de la construction du scenario de l’exercice
Canadiens, Chiliens, Hollandais, Belges… Lors de la Final Planning Conference (FPC – conférence de planification finale), le commandant Edith Mandi est sollicité par tous les escadrons et unités participantes. Sa mission : planifier l’ensemble du volet opérationnel des Français et prévoir les missions qui permettront d’atteindre les objectifs d’entraînement fixés. Un travail de longue haleine qu’elle connaît bien pour avoir déjà occupé cette fonction lors du précédent Maple Flag. Pilote au sein du commandement des forces aériennes stratégiques, son objectif est de donner l’opportunité aux pilotes de chasse et de transport participant à l’exercice de se qualifier en tant que Mission Commander (chef de mission). Elle suit donc la trame de la règle des quatre « T » - Task (objectif), Targets (cibles), Threats (menaces) et Tactics (tactiques) - pour construire avec les autres nations un exercice répondant aux exigences d’entraînement des forces. « Les escadrons nous communiquent leurs objectifs et leurs besoins, explique le commandant Mandi. À nous de trouver les moyens pour y répondre. »
Définir l’allocation de munitions, obtenir les tracés pour les suivis de terrain, évaluer les possibilités de largage de colis, identifier les moyens de communication entre les appareils, tout en tenant compte de la réglementation en vigueur dans l’espace aérien canadien… Voici quelques exemples de préoccupations du chef des opérations. Lors de la FPC, le commandant Mandi a pu directement traiter avec ses homologues étrangers. « Pour la partie chasse, les Canadiens avaient déjà un canevas, confie-t-elle à la fin de la FPC. Chacune des nations a communiqué ses besoins et ses moyens ce qui permettra à la Royal Canadian Air Force de monter le scenario de guerre. Le plan transport, quant à lui, dépend des missions fixées préalablement par les troupes au sol, qui restent encore à éclaircir. Mais nous avons bien avancé. Il faut maintenant programmer les vols des différents pilotes avec leurs commandants d’escadrille. » Satisfaite de travailler en milieu interallié, voire international, le commandant Mandi sera chargé, pendant l’exercice, de la conduite des opérations, en veillant à respecter la planification prévue.
Le commandant tactique des systèmes d’information et de communications, au service des opérations
« Le travail collectif a été à son apogée ». C’est ainsi que le capitaine Marc Venturi, commandant tactique des systèmes d’information et de communications air (COMTAC SIC air) pour Maple Flag 47, résume la phase de préparation de l’exercice. Sa mission : créer une architecture SIC propre aux besoins de chacun et qui soit opérationnelle à plus de 7000 kilomètres du territoire français. « Il a tout d’abord fallu comprendre l’exercice et collecter les demandes de chaque entité du détachement français, explique le capitaine Venturi. Ensuite nous avons imaginé la construction de deux bulles SIC différentes avec d’une part Internet et d’autre part Intradef, sur lequel des postes seront dédiés à l’utilisation du logiciel ATAMS, à destination des mécaniciens. »
Pour élaborer cette architecture, l’équipe SIC s’est non seulement appuyée sur les retours d’expérience du dernier Maple Flag auquel l’armée de l’air française a participé, mais également sur l’infrastructure d’accueil visitée au cours de l’Initial Planning Conference (IPC – conférence de planification initiale) en décembre 2013. « À cette occasion, un catalogue référençant les moyens pouvant être mis à disposition par les Canadiens nous a été proposé, poursuit le capitaine. Nous avons alors pioché dedans en fonction de nos propres moyens et de nos besoins. Pour le matériel radio, nous allons par exemple louer le matériel à la nation hôte. »
Mais le travail des experts SIC ne s’arrête pas là. Quelques jours avant l’exercice, un échelon précurseur de six techniciens atterrira sur la base aérienne de Cold Lake pour préparer l’arrivée du détachement français. « Il est important que tout soit prêt le jour J, souligne le COMTAC SIC air. D’où la nécessité d’être précis sur le matériel que l’on va amener. Et pour optimiser notre soutien, quatre spécialistes seront sur place pendant toute la durée de l’exercice. Ma priorité est de privilégier le travail qualitatif ». Un travail qui a été facilité par une action collective sans faille. « Les unités opérationnelles ont fait preuve d’une grande réactivité dans l’expression de leurs besoins, s’enthousiasme le capitaine Venturi. Le dialogue a été permanent entre les différents échelons pour cadrer les demandes. Nous n’avons donc pas rencontré de grande difficulté lors de ce montage d’exercice. »
Le coordinateur logistique, responsable des aspects technico-logistiques
Planifier le déploiement du personnel, gérer le transport transatlantique des munitions, choisir les hangars d’accueil des aéronefs… Le coordinateur logistique (CORLOG) d’un exercice tel que Maple Flag 47 ne manque pas d’occupations. À l’écoute des escadrons et de leurs besoins, il mène l’ensemble de la coordination logistique de l’exercice. Un rôle qui s’annonce primordial dès les premières étapes de la préparation. « Le CORLOG intervient bien avant l’Initial Planning Conference (IPC – conférence de planification initiale), explique la représentante du CORLOG à Ottawa, lors de la Final Planning Conference (FPC). Dès que les participants sont identifiés, il recueille les desiderata de chacun des chefs de détachement et veille à les satisfaire au mieux. L’IPC lui permet ensuite de se rendre sur le lieu de l’exercice pour savoir si la plateforme permet un accueil satisfaisant de nos aéronefs, pour visiter les locaux destinés aux différents ateliers ou encore pour évaluer les possibilités de stockage des lots techniques. » À partir de cet état des lieux, le CORLOG pourra préparer le Support Requisition (arrangement technico-opérationnel), document officiel signé par la nation hôte à l’issue de la FPC.
Garant de tous les soutiens afférents à l’activité opérationnelle, de l’armement au carburant en passant par la santé, le lieutenant-colonel Richard Desumeur, CORLOG de Maple Flag 47, doit s’assurer de l’adéquation entre les missions prévues et les moyens et effectifs mis en place. « Le plus difficile est de gérer la coordination entre les différentes entités participantes, concède sa représentante. Surtout dans le cas de Maple Flag 47 dans lequel plusieurs types d’avions et de nombreuses bases sont engagés ». Le CORLOG coordonne donc les actions avec les différents responsables techniques du détachement afin de rationaliser la manœuvre logistique et définir au mieux le calendrier de mise en place. Le déploiement du détachement, la relève et le repli font ainsi partie de ses priorités. Il doit proposer un plan de mise en place, aller et retour, trois mois minimum avant l’exercice. Le 8 janvier 2014, lors de la première réunion de l’équipe de préparation de Maple Flag 47, le lieutenant-colonel Desumeur a donc exposé son projet et les problématiques du convoyage. « Je table sur 150 tonnes et 800 m3 de fret, du groupe électrogène à l’imprimante en passant par les réacteurs avion », estimait-il en janvier. Des chiffres qui se sont affinés aujourd’hui, le manning (effectif participant) étant définitivement établi. « Mener un projet qui va prochainement se concrétiser est très enthousiasmant, confie le CORLOG. C’est avant tout une aventure humaine. Je souhaite que les participants aient le sourire pendant l’exercice, tout en satisfaisant le besoin opérationnel. » Rendez-vous le 20 mai pour le départ du convoyage !
Le commissaire exercice, garant des finances et de la réglementation
Le budget consacré à Maple Flag 47, fixé par le Livre bleu 2014, est ancré dans l’esprit de la commissaire exercice. Établir une ligne budgétaire est le premier défi du lieutenant Aurélie Lecam. Assistée d’une comptable de la section finances de la sous-chefferie « Plans, exercices, évaluations » (P2E), elle planifie les dépenses en tenant compte des besoins du détachement. « Je travaille de concert avec le coordinateur logistique, souligne la commissaire. Nous sommes complémentaires puisque je m’occupe de tout ce qui a trait à la logistique non opérationnelle. » Repérer les lieux d’hébergement du personnel, recenser les sociétés de location de véhicules, trouver des accords avec les stations services locales pour faciliter les paiements… Tout est passé au peigne fin par l’équipe financière.
La spécificité du métier de commissaire implique également que le lieutenant Lecam est le référent du directeur de l’exercice pour les aspects juridiques incombant à Maple Flag 47. C’est donc logiquement qu’elle était présente à Ottawa pour la Final Planning Conference (FPC - conférence de planification finale). Rendez-vous incontournable pour le commissaire exercice, cette réunion finale se prépare des mois à l’avance. « Tout se construit au fur et à mesure, explique-t-elle. La ligne budgétaire s’affine dès que l’on s’approche de l’exercice. L’essentiel est de se fixer des priorités. Pour ma part, ce sont les conditions de logement du personnel et les frais de missions. Au-delà de l’aspect financier, c’est une réflexion permanente pour allier le bien-être des participants et ainsi l’efficacité opérationnelle avec le respect des directives. »
Arrivée sur le territoire canadien pour la FPC, la commissaire lieutenant Lecam était résolument déterminée à négocier directement les coûts avec la nation hôte. Les tarifs des sorties aériennes, des repas, des soins médicaux et des locations des hangars étaient à l’ordre du jour. Après une préparation minutieuse en liaison avec l’officier projet, la commissaire a rencontré son homologue. « Les Canadiens étant très à l’écoute, nos objectifs ont globalement été atteints, se félicite-t-elle. Nous avons obtenu gain de cause, pas forcement de la manière dont on l’imaginait, mais nous avons décroché des réductions budgétaires. Ce fut une rencontre très productive ! »
Volontaire pour vivre cette nouvelle expérience, la commissaire lieutenant Lecam est prête à recommencer. « Cette fonction me permet d’être en lien avec l’ensemble des organisateurs ce qui est très enrichissant, confie-t-elle. Chacun œuvre dans son domaine de prédilection mais les avancements des uns ont des incidences sur le travail des autres. Cette interaction est fascinante. »
Source : Armée de l'Air et de l'Espace
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