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L’École des pupilles de l’air

Mise à jour  : 22/11/2016 - Auteur : Lieutenant Julie Beck - Direction : Armée de l'Air et de l'Espace

Située à dix minutes de Grenoble, l’École des pupilles de l’air est le seul lycée de la Défense de l’Armée de l’Air. Créé en 1941 pour venir en aide aux familles de l’aéronautique militaire et civile, il est aujourd’hui ouvert à tous les élèves, de la 6e aux classes préparatoires, qui répondent aux critères d’admission. Immersion.

  • L’EPA, une école avant tout
  • Internat d’excellence
  • Trois questions au … proviseur de l’école
  • Classes préparatoires : un cursus particulier
  • Paroles d’élèves
  • Un peu d’histoire

L’EPA, une école avant tout

Chaque année, l’École des pupilles de l’air accueille environ 700 élèves, majoritairement des internes. De la 6e aux classes préparatoires, l’école offre une structure stable : un collège, un lycée avec une section d’enseignement professionnel (gestion et administration) et des classes post-bac à dominante scientifique (classes préparatoires aux grandes écoles, ainsi qu’une classe préparatoire aux études supérieures). Il se distingue des autres lycées de la Défense par son mode de recrutement qui repose prioritairement sur des critères sociaux et familiaux. « La vocation sociale de l’école va s’affirmer davantage dans les années à venir, confie le colonel Emmanuel Naëgelen, commandant l’École des pupilles de l’air. L’école doit accentuer cet aspect pour mieux répondre aux besoins des familles de militaires très fortement sollicités en opérations extérieures. Dans la continuité du plan Égalité des chances mis en œuvre par l’EPA depuis son lancement en 2008, nous allons également devoir augmenter le nombre de boursiers dans notre établissement en leur ouvrant plus de places au collège. »

Les cours sont dispensés par des enseignants détachés de l’Éducation nationale, qui participent également à l’épanouissement personnel des élèves. « Nous sommes dans une structure avec un internat long, explique monsieur Sola, professeur de musique. Notre rôle est aussi d’offrir une ouverture culturelle aux internes. » Le sport est l’unique matière enseignée par des militaires, sous-officiers moniteurs de sport. « Ils s’associent pleinement à la vie de l’établissement, confie Karine Froment, proviseure de l’EPA. Ils notent les élèves, assistent aux conseils de classe. » Escalade, athlétisme, badminton,… les sports pratiqués sont nombreux et les cours toujours maintenus ! « Notre organisation nous permet d’avoir un moniteur de sport titulaire et un remplaçant à chaque cours », nous confie le capitaine Alain, chef du service des sports.

Un climat studieux règne au sein de l’établissement. Classes de 24 élèves au maximum, études surveillées avec soutien scolaire et devoirs assurés en dehors des heures de cours contribuent incontestablement aux bons résultats de l’école. En 2016, 97,5% des élèves de l’EPA ont obtenu leur baccalauréat.

La vocation sociale prime pour les collégiens et les lycéens

L’école a comme vocation l’aide à la famille pour les collégiens et les lycéens. Sont admis principalement les enfants du personnel de la Défense. Les orphelins de la famille aéronautique, civile ou militaire, sont des ayants droit prioritaires. Au collège et au lycée, presque un enfant sur dix est orphelin. À cet égard, l’école participe depuis 2008 au plan Égalité des chances. Elle accueille 15% d’enfants méritants issus de milieux défavorisés au lycée et 20 étudiants en classe préparatoire aux études supérieures.

Pour assurer la mission de l’école, son commandant dispose de deux directions : internat et études. La première est assurée par le commandant en second de l’école, la seconde par un proviseur détaché de l’Éducation Nationale. « La symbiose entre Éducation nationale et Défense fonctionne, explique le colonel Emmanuel Naëgelen. Il faut simplement respecter les compétences de chacun. De plus, nous participons tous au rôle éducatif vis-à-vis des élèves, c’est ce qui fait aussi la différence. » Un dialogue permanent entre les deux directions est en place et des projets communs se développent. « Nous développons actuellement un projet de campus numérique sur l’EPA, détaille le colonel Naëgelen. Nous souhaitons mettre à disposition des élèves tous les supports pédagogiques élaborés par les professeurs. »

Internat d’excellence

En dehors du temps scolaire et des week-ends, sous-officiers et militaires du rang sont chargés d’assurer la surveillance et la continuité éducative. Volontaires, ces aviateurs ont un rôle primordial dans l’éducation des enfants. « Nous veillons à la sécurité des élèves au sein de l’internat, mais également à leur bien-être », nous précise l’adjudant Sébastien, éducateur. En l’absence des parents, ils sont les référents adultes et inculquent aux enfants les valeurs de politesse, de respect et l’esprit de camaraderie.

Issus de toutes les spécialités de l’Armée de l’Air, ces militaires suivent une formation professionnelle initiale et continue. Ils ont un livret de parrainage et un livret de compétences à acquérir. « Nous sommes recrutés sur prospection, explique une jeune éducatrice. Pour être ensuite sélectionnés, nous réalisons un essai de quatre jours et avons un entretien avec le directeur de l’internat, l’assistante sociale et la psychologue clinicienne. »

L’environnement privilégié de l’école allie tous les avantages de la ville aux activités de la montagne. La vie associative et culturelle est riche. Activités, sorties, voyages, défis sportifs ou à caractère humanitaire sont organisés sur le temps extrascolaire, le mercredi après-midi et le week-end. Certains professeurs sont également impliqués dans la vie en dehors des heures ouvrables de l’école. « Ça m’arrive de venir le soir ou le mercredi après-midi pour organiser des cours de musique, nous indique M. Sola, professeur de musique. C’est comme une petite famille ici, avec les bons et les mauvais côtés de la proximité. Mon rôle est d’apaiser les tensions et de favoriser l’ouverture de chacun. »

Charte « Internat d’excellence »

Destiné à renforcer l’égalité des chances, l’internat d’excellence offre des conditions de réussite favorables aux élèves. Il s’agit d’une mesure interministérielle de la dynamique « Espoir banlieues », lancée en 2008. L’EPA a signé une charte en janvier 2012. L’école répond aux critères de qualité d’accueil et d’accompagnement renforcé.

Trois questions au … proviseur de l’école

Karine Froment est proviseur de l’École des pupilles de l’air depuis septembre 2015. À l’origine professeur de mathématiques dans un lycée professionnel et des techniques industrielles, elle devient à 30 ans membre de la direction. Les années passent. Elle décide de donner un nouveau tour à sa carrière en candidatant au poste de proviseur à l’unique lycée de Défense de l’Armée de l’Air : l’École des pupilles de l’air. L’expérience est enrichissante. Rencontre.

Vous étiez volontaire pour le poste à l’EPA. Pourquoi ?

J’avais envie d’un nouveau tremplin dans ma carrière. À la différence de ce qui prévaut dans d’autres établissements scolaires, ici ce ne sont pas les résultats scolaires qui priment pour l’inscription. Les critères d’admission au collège et au lycée sont avant tout d’ordre social et familial. Nous admettons principalement des enfants du personnel de la Défense, avec une priorité donnée aux orphelins et aux enfants de familles en difficulté. Les orphelins de la famille aéronautique sont des ayants droit prioritaires. Ce poste me permet de prendre l’élève dans sa globalité. Ils doivent tous trouver leur chemin et il n’y a pas de mauvais métier. Postuler à l’EPA était également l’occasion pour moi de travailler dans un établissement avec des classes préparatoires. Une première pour moi !

Quel est votre rôle au sein de l’établissement ?

Je suis garante du respect de l’application des directives de l’Éducation nationale, mais aussi de la gestion du corps professoral. Il faut trouver le juste milieu entre l’enseignement et la partie militaire. Le commandant de l’école, quant à lui, s’appuie sur une direction des études (que j’assure) et sur une direction de l’internat. Le but est de créer du lien entre les deux entités au profit des élèves. Il faut aller dans le même sens pour ne pas créer de confusion.

J’ai une équipe enseignante qui a à cœur de donner aux élèves le goût de l’effort avec les études obligatoires et un encadrement rapproché. Les bons résultats de l’école sont le fruit de ce système si particulier.

Quels sont les projets actuellement en cours à l’école ?

Nous travaillons à un projet d’établissement appelé « projet global de l’école » comme dans toutes les écoles de France. La majorité des élèves étant interne, il est important pour nous d’avoir une réflexion globale sur notre gestion. Pour ce faire, nous développons des passerelles, des partenariats, des liens avec le rectorat pour nous inscrire au mieux dans le paysage local et international.

Cinq axes de réflexion ont été lancés pour adapter l'établissement aux évolutions de l'Education nationale : favoriser la réussite de tous les élèves ; développer l’éducation à la citoyenneté ; favoriser l’ouverture culturelle et internationale ; améliorer la communication ; améliorer l’éducation à l’orientation et à la conquête de l’autonomie.

Classes préparatoires : un cursus particulier

Salle de traditions. Le lieu est unique. Livres, maquettes d’avions, insignes, calots,… les objets sont nombreux et ont tous un lien avec la vie militaire. Il y règne une ambiance singulière. Au milieu de la salle, une table et un immense livre. Une inscription en lettres d’or interpelle le visiteur : « Saint-Exupéry » : illustre aviateur, écrivain, poète et reporter français, mort pour la France en 1944. En feuilletant les pages de cet ouvrage, on découvre des portraits, mais aussi la carrière de chaque Pipin (nom donné aux élèves de l’EPA) des classes préparatoires. « Ce sont les élèves qui font vivre la salle traditions, précise l’adjudant-chef Pierre, éducateur. À chacun de leur passage à l’EPA, ils viennent compléter le Saint-Ex. » De « grands » noms des armées françaises, et notamment de l’Armée de l’Air, y apparaissent.

L’école, outre sa préparation aux concours, a pour vocation de sensibiliser les élèves à tous les métiers de l’Armée de l’Air et de les informer sur les autres armées. « Ici, nous (élèves des classes préparatoires) sommes très attachés aux traditions, témoigne Lucas, élève en 2e année de classe préparatoire. Chaque année, la nouvelle promotion est parrainée par un escadron de chasse, de transport ou de drones. Très souvent, le commandant de cet escadron est un ancien Pipin. »

Un seul objectif pour ces étudiants : réussir à intégrer une école militaire. Travail assidu, mais aussi entraide font partie de leur quotidien. Vêtus de leur polo vert et de leurs multiples insignes, les prépas marchent en ordre serré. « Nous apprenons à vivre dans un environnement militaire et à travailler ensemble », ajoute Lucas. En moyenne, la moitié des élèves des classes prépas intègrent une grande école militaire. La majorité d’entre eux rejoint l’École de l’air de Salon-de-Provence. Cet ensemble fait de l’EPA une école unique en son genre.

Les classes préparatoires participent à l’aide au recrutement. Elles dispensent aux étudiants une éducation doublée d’un enseignement militaire visant à favoriser leur réussite au concours d’entrée à l’École de l’air et aux grandes écoles militaires.

Paroles d’élèves

Quatre élèves de l’EPA nous font partager leur expérience dans cet établissement de Défense.

Élève Antonin – 3e

C’est ma quatrième année à l’EPA et mon frère y était avant moi. J’aime beaucoup quand des avions de chasse survolent l’EPA pour des cérémonies ou quand des hélicoptères se posent sur le terrain d’athlétisme. Je ne veux pas forcément être militaire plus tard, mais j’apprécie de porter un uniforme et de participer aux cérémonies militaires.

Élève Lukasz – 3e

L’éducation est très suivie. Nous avons deux heures d’étude tous les soirs pour faire nos devoirs. La première année, la distance avec la famille est difficile à supporter et le rythme de travail est dense. Maintenant, je suis tout le temps avec mes amis et ça me permet de nouer des liens forts.

Élève Théa – Terminale L

Mes parents ont déménagé plusieurs fois en quelques années. Je suis venue à l’EPA parce que j’avais besoin de stabilité. J’ai fait toute ma scolarité de la 6e à la terminale dans cette école. Ce fut difficile au début… j’avais du mal à accepter l’autorité des éducateurs. Puis avec le temps, j’ai accepté l’idée qu’ils étaient là pour les bons et les mauvais moments.

Élève Lucas – Étudiant en deuxième année de classe préparatoire

Je suis passionné d’aéronautique. Mes lectures des bandes dessinées de la série Tanguy et Laverdure ont alimenté mes ambitions. Le plus dur en prépa, c’est de travailler tard dans la nuit. J’ai échoué de peu l’année dernière au concours de l’École de l’air. Cette année, je vais travailler sur mes points faibles pour réussir ! Je profite également de mon « avance » pour aider mes camarades de première année.

Un peu d’histoire

L’École des pupilles de l’air a été créée en 1936 par le ministère de l’Air. À l’époque, il avait été décidé, compte tenu du nombre d’accidents aéronautiques, de mettre en place une structure d’accueil et d’éducation des enfants dont le chef de famille avait péri en service aérien. D’abord implantée au centre de Grenoble, l’école a déménagé sur la commune de Montbonnot-Saint-Martin en 1986.

La première promotion ne compte que des orphelins, dont Jacques Lorenzi, qui deviendra le parrain de l’école en 2001, pour avoir péri dans les rangs de la Résistance le 23 août 1944 à Aubervilliers. Il avait alors 15 ans. Après la guerre, l’école accueillera de nombreux orphelins. Avec l’amélioration de la sécurité des vols, l’EPA verra sa mission évoluer vers une vocation sociale renforcée. Elle recevra aussi bien les enfants victimes des difficultés de la vie que ceux ayant perdu un parent.

Aujourd’hui, compte tenu de la conjoncture, civile comme militaire, l’EPA s’affirme encore plus comme un outil d’ascension sociale. Elle est également, avec Autun, le seul lycée de Défense avec un collège.

Insigne de l'École des pupilles de l'air 749

Homologué sous le numéro A.1275 par décision n° 58 SHAA/SYMB du 10 janvier 1995, signée par le général Silvestre de Sacy, directeur du service historique de l'Armée de l'Air.

Définition héraldique

« Écu moderne d'azur clair à la filière d'or et au soleil du même issant d'une terrasse d'azur foncé chargée de la devise « A + NOBLE + HAUT ». Aux trois silhouettes de mouettes d'azur, d'argent et de gueules brochant. »

Symbolique

Les couleurs des trois mouettes sont celles du drapeau français. Les mouettes s'élevant dans l'azur symbolisent l'Armée de l'Air. Le soleil qui se lève évoque l'éveil à la connaissance des pupilles de l'air. Enfin, la devise « A + NOBLE + HAUT» figure la noblesse et l'élévation de l'être humain tout au long de sa vie. Cet adage était celui de la Maison des Ailes, institution de jeunes filles. Cet insigne symbolise la parfaite intégration en 1995 des élèves de la Maison des Ailes à l'EPA et la naissance du lycée mixte de l'Armée de l'Air.

© Source : École des pupilles de l’air


Source : Armée de l'Air et de l'Espace
Droits : © Armée de l'air