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En Lorraine, la messe est dite

Mise à jour  : 23/07/2012 - Direction : Armée de l'Air et de l'Espace

L’armée de l’air tourne une page de son histoire en Lorraine avec la fermeture de la base aérienne 128 de Metz. À l’Est, quoi de nouveau ?

Jeudi 21 juin 2012, une cérémonie a officialisé la dissolution de la base aérienne 128 « Lieutenant-colonel Dagnaux » de Metz. Lors de ces instants empreints de traditions et de mémoire, l’heure était à l’émotion la plus vive. Le ciel lui-même, pourtant au beau fixe pendant la cérémonie, n’a pu s’empêcher de verser quelques fines gouttes de pluie. « La remise du drapeau de la base au service historique de la Défense était le moment le plus fort de la cérémonie de dissolution, témoigne le colonel Olivier Bertrand, commandant la base aérienne 128 de Metz, la gorge serrée. Le drapeau trônait dans le bureau du commandant de base depuis 50 ans et aujourd’hui c’est la dernière fois que je le vois. Avec le départ de ce fort symbole, c’est l’âme de la base aérienne qui s’en est allée ! » 

La fermeture d’une base aérienne est toujours poignante pour l’armée de l’air mais également pour son environnement. Pour les riverains, elle représente souvent bien plus qu’une simple enceinte militaire. La base aérienne 128, devenue familière dans le paysage messin, ne déroge pas à cette règle. Les militaires et leur famille se sont bien intégrés et ont participé au tissu social et économique de la région.

L’aventure aéronautique de la base aérienne a commencé le 4 juillet 1909 avec l’arrivée sur le plateau de Frescaty d’un Zeppelin LZ3. Après avoir survolé la ville de Metz, ce gigantesque dirigeable a ainsi ouvert 103 ans d’une histoire aéronautique aussi riche que tumultueuse. Mais c’est en 1955 que le site noue une relation privilégiée avec l’armée de l’air avec la création de la base aérienne 128 qui abrite alors la 9eescadre de chasse. Dès lors, elle s’impose comme une base majeure de l’armée de l’air vivant au rythme des missions opérationnelles. Elle a accueilli de grands commandements prestigieux comme la force aérienne tactique/1èrerégion aérienne (Fatac/1ère RA) dès 1965, ou le commandement des forces aériennes (CFA) plus récemment, mais aussi de nombreuses unités opérationnelles, au cœur de l’engagement des aviateurs. « De la Guerre froide à l’opération Harmattan, de la Guerre du Golfe à celle du Kosovo, les hommes et les femmes de l’armée de l’air, qui se sont succédé sur cette terre lorraine, se sont investis avec un sens de l’engagement exemplaire, assure le dernier commandant de la base aérienne. Ils n’ont jamais relâché leur effort pour toujours donner le meilleur d’eux-mêmes au service de leur pays et porter haut les couleurs des ailes françaises. »

Sur les 1250 personnes encore administrées sur la base aérienne messine, 1150 sont affectées sur un autre site et une centaine d’aviateurs demeurent dans les structures interarmées situées à Metz. La dissolution de quatre bases aériennes (BA) en métropole en 2012 a pour but de resserrer le dispositif de l’armée de l’air afin de le rendre plus efficient. Ainsi, en augmentant le nombre de personnes soutenues sur les bases pérennes de l’armée de l’air, ces transferts contribuent à améliorer l’efficacité des dépenses sur les BA d’Évreux, de Lyon ou de Dijon.

« Grâce aux réformes initiées en 2008, nous pourrons continuer à agir demain lorsque cela nous sera demandé, a déclaré le général Guillaume Gelée, commandant les forces aériennes, au cours de son allocution prononcée après la cérémonie de dissolution de la plateforme aéronautique messine. C’est pourquoi l’amertume et la déception ne peuvent être de mise au cours de cette journée. Ce sont la satisfaction du devoir accompli pendant 57 ans et la volonté de toujours offrir à nos concitoyens un outil crédible, efficace et cohérent, qui nous tracent la voie d’un avenir nouveau. »

Pour sa reconversion, le site de Metz est convoité et de nombreux projets sont à l’étude. Aujourd’hui, les aviateurs de la base aérienne de Metz se tournent vers de nouveaux défis. Mais ils conserveront au fond de leur cœur ces belles images gravées dans leur mémoire en passant par la Lorraine. 

Lieutenant-colonel Dagnaux : pur symbole de courage et de ténacité

Né le 28 novembre 1891 à Montbéliard, Jean, Charles, Joseph Dagnaux restera dans la mémoire de l’armée de l’air comme l’un des plus purs symboles de courage et de ténacité chers aux aviateurs.

Affecté comme jeune officier de réserve à la 15e division d’infanterie, il entame la Première Guerre mondiale au sol avec un premier acte de courage en assurant sur le front la liaison entre l’infanterie et l’artillerie. Blessé au combat le 5 mai 1915, il reçoit sa première citation à l’ordre du 8e corps d’armée.

Passionné par l’aviation, il effectue un stage de formation pour devenir observateur et il est breveté le 18 juin 1915. Il est alors affecté à la 1ère armée dans le secteur de Verdun. Volant avec le plus grand courage, son appareil est endommagé au cours d’un combat contre un Fokker allemand le 6 février 1916. Touché à la jambe et au visage, le sous-lieutenant Dagnaux est conduit à l’hôpital de Verdun où sa jambe gauche est amputée au-dessus du genou.

Toujours animé par la passion du vol, il est affecté à l’escadrille C 11, le 6 mai 1917, après avoir suivi un stage de perfectionnement. Combattant émérite, il reçoit plusieurs citations successives. À nouveau blessé le 21 janvier 1918, il repart au combat et continue à se distinguer par son courage et ses exploits aériens. Il apprend à piloter avec son escadrille et obtient son brevet de pilote militaire le 2 septembre 1918. Animé par une passion intacte pour l’aviation, il ouvre dès 1919 des voies aériennes en Europe, à travers la Méditerranée vers l’Égypte, l’Afrique puis Madagascar en 1926. À partir de 1928, il dirige la société Air Afrique et ouvre des lignes régulières au départ d’Alger à travers le Sahara vers Brazzaville et Tananarive. D’autres lignes sont ouvertes en Afrique du Nord et vers Dakar.

Le 2 septembre 1939, la guerre est déclarée contre l’Allemagne nazie. Bien que mutilé, réformé et invalide à 100 %, le commandant Dagnaux retrouve son uniforme. D’abord affecté en état-major, il n’a de cesse de vouloir se battre et retourner au combat. Il obtient satisfaction le 28 octobre 1939 en étant nommé commandant en second au groupement de bombardement n°9. Il exécute sur Amiot 143 et Potez de nombreuses missions de guerre où se révèlent encore et toujours son courage inaltérable et son audace. À Mourmelon, il crée le centre d’instruction des équipages d’élite avant d’être abattu par la défense antiaérienne allemande le 17 mai 1940 au cours d’une mission de nuit, sur Amiot 354.

Animé par la foi la plus pure en son destin et la rage de défendre sa patrie, le lieutenant-colonel Dagnaux a reçu au cours de sa carrière douze citations dont dix pendant la Première Guerre mondiale. Plusieurs fois gravement blessé en service aérien, son courage l’aura guidé jusqu’au sacrifice suprême à 48 ans, âge où un officier sert d’ordinaire en état-major. Admissible avant la Première Guerre mondiale à l’École Polytechnique, commandeur de la Légion d’honneur, il est décoré de la Croix de guerre 14-18 avec huit palmes et cinq étoiles, de la Croix de guerre 39-40 avec deux palmes et de nombreuses autres décorations qui lui ont été attribuées en France et à l’étranger, tout au long de son exceptionnelle carrière aéronautique. Symbole de ténacité indomptable, de courage sublime et d’abnégation, il restera à jamais un exemple pour les aviateurs.

Au cours de sa carrière aéronautique, il aura abattu quatre avions allemands homologués et aura effectué 2 266 heures de vol 
dont 155 en vol de nuit.


Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
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