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Berceau de l’éclectisme

Mise à jour  : 20/07/2012 - Direction : Armée de l'Air et de l'Espace

La base aérienne 217 de Brétigny a fermé le 26 juin 2012. La plus jeune des bases métropolitaines, elle est malgré tout l’héritière d’une histoire mouvementée. Elle a surtout hébergé des entités aussi différentes que surprenantes, militaires comme civiles.

Brétigny est difficile à fermer, estime le colonel Olivier Fabre, commandant la base aérienne de 217 de Brétigny/Orge. C’est une base aérienne atypique issue d’époques qui se chevauchent, donc compliquées à « détricoter ». » Héritière de l’histoire qui a marqué le site sur lequel elle est implantée, la base aérienne 217 héberge des entités aussi éclectiques que surprenantes. Un fil rouge met cependant en exergue deux domaines de prédilection : l’aéronautique et la recherche scientifique.

L’aérodrome de Brétigny, créé en 1938, devait initialement aider à dé-saturer le terrain d’aviation d’Orly. Tombant entre les mains des Allemands en 1940, qui en font un véritable pôle de guerre, il subit de lourds bombardements avant d’être repris par les Américains. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le potentiel aéronautique du site de Brétigny n’est pas remis en cause. Il faut l’exploiter. « Le terrain de la base est très grand et morcelé en deux zones traversées par une piste », décrit le colonel Fabre. En tout, 767 hectares de superficie sont disponibles.

Brétigny devient alors un site d’excellence avec l’implantation du centre d’essais en vol (CEV). Installé sur la zone ouest, ce dernier voit défiler, entre 1940 et 2001, année de sa fermeture, de grands noms de l’aéronautique qui établiront de multiples records : Jacqueline Auriol, qui bat le record du monde de vitesse, Maryse Bastier ou encore, Constantin Rozanoff. Le CEV teste également les fleurons du matériel aéronautique français, comme le Concorde et le Rafale, grâce à la plus grande piste européenne jamais construite alors (3 km de long sur 100 mètres de large). « La base aérienne de Brétigny n’hébergeant pas d’escadrons, elle n’a jamais fait voler d’avions opérationnels, la fermeture du CEV a donc été une vraie déchirure », souligne le colonel. Il s’agit de la première structure de pointe à s’implanter sur ce site de l’Essonne. De nombreuses autres suivront. Dans les années 1960, le centre national d’études spatiales y prend ainsi ses quartiers pour y concevoir le lanceur du premier satellite, grâce auquel la France devient la troisième puissance spatiale mondiale. En parallèle, l’institut national de la recherche agronomique rejoint le site, lui donnant une dimension écologique. L’agence Eurocontrol, l’organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne, s’implante peu de temps après.

Lorsque le site de Brétigny devient enfin une base aérienne, le 1er avril 1976, naissance tardive par rapport à celle de ses consœurs, c’est pour y accueillir, là encore, un patchwork d’unités aussi différentes les unes que les autres. Leur point commun ? Ce sont des unités militaires de premier plan, interarmées ou relevant de l’armée de l’air. Se côtoient ainsi la structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques du ministère de la Défense (SIMMAD), l’institut de recherche biomédicale des armées (IRBA), le bureau enquête accident Défense « air » (BEAD « air »), le laboratoire de médecine aérospatiale (LAMAS) et sa centrifugeuse ou encore, le centre d’études et de recherches psychologiques « air » (CERP’Air), pour ne citer que ces organismes-là. « Le sentiment face à la fermeture est contrasté, confie le colonel. Malgré le fait que la base était « éclatée » au départ, le bel esprit de corps qui anime ses aviateurs laisse place à la tristesse. À priori, la base n’est pas attractive. Au début, le personnel y vient à reculons, mais une fois installé, il y est bien et veut rester. » Toutefois, il a fallu partir. Après la cérémonie officielle de fermeture célébrée le 26 juin 2012, les aviateurs de la SIMMAD ont rejoint les bases de Bordeaux ou de Paris, tandis que ceux du BEAD « air » et du CERP’Air se sont respectivement installés à Villacoublay et à Tours.

À l’image de son passé, le site de Brétigny connaît à nouveau des changements radicaux. Il retombera une nouvelle fois sur ses pattes et se réinventera un quotidien. « L’armée de l’air s’en va, mais le site n’est pas inactif pour autant, il déborde d’idées, se félicite le colonel. Des projets, auxquels les élus réfléchissent, maintiennent le dynamisme, d’ailleurs 35 millions d’euros ont été alloués aux contrats de dynamisation des sites de la Défense. » Et d’ajouter, « je suis fier que la fermeture amène d’autres possibilités ». 

Colonel Félix Brunet: 
inventeur, héros et contestataire

Le choix du colonel Félix Brunet comme parrain de la base aérienne 217 de Brétigny vient souligner les missions de recherche, d’expérimentation et de soutien de ce site. En effet, le colonel Brunet s’est illustré sa vie durant dans ces trois domaines. Il voit le jour le 1er janvier 1913 dans le Nord (Loos). Très tôt, il s’intéresse à l’aéronautique et c’est comme mécanicien qu’il entre dans l’armée de l’air à l’âge de 19 ans. En 1937, il entre à l’École militaire de l’air basée à Versailles comme élève officier, obtient son brevet en 1938 et est affecté comme pilote à la 35ème escadre aérienne de Pau jusqu’en 1940. Il rejoint ensuite le groupe aérien d’instruction situé à Oran (Algérie) pour deux ans. En novembre de la même année, il intègre la France libre au sein des forces aériennes et est affecté au groupe de chasse « La Fayette ». Il est d’abord basé au Maroc, puis en Tunisie. En 1943, il intègre le groupe de chasse « Corse » où il s’illustre par quatre victoires aériennes. En 1945, il est envoyé en Indochine où la guerre d’indépendance débute. Il y reste jusqu’à la fin du conflit, en 1954, et y est blessé à deux reprises. Il est ensuite envoyé en Tunisie, puis en Algérie où il commande l’escadre d’hélicoptères d’Oran . De pilote de chasse, il est devenu pilote d’avion puis d’hélicoptère, aéronef dont il perçoit très vite le potentiel. Il mène ainsi une série d’expériences visant à armer les hélicoptères afin de les transformer en appareils de combat et non plus seulement de transport de troupes. Il poursuivra inlassablement jusqu’à la fin son argumentation en faveur de l’armement des hélicoptères au près de sa hiérarchie, réticente. Il décède le 5 décembre 1959, victime d’un arrêt cardiaque.


Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
Droits : © Armée de l'air