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Baltic Air Policing 2016

Mise à jour  : 17/10/2016 - Direction : Armée de l'Air et de l'Espace

Depuis le 28 août 2016, quatre Mirage 2000-5 sont déployés à Šiauliai en Lituanie. Sous mandat de l’Otan, ils assurent la protection de l’espace aérien des Pays Baltes. Immersion en vol avec la permanence opérationnelle.

  • Des bergers belges en Lituanie
  • Partage d’expériences à la tour de contrôle
  • Des experts au service de la sécurité des vols
  • Exercice crash à Šiauliai
  • L’EAC2P relie le détachement français à la métropole

Des bergers belges en Lituanie

Fort de 105 personnes, le détachement français déployé dans le cadre de l’opération Baltic Air Policing compte trois silhouettes remarquables : Jon, Leck et Drogba sont trois chiens de combat intégrés à la Force Protection. Ils complètent les équipes des commandos parachutistes de l’air (CPA) n°20 et 30. À l’intérieur de la zone, il est rare de voir un maître sans son chien, que celui-ci soit attaché, en patrouille ou en promenade. Mais ce duo d’apparence inoffensive constitue une véritable force combattante.

Les opérations extérieures sont une occasion pour ce duo de choc de s’entraîner dans un milieu nouveau. « Ce type de détachement permet de continuer à conditionner les chiens avec de nombreux entraînements, détaille le maître d’un chien. La zone d’alerte de Šiauliai offre de multiples espaces de travail aux caractéristiques propres, permettant à l’équipe K9 (canine) de diversifier ses entraînements tout en assurant sa mission première : la protection. »

Des chiens spécialistes

 « Les chiens sont recrutés quand ils ont entre 12 et 18 mois, sans prérequis de dressage au 132e bataillon cynophile de Suippes, explique le maître d’un chien. Une fois arrivés au chenil, leur apprentissage débute par une période de dressage pour qu’ils acquièrent les premiers réflexes d’obéissance. Vient ensuite la phase d’apprentissage du mordant. »

Les chiens des CPA ont tous un double emploi : en plus de leur capacité « patrouille éclairage », ils ont une capacité à rechercher les explosifs.

Comme son maître, le chien doit être apte à toutes les techniques de combat propres aux CPA, comme nous le précise un des maîtres : « Nos chiens sont parachutés, déposés par une voilure tournante en corde lisse, ou encore évacués en grappe sous un hélicoptère, dernière qualification récemment acquise au sein des CPA. »

Aptes techniquement, les chiens le sont aussi médicalement. « Comme leur maître, tous les chiens passent une visite annuelle d’aptitude médicale, ainsi qu’une visite avant déploiement en opération extérieure. »

Pas de chien sans maître

Les prétendants au métier de conducteur de chien CPA reçoivent une formation en deux phases. « La première, d’une durée d’un an, est commune à tous les spécialistes de la protection, avec des stages spécialisés supplémentaires pour les futurs CPA, ajoute le conducteur de chien. La seconde, d’une durée de cinq semaines, consiste en un apprentissage de la spécialité cynophile. » Les fusiliers de l’air déjà qualifiés cynophiles peuvent, quant à eux, rejoindre les CPA immédiatement après avoir réussi les tests de sélection internes.

Malgré les liens forts entre le maître et son chien, ce dernier reste considéré comme une arme. « Impossible de ramener le chien à mon domicile à la fin de la journée, cela reviendrait à ne pas réintégrer une arme de service », nous précise le maître d’un chien. L’adoption par le maître est cependant autorisée à la fin de la carrière opérationnelle du chien. De quoi garantir au chien une paisible retraite amplement méritée, tout en conservant le bénéfice des caresses de son maître.

Partage d’expériences à la tour de contrôle

Šiauliai, Lituanie. Lundi matin, 06h05Z : l’alerte vient de sonner. L’adjudant Ludovic, contrôleur de circulation aérienne, se précipite à la tour de contrôle pour coordonner le vol avec ses homologues lituaniens.

Sixième étage, vue imprenable sur la plateforme aéronautique. Ludovic retrouve les deux contrôleurs lituaniens. Les pilotes viennent tout juste de demander l’autorisation de rouler vers le seuil de piste. « Je suis une sorte de consultant, précise l’adjudant. Je suis là pour répondre aux éventuelles difficultés liées aux différences de procédures et faciliter l’adaptation des contrôleurs lituaniens à nos méthodes de travail. » Ces derniers sont attentifs, désireux d’accroître leur expérience et de renforcer leur interopérabilité avec nos forces. « Nous sommes toujours très bien accueillis et intégrés au sein de l’équipe », ajoute Ludovic.

Ce sous-officier intervient majoritairement sur des questions de phraséologie aéronautique : « La phraséologie peut différer dans des situations très précises. Je suis là pour expliquer aux pilotes comme aux contrôleurs lituaniens la partie non comprise et ainsi restituer la phraséologie employée sur la plateforme aéronautique lituanienne aux pilotes français lors des briefings et débriefings quotidiens. » Ludovic coordonne également les déplacements des véhicules français sur la plateforme aéronautique. « Pompiers français, véhicules de piste ou encore remorqueurs d’avions peuvent être amenés à se déplacer sur la plateforme, détaille l’adjudant. Habitués à la phraséologie française, je relaie leurs besoins, destinations et fin d’activité auprès des contrôleurs lituaniens. »

Côté lituanien, les contrôleurs aériens sont des contrôleurs de circulation aérienne civils formés pendant cinq ans, au même titre que les contrôleurs aériens civils français, dans une école qui entretient un lien étroit avec l’école nationale de l’aviation civile (ENAC) de Toulouse. Ceux affectés à Šiauliai sont les seuls de France à pouvoir contrôler à la fois des aéronefs civils et militaires, lituaniens et étrangers. « La France est une des rares nations de l’Alliance atlantique à se déplacer avec ses contrôleurs aériens, pour nous aider et nous rassurer au début, puis à terme nous habituer aux procédures en vigueur dans l’Armée de l’Air française. Cette assistance est très appréciée, alors que tous les membres de l’Alliance ne font pas forcément la même chose », conclut un contrôleur aérien lituanien.

La coopération franco-lituanienne en matière de contrôle aérien porte ses fruits : depuis le 31 août 2016, contrôleurs français et lituaniens cohabitent à la tour de contrôle de Šiauliai. Tous les décollages sur alerte, réelle ou d’entraînement, ont été réalisés dans des délais de réaction inférieurs à ceux imposés par l’Otan.

Des experts au service de la sécurité des vols

« Sans carburant, les pilotes sont piétons » : telle est la devise du détachement du service des essences des armées (SEA) déployé à Šiauliai, en Lituanie. Mais résumer leur métier à celui de pompiste serait réducteur.

Les trois militaires du SEA présents sur la QRA (Quick Reaction Alert - alerte de réaction rapide) sont avant tout des spécialistes. La qualité du carburant est une condition sine qua non de la sécurité des vols. Avant d’avitailler les Mirage 2000-5 du détachement, les experts du SEA s’assurent de la qualité du carburant livré. Il doit répondre aux spécifications internationales. En plus des camions-citernes, ces derniers disposent d’un laboratoire mobile installé dans un local test, où le « produit » est quotidiennement analysé.

Premiers tests après le remplissage des camions 

« 20 minutes après les opérations de chargement du camion-citerne avitailleur, je purge le système d’avitaillement et récupère le premier échantillon de test », explique le brigadier-chef Miki. Ensuite, je contrôle la turbidité du produit (test d’appréciation du trouble). » Puis il poursuit avec la mesure de la densité du produit (avec prise de température, ces deux mesures étant liées) et le taux d’additivation en antiglace dans le carburant.

L’ajout de l’additif antiglace (entre 0,1 et 0,15% en volume) est essentiel. Il empêche l’agglomération de cristaux qui se forment à partir de l’eau contenue dans le carburéacteur soumis à de très basses températures durant le vol, qui pourrait colmater les filtres du circuit d’alimentation et éteindre le réacteur. Les résultats des tests sont consignés dans une fiche de contrôle journalière. « S’ils sont dans les domaines de tolérance du SEA, nous signons la conformité des résultats », conclut le brigadier-chef François.

Des tests plus poussés sur les cuves de stockage

« À chaque changement de lot (les raffineries produisent par lot de plusieurs milliers de mètres cubes), je contrôle la qualité du produit livré, explique l’agent technique en chef (ATC) Bruno. Je compare les résultats d’analyses au bulletin d’analyses transmis par le fournisseur. Je détermine la température de disparition des cristaux dans le carburant. » La norme française fixe à -47°C la température limite. « J’utilise un échantillon de produit, réfrigéré par un dispositif au travers duquel passe un rayon laser. Lorsque ce dernier commence à être dévié, l’échantillon a atteint la température de givrage », ajoute l’ATC. À l’inverse, lorsque le rayon laser passe à nouveau à travers de l’échantillon, il détermine la température de dégivrage. La tolérance est de plus ou moins 0,1°C.

« Ensuite, une microdistillation est accomplie. Le produit analysé est bien du carburéacteur JET-A1 / F-35, détaille Bruno. Je compare les points initiaux et finaux de distillation du produit à un échantillon étalon ». Outre ses attributions de contrôleur qualité et de chef de détachement, l’ATC Bruno assure également le suivi de la facturation du carburant dans l’opération Baltic Air Policing.

Les pilotes du groupe de chasse 1/2 « Cigognes » peuvent mettre leur réacteur en route et voler en toute confiance : les soldats du pétrole veillent quotidiennement à la qualité du carburant fourni, participant ainsi à la sécurité des vols du détachement Baltic Air Policing.

Exercice crash à Šiauliai

Mercredi 21 septembre 2016, la base aérienne lituanienne de Šiauliai a organisé son exercice crash annuel, qui implique l’ensemble des équipes de sécurité et de secours, civiles et militaires. L’occasion pour les spécialistes du détachement français de se familiariser avec les procédures d’urgence de leurs homologues lituaniens.

Exercice – Exercice – Exercice

Un jet d’entraînement Aero L-39 Albatros, en retour terrain, s’est crashé dans un champ en aval du seuil de piste de la base aérienne de Šiauliai. Des débris de la carcasse sont éparpillés et en feu. Rapidement, les premiers secours arrivent et s’organisent. Plusieurs lances à incendie sont tirées des camions.

Les deux passagers ont pu s’éjecter : l’un d’eux est dans son gilet de sauvetage au milieu d’un lac des environs, l’autre au milieu d’un marais, qui n’est accessible ni par voie routière ni par voix piétonne. Côté lac, un zodiac est mis à l’eau avec une équipe de sauveteurs-plongeurs. De retour sur la berge, le pilote est transbordé sur un matelas coquille, où il reçoit les premiers soins du service d’urgence, avant d’être évacué vers l’hôpital le plus proche. Enfin, côté marais, un fumigène de signalisation est déclenché. Un hélicoptère de sauvetage aéroterrestre/aéromaritime se met en vol stationnaire au-dessus du marais. Une porte latérale s’ouvre, un sauveteur-plongeur se positionne avant d’être treuillé 15 mètres plus bas. Il remontera rapidement le pilote éjecté.

Entre-temps, l’incendie a été maîtrisé par les pompiers. Un détachement de protection a investi les lieux afin de sécuriser la zone du crash et de faciliter les constatations de la police militaire, pour les besoins de l’enquête.

Exercice – Exercice – Exercice

Concentrée sur l'appréhension des procédures d'urgence de leurs hôtes lituaniens, les spécialistes français (gendarmes, pompiers et équipe médicale) ont suivi l'exercice à distance afin de mieux appréhender les procédures d’urgence de nos hôtes lituaniens. En cas de situation d’urgence sur un Mirage 2000-5F, ces spécialistes devront être capables de s’insérer dans le dispositif de secours lituanien.

Il était donc important de voir pour apprendre, comprendre, et échanger sur l’organisation d’une opération de secours, afin d’être prêt à se coordonner efficacement en cas d’urgence réelle.

L’EAC2P relie le détachement français à la métropole

Équiper à l’étranger tout un bâtiment de commandement avec des systèmes d’information et de communication (SIC) n’est pas chose aisée. C’est pourtant le défi relevé à Šiauliai, en Lituanie, par les équipes de l’escadre aérienne de commandement et de conduite projetable (EAC2P).

Un déploiement prévu de longue date

 « Nous sommes venus visiter les locaux en mars, explique le capitaine chef du détachement SIC. Cela nous a permis de recenser les besoins de chaque partie, de définir le format RH de l’équipe et le matériel à transporter. » Actuellement, huit compétences SIC différentes sont réunies au sein d’une équipe de douze militaires.

Avant qu’il soit conditionné, puis expédié, le matériel a été testé en France dans des conditions proches du réel. « Avant le départ, nous avons effectué une mise en condition opérationnelle, ajoute l’officier. Tout le dispositif a été déployé à l’identique de celui qui devait l’être en détachement, afin que nous validions le schéma technique et puissions identifier d’éventuels oublis. »

Une préparation active

Jusqu’au 1er septembre, les locaux de la QRA (Quick Reaction Alert - alerte de réaction rapide) étaient occupés par la force aérienne portugaise, alors chargée de la protection de l’espace aérien balte. Une salle avait cependant été réservée au détachement français, pour qu’il puisse gérer partiellement son futur réseau SIC : « Nous avons regroupé l’ensemble de notre matériel dans une seule et même pièce, nous précise le capitaine, et immédiatement dû déployer un module léger afin que le détachement soit opérationnel dès les premières heures. Dans le même temps, nous garantissions un accès unique à chaque type de réseau de communication, avant de dispatcher le module lourd petit à petit, après la prise en compte officielle des locaux.»

Le jour J, mise en œuvre dans un ordre bien précis

La priorité a été donnée à la salle des opérations ; parallèlement les réseaux et serveurs pour le reste du détachement ont été préparés. « Nous respectons une sorte de partition musicale : poser les fibres, pendant l’installation des serveurs, pour ensuite brasser les connexions. Puis poser des équipements, avant de les relier et tester avant la validation de service rendu. »

Chaque personnel du détachement dispose de sa propre connexion au réseau de Défense et d’un poste téléphonique. « Nous sommes reliés à la métropole par une liaison satellite, avec laquelle nous interagissons à l’aide de deux antennes au sol, dédiées respectivement au module léger et au module lourd », ajoute le capitaine.

L’expertise de l’EAC2P, unité spécialisée dans le déploiement tactique, a été primordiale pour préparer cette nouvelle prise d'alerte de la mission Baltic Air Policing par la France, la 6e depuis 2007. Un mandat qui illustre l'engagement de notre pays dans la campagne d'assurance de l'OTAN et vis-à-vis de ses partenaires baltes.


Sources : Public Affairs Officer, Baltic Air Policing
Droits : © Armée de l'air