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Le raid « Évasion », point d’orgue de la formation militaire des officiers

Mise à jour  : 30/07/2019 - Direction : Armée de l'Air et de l'Espace

« C’est le rendez-vous que l’on prépare depuis des mois. On attend ce moment depuis notre entrée en école, même si nous savons que ce sera difficile. » C’est par ces mots que l’élève-officier Jules de l’École de l’air décrit le raid « Évasion » auquel il a participé il y a quelques semaines. Immersion au cœur de cet exercice mythique par lequel passent tous les officiers de carrière de l’Armée de l’air.

Du lundi 17 au jeudi 20 juin 2019, les élèves-officiers de la promotion 2017 de l’École de l’air (EA), ainsi que ceux de l’École des commissaires des armées - ancrage air, ont participé au traditionnel raid « Évasion ». Exercice de synthèse, son objectif pour les aviateurs est de restituer tous les savoir-faire acquis dans le domaine de la formation du combattant durant les deux premières années de scolarité à l’EA. Organisé par les instructeurs du détachement du Commandement des forces aériennes (DETCFA), ce raid a nécessité la mise en œuvre de moyens d’encadrement et logistiques conséquents. Pendant trois jours et trois nuits, les élèves ont été mis à rude épreuve, avec le souci permanent d’évoluer en ambiance tactique.

Lors de cet exercice de combat grandeur nature, les élèves étaient constamment suivis et notés par leurs instructeurs. En outre certains, désignés chefs d’équipe, vivaient un exercice de commandement. Dans un premier temps, aux alentours de Salon-de-Provence, ils ont eu à mener plusieurs assauts conjoints. Regroupés en trois équipes sous le commandement d’un chef de section, ils ont dû organiser diverses actions et se répartir les rôles d’assaut, de couverture et d’appui.

Après une nuit en bivouac opérationnel, ils sont déployés quelque part dans le Sud-Ouest de la France. Ils sont alors totalement isolés du reste de la promotion. Là, en équipe d’une dizaine de personnes, ils apprennent que le Sud de la France est envahi par un groupe terroriste. Recherchés, leur objectif est alors de se déplacer en zone hostile, d’objectif en objectif, afin de récolter un maximum de renseignements. Ils marchent durant plusieurs heures afin de rallier les différents points de rendez-vous donnés par les partisans amis. Ils restituent alors tout ce qu’ils ont appris : marche topographique, franchissement nautique, escalade et rappel. Autant d’épreuves qu’ils maitrisent. 

La dernière soirée constitue le point d’orgue de cet exercice avec un raid « Évasion » où les élèves répartis en groupes doivent traverser une zone hostile contrôlée par des éléments ennemis. Poursuivis, ils ont alors eu à lutter contre trois adversaires : les plastrons lancés à leur recherche, le mauvais temps et le terrain. Après trois journées d’exercices de combat, la fatigue a significativement pesé sur le physique et le mental de chacun. Traqués pendant sept heures, ils ont utilisé les différentes techniques de camouflage apprises afin d’éviter les patrouilles ennemies véhiculées et équipées de systèmes de vision nocturne. Le maître mot de cette marche : la rusticité. Pas de tente, un sac de quinze kilos et seulement une carte, une boussole et un GPS. Sous une pluie battante, se postant et se camouflant au moindre bruit, tous les élèves de la promotion se sont retrouvés à l’aube au point de rassemblement, éreintés mais fiers d’avoir atteint l’objectif final.

Exercice de combat où survie, autonomie et discrétion rythment les journées et les nuits, il restera un moment mémorable pour l’ensemble des élèves-officiers. Ce raid qui a toujours existé constitue un moment unique dans la formation d’un officier de l’Armée de l’air, comme en témoigne le bulletin d’information du Ministère des armées « Air » du 10 décembre 1964.

       

      

« J’ai passé la nuit la plus difficile de ma vie » confie Jules, 22 ans, élève à l’École de l’air (EA). Après une classe préparatoire scientifique, l’élève-officier entre à l’EA en 2017. Suivant les pas de son père, pilote de transport sur C160 Transall, il se passionne depuis toujours pour l’aéronautique. Désigné chef d’équipe, il nous livre son témoignage de la nuit « évasion ». 

En zone hostile, Jules et son équipe rejoignent successivement les différents points de rendez-vous afin de collecter des renseignements jusqu’à ce qu’ils obtiennent une ultime enveloppe. Là, leur consigne est simple : si à 22h, aucun message radio n’est diffusé sur un canal donné, ils doivent ouvrir l’enveloppe. « De 16 heures à 22 heures, on écoutait la radio, explique le jeune homme. En attendant, on se cachait et défendait notre position ».

Sans nouvelles à 22 heures, Jules donne l’ordre d’ouvrir l’enveloppe. « De longues consignes nous expliquent que les ennemis sont informés de notre présence et qu’ils nous traquent. Nous devons alors rejoindre un dernier partisan, disponible uniquement entre 5h30 et 6h qui pourra organiser notre exfiltration », explique-t-il. À partir de ce moment-là, tout va très vite, « je désigne plusieurs personnes en charge de la topographie et nous planifions notre chemin. Un dilemme s’offre alors à nous : faut-il privilégier la vitesse ou la couverture ? » Une fois l’équipe consultée, il décide de se mettre en marche dans les chemins les plus difficiles, afin de ne pas se faire repérer. Passant par des ronces, des barbelés et des champs à n’en plus finir, les élèves longent les lisières des routes en restant tapis. À la première intersection, le groupe s’arrête. Pas un bruit, tout le monde chuchote et tente de se faire le plus discret possible. « À l’unanimité, nous décidons de contourner l’intersection et de nous engager dans un chemin plus long mais plus couvert», explique Jules. Les élèves traversent alors plusieurs champs, passent par un pont délabré et continuent leur chemin hors des sentiers battus.

      

     

Après plusieurs heures, Jules réalise que leur stratégie n’est pas viable. « Sur une carte on ne se rend pas compte de certaines difficultés. Notre objectif était à onze kilomètres à vol d’oiseau et après presque trois heures de marche intense, nous n’avions avancé que de quelques kilomètres sur la carte. Cette situation commençait à peser sur le moral de l’équipe et j’ai pris la décision de me rapprocher des routes. » C’est alors qu’un manque d’attention va les recadrer. Arrivé à une intersection, le groupe décide de la traverser pensant que les alentours sont déserts. Alors qu’ils marchent, un homme surgit, c’est un de leurs instructeurs. Après les avoir identifiés, il les laisse repartir. « Cette inattention nous a fait perdre des points sur notre note finale mais nous a servi de leçon. Après cela, nous avons été beaucoup plus vigilants. Nous avons décider de repasser par des champs, des chemins loin des routes et avons évité les agglomérations », livre Jules.

Mais le groupe n’est pas au bout de ses déconvenues. À partir d’une heure du matin, une forte pluie s’abat sur eux. « Les champs devenaient impraticables et nous étions trempés. Je décide d’arrêter le groupe et après délibération, nous décidons de nous réorienter vers les routes, se sachant moins visibles grâce à la pluie ». Guidant son équipe sous la pluie battante, Jules et ses camarades parviennent tant bien que mal à destination après 25 kilomètres de marche : « Nous sommes arrivés à trois heures du matin, exténués. Notre contact n’était joignable qu’à partir de 5h30. Nous nous sommes donc cachés à 400 mètres, défendant notre position jusqu’à la fin du raid ».

      

    

Après 60 kilomètres parcourus en 48 heures, Jules tire un bon enseignement : « Il y avait une vraie ambiance de groupe, tout le monde avait le souci de la réussite, malgré les grandes distances et les quinze kilos sur notre dos ». À propos de son rôle de chef d’équipe, il confie : « L’une des difficultés a été de concilier les caractères de chacun et de faire comprendre à ceux qui marchaient plus vite qu’il fallait attendre le reste du groupe. L’objectif était d’éviter les baisses de moral pour que tout le monde reste motivé et à fond ».

Il conclut : « J’ai passé la nuit la plus difficile de ma vie, mais ce raid a un véritable sens. Nous étions livrés à nous-mêmes, complètement autonomes, dans des conditions proches de la réalité : c’est le meilleur moyen pour vérifier nos capacités et repousser nos limites. Les instructeurs nous ont fait confiance et je les en remercie. »

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Sources : Armée de l'air
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