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Cérémonie de dissolution de la base aérienne de Metz

Mise à jour  : 22/06/2012 - Auteur : Adjudant Jean-Laurent Nijean - Direction : Armée de l'Air et de l'Espace

Jeudi 21 juin 2012, la dernière page du livre de la base aérienne 128 « Lieutenant-colonel Dagnaux » de Metz a été tournée lors de la cérémonie officielle de sa dissolution.

Cette cérémonie, qui survient deux mois avant la fermeture administrative de la base programmée le 31 août 2012, a été présidée par le général Guillaume Gelée, commandant les forces aériennes (CFA) et représentant le général Jean-Paul Paloméros, chef d’état-major de l’armée de l’air.

Après avoir passé les troupes en revue, le général Gelée et le colonel Olivier Bertrand, commandant la base aérienne de Metz, ont rendu une dernière fois les honneurs au drapeau. Le chef du CFA a ensuite procédé à une remise d’insignes et à la lecture de l’ordre du jour retraçant l’histoire de la base aérienne. Après la remise du fanion de l’escadron de protection, c’est au tour du drapeau d’être au centre de l’attention générale. Le personnel, les autorités civiles et militaires ainsi que les « Anciens » ont retenu leur souffle. La tension était palpable lorsque le rectangle de tissu chargé d’histoire a été remis dans un cérémonial symbolique : quatre « plieurs » l’ont roulé puis laissé entre les mains du colonel Bertrand, qui l’a ensuite remis au général Gelée. Celui-ci a finalement confié l’objet de tradition à un officier du service historique de la Défense, venu spécialement pour la cérémonie. Toute l’assistance a suivi des yeux, la mort dans l’âme, le départ de ce nouveau gardien d’un symbole. « Pour moi, c’était le moment le plus chargé d’émotion, témoigne le colonel Bertrand, la gorge serrée. Cela fait 50 ans que le drapeau trône dans le bureau du commandant et aujourd’hui, c’est la dernière fois que je le vois. Avec son départ, c’est l’âme de la base aérienne qui s’en est allée ! » Ce moment fort a été souligné par le passage parfaitement synchronisé dans le ciel lorrain de Rafale de la base aérienne 113 de Saint-Dizier et de Mirage 2000 D de la base aérienne 133 de Nancy.

Lors d’une allocution qui a suivi la dissolution officielle, le général Gelée a tenu à remercier l’ensemble du personnel de la base aérienne pour son implication et son travail au service de l’armée de l’air. Il a ensuite remis au colonel Bertrand une maquette de Rafale symbolisant la modernisation et l’évolution de l’armée de l’air.

Sur les 1250 personnes administrées sur la base aérienne messine, 1150 seront affectées sur un autre site, celui de Dijon, tandis qu’une centaine d’aviateurs resteront dans les structures interarmées de Metz.

Biographie du lieutenant-colonel Jean Dagnaux, parrain de la BA 128

Né le 28 novembre 1891 à Montbéliard, Jean, Charles, Joseph Dagnaux restera dans la mémoire de l’armée de l’air comme l’un des plus purs symboles de courage et de ténacité chers aux aviateurs.

Affecté comme jeune officier de réserve à la 15e division d’infanterie, il entame la Première Guerre mondiale au sol, avec un premier acte de courage, en assurant sur le front la liaison entre l’infanterie et l’artillerie. Blessé au combat le 5 mai 1915, il reçoit sa première citation à l’ordre du 8ecorps d’armée.

Passionné par l’aviation, il effectue un stage de formation pour devenir observateur et il est breveté le 18 juin 1915. Il est alors affecté à la 1ère armée dans le secteur de Verdun. Volant avec le plus grand courage, son appareil est endommagé au cours d’un combat contre un Fokker allemand le 6 février 1916. Touché à la jambe et au visage, le sous-lieutenant Dagnaux est conduit à l’hôpital de Verdun où sa jambe gauche est amputée au-dessus du genou.

Toujours animé par la passion du vol, il est affecté à l’Escadrille C 11 le 6 mai 1917, après avoir suivi un stage de perfectionnement. Combattant émérite, il reçoit plusieurs citations successives. À nouveau blessé le 21 janvier 1918, il repart au combat et continue à se distinguer par son courage et ses exploits aériens. Il apprend à piloter au sein de son escadrille et obtient son brevet de pilote militaire le 2 septembre 1918. Après-guerre, il ouvre dès 1919 des voies aériennes en Europe, à travers la Méditerranée vers l’Egypte, l’Afrique puis Madagascar en 1926. À partir de 1928, il dirige la société Air Afrique et ouvre des lignes régulières au départ d’Alger à travers le Sahara vers Brazzaville et Tananarive. D’autres lignes sont ouvertes en Afrique du Nord et vers Dakar.

Le 2 septembre 1939, la guerre est déclarée contre l’Allemagne Nazie. Bien que mutilé, réformé et invalide à 100 %, le commandant Dagnaux retrouve son uniforme. D’abord affecté en état-major, il n’a de cesse de vouloir se battre et retourner au combat. Il obtient satisfaction le 28 octobre 1939 en étant nommé commandant en second du groupement de bombardement n°9. Il exécute, sur Amiot 143 et Potez, de nombreuses missions de guerre où se révèlent encore et toujours son courage inaltérable et son audace. À Mourmelon, il crée le centre d’instruction des équipages d’élite avant d’être abattu par la défense antiaérienne allemande le 17 mai 1940 au cours d’une mission de nuit, sur Amiot 354.

Animé par la foi la plus pure en son destin et la rage de défendre sa patrie, le lieutenant-colonel Dagnaux a reçu, au cours de sa carrière, douze citations dont dix pendant la Première Guerre mondiale. Plusieurs fois gravement blessé en service aérien, son courage l’aura guidé jusqu’au sacrifice suprême à 48 ans, âge où un officier sert d’ordinaire en état-major. Admissible avant la Première Guerre mondiale à l’École Polytechnique, Commandeur de la Légion d’honneur, il est décoré de la Croix de Guerre 14-18 avec huit palmes et cinq étoiles, de la Croix de Guerre 39-40 avec deux palmes et de nombreuses autres décorations qui lui ont été attribuées en France et à l’étranger, tout au long de son exceptionnelle carrière aéronautique. Symbole de ténacité indomptable, de courage sublime et d’abnégation, il restera à jamais un exemple pour les aviateurs.

Au cours de sa carrière aéronautique, il aura abattu quatre avions allemands homologués et aura effectué 2 266 heures de vol dont 155 en vol de nuit.


Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
Droits : © Armée de l'air