La base aérienne 702 « Capitaine Georges Madon » est réputée pour sa mission de dissuasion, ses Awacs, son École de transport et sa défense sol-air. Mais ce site historique recèle d'histoires peu connues, voire intimes.
Petit bâtiment jouxtant la place d’armes, le musée de la base aérienne (BA) 702 d’Avord est un lieu plutôt discret, identifiable par quelques affiches collées sur la porte d’entrée. Cette porte, pourtant régulièrement ouverte, n’attire que très peu le personnel. Beaucoup se contentent d’un simple coup d’œil, jeté depuis l’extérieur. « C’est dommage, car nous avons une multitude de choses à montrer, notamment sur l’histoire de la base », déplore le colonel Jacky, président de l’association en charge du musée.
Ce dernier est l’un des créateurs de ce lieu chargé d’histoire. « En 1999, avec le commandant de base, nous avons créé l’association des Copains d’Avord. L’objectif était de pouvoir s’appuyer sur cette association afin de créer un musée de tradition, dédié à la base, de 1870 à nos jours. Et surtout de le faire fonctionner dans la durée », ajoute-t-il.
Au cours des années, les choses ont évolué positivement. « D’une petite salle, nous sommes passés à tout le bas du bâtiment. [Cela nous a permis] d’installer nos bureaux et notre salle d’exposition. Évidemment, si nous pouvions avoir plus grand, nous serions preneurs. »
Cette soif d’espace dédié à la culture s’explique, en partie, par le dynamisme des membres du musée. Ces derniers ne cessent de rechercher de nouveaux objets à exposer. « Le musée est, pour l’essentiel, tenu par ce que j’appelle les “quatre chevilles ouvrières” : le colonel Jean-Claude, le major Georges, le major Jean-Jacques et l’adjudant-chef Daniel. Ces passionnés et férus d’histoire trouvent toujours une pièce ou un objet pour enrichir notre collection », partage le colonel Jacky.
Une équipe soudée autour d’une passion : l’histoire de la base d’Avord
Le colonel Jean-Claude, conservateur bénévole du musée, nous accueille, l’œil pétillant de gourmandise. Il nous présente son « antre du savoir ». Accompagné de ses trois adjoints, il narre les grandes dates qui ont marqué la base et raconte des anecdotes sur les As ayant foulé le territoire avarais.
« C’est un musée qui relate la présence de l’aviation à Avord depuis les origines. Il retrace l’histoire des unités phares de l’emprise », précise-t-il. « Nous avons quelques pièces rares d’époque, comme une chaufferette de 1870, un moteur Clerget des années 1900 et une multitude d’objets chargés d’anecdotes. »
Le plaisir et la passion animent cette équipe qui ne demande qu’à partager les trésors de ce lieu iconique avec le public. « Nous sommes ouverts pour les personnels de la base, mais pas seulement. Nous accueillons également des associations extérieures. Le point d’orgue étant naturellement les journées du patrimoine, moment où nous recevons beaucoup de visiteurs pendant deux jours. »
Régulièrement, les vendredis, le musée accueille des scolaires, en stage sur l’emprise aérienne. Les jeunes ont, ainsi, la chance d’appréhender l’Histoire sous un angle différent de celui de l’école. En prime, ces derniers ont le privilège d’échanger avec les personnels de la base, au cœur de l’action.
Un soldat expérimenté et discret
Parmi ces passionnés se trouve celui qui incarne le mieux le musée. Figure emblématique de la base, celui que l’on connaît sous le sobriquet de « Toutou », colonel Jean-Claude, œuvre sans relâche et toujours dans l’ombre, au profit du lieu d’exposition. Engagé au service de l’armée de l’Air et de l’Espace en 1965, en qualité de navigateur, il rejoint la BA 702 en 1983. Il devient réserviste en 1992, après 27 ans de service actif. En 2001, le colonel Jean-Claude prend connaissance de l’association des Copains d’Avord. D’abord secrétaire, il devient rédacteur du journal de l’association, avant d’occuper les fonctions de conservateur du musée.
Toujours modeste, il « ne parle jamais de lui et de ses actions — qui sont pourtant remarquables », précise le colonel Jacky. « Par exemple, lorsqu’il fut affecté, durant 15 ans, au sein du Transport aérien militaire (TAM), il a participé à de très nombreuses missions, comme le sauvetage de l’équipage d’un bateau en feu dans l’océan Atlantique (SAR Toulouse). Il a également contribué aux rotations sanitaires sur Amman lors de “Septembre noir”. Toutes ses actions lui ont valu l’attribution de la croix de la valeur militaire avec étoile de bronze. En 1983, il est affecté sur C135 à Avord. Il participent à de multiples missions de ravitaillement autour du globe avec, comme point d’orgue, la première guerre du Golfe en 1990. Dès son retour en France, il est décoré de la croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs (TOE) avec étoile de bronze.
Aujourd’hui, l’Aviateur peut regarder son parcours avec fierté. Tourné vers l’avenir, l’officier supérieur espère relever un nouveau challenge : trouver une relève pour l’association, en mal de membres. Au plus profond de lui, il souhaite transmettre son savoir aux plus jeunes, pour faire perdurer l’Histoire de l’armée de l’Air et de l’Espace.
Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
Droits : Armée de l'Air et de l'Espace