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Verdun : le déroulement de la bataille

Mise à jour  : 11/03/2016 - Auteur : LCL Claude Franc

Au plan stratégique comme à l’échelle du théâtre d’opérations, l’année 1915 s’est achevée sur un bilan contrasté, aussi bien pour les Puissances centrales que pour l’Entente.

Toutes les offensives lancées par cette dernière sur le front occidental se sont heurtées à la résistance des organisations défensives allemandes, tandis qu’à l’est l’armée russe était refoulée mais pas détruite.

Aussi le chef d’état-major général allemand, von Falkenhayn, cherche-t-il dès l’hiver 1915-1916 à reprendre l’initiative. Son choix se porte sur le secteur de Verdun lequel, sans constituer un objectif stratégique, représente tout de même une valeur symbolique suffisamment forte pour que les Français s’y épuisent en vaines contre-attaques.

Le 21 février 1916, précédée par une extraordinaire préparation d’artillerie (le Trommelfeuer, ou déluge de feu), l’attaque allemande débouche en fin d’après-midi sur la rive droite de la Meuse. La première ligne française dont la majeure partie des éléments avait été repliée sur ordre est rapidement submergée. Mais la conquête de la seconde se heurte à la résistance opiniâtre d’éléments isolés, survivants des formations chargées de la défendre. Pour les Français, la menace est sérieuse : la région de Verdun constitue un saillant entrant dans les lignes allemandes et les troupes françaises y sont initialement dans un rapport de force très défavorable. La région fortifiée de Verdun (RFV) semble dans l’incapacité de résister bien longtemps et de conduire une contre-offensive assez puissante. Pour constituer en retrait une ligne de défense plus solide et préserver ses unités de la destruction, le général de Langle de Cary, commandant le groupe d’armées du centre (GAC) dont dépend depuis peu la RFV, ordonne l’évacuation de la Woëvre. Dans le même temps, poussé par le président du Conseil et en plein accord avec lui, Joffre prescrit de défendre à tout prix Verdun sur la rive droite. Il confie le commandement de l’ensemble des troupes au général Pétain et missionne sur place son adjoint, le général de Castelnau, avec complète délégation de pouvoirs. Simultanément, la France apprend médusée la chute du fort de Douaumont, élément essentiel de la ceinture des forts de Verdun.

Défense cohérente

Dès son arrivée le 26 février, Pétain organise la défense et donne un ordre simple : pour la première et unique fois de la guerre, il interdit tout recul et prescrit une défense ferme en avant de la ligne Froideterre-Souville-Tavannes, dernières positions à partir desquelles il est encore possible d’asseoir une défense cohérente à partir de la rive droite. Disposant, en renforcement de deux corps d’armée, d’une artillerie conséquente et de moyens d’appui et de soutien nombreux, il divise sa zone d’action en autant de groupements que de corps d’armée. Il leur alloue les renforcements en fonction des besoins, mais conserve à son niveau une réserve (en particulier d’artillerie lourde) pour entretenir l’action d’ensemble. Il est soutenu par le capitaine Doumenc qui a mis en œuvre dès le 22 février le soutien logistique de la bataille grâce aux milliers de véhicules qui empruntent la route départementale Bar-le-Duc / Verdun (future Voie sacrée) afin d’acheminer quotidiennement les milliers de tonnes et les dizaines de milliers d’hommes nécessaires à la poursuite de la lutte.

Afin de ne pas user trop rapidement ses forces vives, son infanterie, Pétain obtient du grand quartier général (GQG) que soit instauré un système de norias : 80 % des divisions d’infanterie de l’armée française vont se relever à Verdun au sein des corps d’armée, qui constituent avec l’état-major et les services de la 2e Armée la seule armature permanente de commandement. Enfin, pour contrebattre l’artillerie ennemie et la rendre aveugle, il lui faut disposer de la maîtrise du ciel, mission confiée au commandant de Rose. Les pilotes, venus de toutes les escadrilles se rassemblent en quelques jours autour de la ville menacée.

Paroxysme des combats

C’est sur ces bases que Pétain organise sa manœuvre, notamment la parade à un élargissement de la bataille sur la rive gauche, qu’il devine imminente. En effet, l’offensive s’enlisant, les Allemands relancent leurs attaques le 6 mars. Pétain veut stopper l’offensive sur une ligne jalonnée par la côte 304 et le village de Mort Homme. Les combats atteignent leur paroxysme le 9 avril, lorsque le commandant de la 2e armée lance son fameux ordre du jour : « Courage, on les aura ! ». Cependant, un hiatus demeure entre Pétain et le GQG au sujet de la reprise de l’offensive. Joffre souhaite lancer la reprise du fort de Douaumont tandis que Pétain estime qu’il ne dispose pas encore de moyens suffisants. Par ailleurs, la préparation de la future offensive franco-britannique de la Somme exige des moyens considérables et le généralissime limite les renforcements accordés à la région de Verdun. Le 1er mai, Pétain est promu au commandement du groupe d’armées du centre et Nivelle lui succède à la 2e armée. Une première tentative de reprise de Douaumont échoue le 22 mai. Dans un ultime effort, les Allemands tentent de relancer leur offensive en vue d’atteindre la ligne Souville-Tavannes.

Ils s’emparent du fort de Vaux le 7 juin et s’approchent des superstructures du fort de Souville. En raison des fortes pressions exercées sur d’autres théâtres d’opérations ils sont peu à peu contraints de desserrer leur emprise sur Verdun, le haut commandement allemand devant faire face à la fois aux succès initiaux de l’offensive Broussilov sur le front russe et au déclenchement de l’offensive de la Somme le 1er juillet. Les Allemands ne peuvent plus poursuivre leurs efforts dans ce secteur et les Français se ressaisissent. Le mois suivant, lorsque Hindenburg succède à Falkenhayn comme chef d’état-major général de l’armée impériale, l’une de ses premières décisions est de placer la 5e armée du Kronprinz en position défensive face à Verdun.
Les Français peuvent reprendre l’initiative. Ils exploitent cette situation nouvelle en deux temps. D’abord la reprise du fort de Douaumont le 24 octobre, en particulier par le régiment d’infanterie chars de marine (RICM), puis par une nouvelle poussée en avant sous la forme d’une attaque brusquée du corps d’armée Mangin, précédé d’un puissant barrage d’artillerie à la mi-décembre.

La bataille de Verdun, par son ampleur et par l’intensité de ces combats est reconnue comme la bataille emblématique de la Grande Guerre. Elle est devenue l’illustration exemplaire de la capacité de résistance du soldat français.


Droits : Armée de Terre

La bataille de Verdun en chiffres

Durée : 10 mois

Pertes : plus de 300.000 tués et disparus, dont 163.000 Français

Munitions consommées : entre 60 et 80 millions d’obus