Accueil | Terre | Histoire et patrimoine | Histoire | Batailles | Verdun | La fourragère à l’honneur Terre ... Verdun | La fourragère à l’honneur

La fourragère à l’honneur

Mise à jour  : 07/11/2016 - Auteur : capitaine Jean-baptiste P./COMLE

Aujourd'hui portée sur nos uniformes, la fourragère telle que nous la connaissons est apparue tandis que la bataille de Verdun faisait rage. Elle récompense les unités ayant eu au moins deux citations à l’ordre de l’armée.

Son origine demeure obscure, mais elle semble trouver sa source dans la corde servant à lier les bottes de plants fourragers. Sous le Premier Empire, la corde à fourragère des dragons autrichiens délaissa son côté utilitaire afin de devenir un accessoire : jaune pour les hussards et rouge pour les artilleurs, souvent agrémentée d'une raquette (grosse tresse plate). Elle fera partie de l'uniforme du soldat français jusqu'en 1871. 

La fourragère se présente sous sa forme originelle comme une tresse de coton de 6 mm se terminant par un nœud à 4 tours et un ferret. À l'autre extrémité, un carré de drap d'uniforme bleu horizon permet de recevoir le bouton afin de la retenir. Le trèfle actuel apparaît sur les modèles de fantaisie à la fin de la Première Guerre mondiale avant de se populariser dans les années 30. Le cordon majoritairement vert avec des liserés rouge rappelle le ruban de la croix de guerre. Le ferret est en laiton sans distinction de couleur d'arme. Néanmoins la guerre continuant, cette limite a très vite été dépassée.

La circulaire du 22 février 1918 instaure un système de couleurs de fourragère identifiant le nombre de citations obtenues par le corps :

- 2 à 3 citations : couleurs de la croix de guerre 1914/18 (vert et rouge); 

- 4 à 5 citations : couleurs de la médaille militaire (jaune et vert); 

- 6 à 8 citations : couleur de la légion d'honneur (rouge); 

- 9 à 11 citations : fourragère double aux couleurs de la légion d'honneur et de la croix de guerre 14/18 (seuls le RMLE et le RICM en ont été récipiendaires); 

- 12 à 14 citations : fourragères doubles aux couleurs de la Légion d'honneur et de la médaille militaire (jamais attribuée); 

- 15 et plus : fourragère double aux couleurs de la Légion d'honneur (jamais attribuée).

Les troupes françaises n'ont pas été les seules à se voir attribuer une fourragère, des unités britanniques américaines et portugaises ont ainsi été décorées. L'attribution de la fourragère s'arrête de facto avec la cessation d'ouverture à l'obtention de la croix de guerre 1914-18. La fourragère peut être portée par les soldats de tous grades. Certifié par une attestation du chef de corps, l'insigne diffère du modèle général par son ferret orné du numéro du régiment, ou à défaut l'insigne de la formation est épinglé à cette place. 

Une récompense collective

Le port de la fourragère a très tôt fait débat. Dès les années 20, cette distinction faisant partie de l'uniforme du régiment, ne doit cependant pas faire partie du paquetage. Le ministère de la Guerre a tout d'abord précisé que son port est une récompense collective destinée à honorer l'unité plus que l'individu. Lors du service dans un état-major, l'officier ne peut y prétendre que s'il porte le numéro de l'unité à son col. Les cadres ayant combattu lors de la Première Guerre mondiale s'émeuvent de voir les bleus arborer une fourragère sans en connaître le prix. En 1924, André Maginot, ministre de la guerre, institutionnalise la remise de la fourragère : elle sera remise lors de la présentation au drapeau et il sera rappelé la valeur exceptionnelle de cet insigne. L’histoire de la fourragère ne s’arrête pas avec la Première Guerre mondiale. Les conflits et engagements de l’armée française conduiront à compléter ce système et à créer de nouveaux insignes.

En savoir+

En 1916, l’insigne de la fourragère : Une circulaire du 21 avril 1916 définit la fourragère comme un insigne spécial destiné à rappeler d'une façon permanente les actions d'éclat de certains régiments et unités formant corps cités à l'ordre de l'armée. Cet insigne sera constitué par une fourragère aux couleurs de la croix de guerre.Une circulaire du 21 avril 1916 définit la fourragère comme un insigne spécial destiné à rappeler d'une façon permanente les actions d'éclat de certains régiments et unités formant corps cités à l'ordre de l'armée. Cet insigne sera constitué par une fourragère aux couleurs de la croix de guerre.

La fourragère de la Croix de la valeur militaire

Dernière-née, la fourragère de la Croix de la valeur militaire, ou CVM, relève du souhait du Président de la République de voir reconnaître les unités s’étant distinguées notamment en Afghanistan. La circulaire du 28 novembre 2011 garde le principe appliqué depuis 1916, et récompense les formations ayant obtenues au moins 2 citations à l’ordre de l’armée au titre des « actions d'éclat accomplies […] au cours d'opérations de combat, de sécurité ou de maintien de l'ordre effectuées sur les différents théâtres d'opérations extérieures ».

Elle comble ainsi le vide laissé par l’absence de circonstances pouvant initier l’attribution de la fourragère aux couleurs azur et rouge de la Croix de guerre des Théâtres d’Opérations Extérieures. Reprenant dans sa conception, le modèle du double cordon non tressé de la fourragère de l'Ordre de la Libération, elle y mêle le rouge et le blanc du ruban de la CVM. Une nouveauté apparaît cependant. Une agrafe mentionnant le théâtre d’attribution des citations prend place sur le ruban de la de la médaille épinglée à la cravate du drapeau, la plus ancienne en bas et les suivantes venant au-dessus.

Le 16 avril 2012, le 17e Régiment du génie parachutiste de Montauban devient la première unité à être récompensée par ce nouvel insigne. Depuis, elle a été attribuée à des formations de l’Armée de terre, de la Marine Nationale, de l’Armée de l’air, de la Gendarmerie Nationale et du Service de santé des armée.

Il existe aussi la possibilité d’un port à titre individuel pour les militaires ayant pris part aux actions qui ont entrainé l’attribution de citations à l’ordre de l’armée. Dans ce cas, un justificatif du Chef de corps stipule qu’il peut l’arborer sans considération de formation d’appartenance.

Cette fourragère se distingue par la présence de l’insigne du régiment dans lequel elle lui a été remise, sur le nœud à quatre tours. La circulaire originelle prévoyait un système d’olive afin de rappeler les citations obtenues au titre d’un même théâtre. Elle conservait ainsi l’esprit du règlement de 1918.

Ce système trop limitatif est abrogé par l’instruction n°10707/DEF/CAB/SDBC/DECO/A du 27 octobre 2015 fixant les modalités d’application de l’arrêté du 27 octobre de la même année. Désormais, elles symbolisent sous la forme suivante le nombre total de citations obtenues, sans distinction:

La prise d’armes de Camerone, le 30 avril 2016, a vu la première remise de fourragère de la CVM avec olive aux couleurs de la médaille militaire au 2e Régiment étranger de parachutistes de Calvi pour son action à Kolwezi en 1978, en Afghanistan et au Mali. 


Droits : Armée de Terre 2016