Après son discours à la radio de Londres, le général de Gaulle est reconnu par Winston Churchill comme « chef des Français libres ». Mais il est seul, ou presque. En quelques semaines, le ralliement de plusieurs territoires d’Afrique équatoriale française est un succès d’une portée politique et stratégique considérable. Car ces ralliements vont permettre « d’arracher la France libre à l’exil et l’installer en toute souveraineté en territoire national » selon les propres mots du Général.
Nous sommes en juin 1940, la guerre fait rage. Le gouvernement dirigé par le maréchal Pétain vient de signer un armistice profondément humiliant pour la France. Pourtant, une voix résonne sur les ondes le 18 juin : « Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas ». La France libre vient de naitre ; si elle veut compter, il va lui falloir rallier des hommes et des territoires à sa cause.
Dans son célèbre Appel, le Général martèle : « La France n'est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle ». Le ralliement des colonies constitue en effet un enjeu central pour la France libre. Enjeu de puissance tout d’abord avec les ressources et les hommes, enjeu de légitimité également face au régime de Vichy qui tente de faire croire qu’il maintient une part importante de souveraineté en métropole et qui fait également des territoires outre-mer un atout.
L’Afrique qui constitue la plus large partie de l’Empire enverra au total plusieurs centaines de milliers d’homme alimenter les rangs de la France libre. Mais des combattants viendront également des quatre coins du monde renforcer ses effectifs.
En Afrique, le premier pays à rejoindre la France libre est le Tchad, le 26 août 1940. Il est suivi du Cameroun et du Congo-Brazzaville, les 27 et 28 août. Les premiers ralliements sont peu nombreux et des coups de force (notamment dans les deux pays précédemment cités), ou des campagnes militaires de la part de la France libre, s’avèrent nécessaires comme au Gabon. Pire, une opération appuyée par les Britanniques contre les forces vichystes échoue au large de Dakar, place majeure de l’Afrique occidentale française (AOF), le 25 septembre 1940.
De plus en plus de colonies rejoignent cependant le camp gaulliste (et ce, jusqu’en 1943 avec le ralliement des Antilles). Inquiet, le maréchal Pétain décide de prendre la parole dès le 6 septembre 1940. A son tour, il s’adresse aux colonies françaises, en mettant en garde contre “les tentatives” de briser l’unité de l’Empire et de la métropole : il invite ces territoires à rester fidèles au gouvernement de Vichy.
La France est alors divisée entre deux hommes et deux visions. Faut-il résister et continuer de se battre, ou bien cesser les hostilités et collaborer ? Le continent africain est un théâtre majeur de cet affrontement. D’un côté, l’AEF (l’Afrique équatoriale française) ralliée au Général et de l’autre, l’AOF (l’Afrique occidentale française), Djibouti, l’Afrique du Nord et Madagascar qui restent, jusqu’en 1942, dans le giron pétainiste.
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Sources : Ministère des Armées