A quelques jours du défilé sur les Champs-Elysées, la rédaction est allée à la rencontre de celles et ceux qui descendront la plus belle avenue du monde ce 14 juillet 2017. Quels ont été les moments marquants de leur carrière militaire ? Que ressentent-ils à l’approche du grand jour ? Ils nous répondent.
Médecin en chef Aurélien, 39 ans
« Fils d’un officier de Marine, j’ai baigné dans le monde militaire très tôt. Je me suis donc engagé en 1996 pour devenir médecin. Un sésame que j’ai décroché neuf ans plus tard avec l’obtention de mon diplôme de l’université de médecine à l’Ecole de santé des armées (ESA) de Lyon. Affecté au 8e régiment d’artillerie de Commercy, j’ai été projeté cinq mois en 2007, au Cameroun, dans le cadre de l’opération Aramis. Cette première expérience à l’étranger m’a profondément marqué. J’étais inséré dans un poste isolé, au cœur de la jungle, sans antenne chirurgicale à proximité. En 2009, j’ai été envoyé au Liban au sein de l’équipe médicale en charge des évacuations sanitaires héliportées de la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban). L’équipage était italien, des Indiens tenaient l’hôpital et le premier blessé que j’ai soigné était un civil kosovar, difficile de faire plus international ! Un an plus tard, je suis parti en Afghanistan où l’on m’a nommé chef du service des urgences de l’hôpital médico-chirurgical de KAIA (Kaboul International Airport). Dans la foulée, j’ai été affecté au 68e régiment d’artillerie d'Afrique à La Valbonne et les opérations extérieures ont continué, il y a eu la République de Côte d’Ivoire en 2012 et la Centrafrique en 2014.
A l’été 2016, j’ai rejoint l’ESA. On m’a alors confié la responsabilité de commandant de bataillon avec sous mes ordres 200 élèves. J’enseigne essentiellement à ces étudiants la médecine d’urgence en situation dégradée. Transmettre ce savoir-faire issu d’années d’expérience de terrain fait toute la richesse du poste. Et c’est avec une quarantaine d’entre eux que je vais avoir le plaisir de participer au 14 juillet 2017 : vingt ans, jour pour jour, après mon premier défilé sur les Champs-Elysées en tant qu’élève. Tout un symbole ! Alors peu importe la météo, ce sera incontestablement un moment fort et j’ai presque envie de dire que c’est dans l’adversité que les choses sont belles ! »
Colonel James Sadler - représentant du détachement américain du Corps de réaction rapide- France (CRR-Fr) – Lille
« Mon affectation au CRR-Fr est le point culminant de longues années marquées par les missions et les déploiements à l'international d’abord comme officier d’artillerie puis comme stratège militaire (Allemagne, Pays-Bas, Italie, Belgique, Royaume-Uni). Le temps que j'ai passé en France a conforté en moi l'idée que la coopération et l’interopérabilité entre les nations alliées sont la clef pour affronter la complexité des enjeux sécuritaires actuels. J'en ai eu la confirmation lorsque j'étais affecté au QG de l'Otan à Bruxelles pendant le lancement de l'Opération Unified Protector en 2011. Il n'a fallu qu'un seul mois après le déclenchement de la crise internationale pour que les Nations unies adoptent une résolution et que la coalition multinationale mette en place une intervention militaire. Une telle rapidité n'aurait pas été possible sans la coopération constante entre nations, ni sans la formation et l'exercice quotidien des unités.
Je trouve que ma participation au défilé du 14 juillet à Paris est représentatif de cette coopération, d'autant plus marquée cette année avec l'invitation des États-Unis d'Amérique. Il y a un siècle, l'American Expeditionary Force a débarqué en France afin de rejoindre la coalition des Alliées sur le front ouest. Avec plus de 125 000 Américains tombés au combat pendant la Première Guerre mondiale, le fait de défiler lors du 14 juillet et de représenter ainsi mon pays et le sacrifice de tant d'Américains sur le territoire français est pour moi un grand honneur. »
Sources : Ministère des Armées
