Minutieusement préparé, le défilé aérien du 14 juillet repose sur un élément parfois capricieux : la météorologie. Pour permettre aux 92 aéronefs de défiler en toute sécurité, pas moins de 15 personnes s’affairent chaque année à prévoir l’imprévisible. La rédaction a rencontré le lieutenant-colonel Bruno Bezier, chef de la division Manifestations aériennes au commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA) à Lyon, coordonnateur du défilé aérien du 14 juillet depuis 2014.
Quelle est l’importance de la météo dans le déroulement du défilé aérien ?
Au-delà du professionnalisme des équipages dans la prise en compte de cette opération, tout ou presque repose sur les conditions météorologiques. Plafond d’altitude, vent, grains, pluie, sont autant d’éléments difficilement maîtrisables qui conditionnent le décollage, le survol de Paris et l’atterrissage des aéronefs. Jusqu’au dernier moment, la météo est difficile à prévoir : les grains peuvent se désagréger comme s’accroître instantanément remettant en cause le déroulé même du défilé. Je me rappelle de 2010 où mes prédécesseurs ont dû faire avancer le défilé de 10 minutes en raison d’un puissant orage arrivant sur Paris. Tous les aéronefs ont dû réagir très vite afin de quitter au plus tôt leur circuit d’attente et rejoindre Paris au nouvel horaire fixé. L’entraînement des pilotes a fait ses preuves. Tous étaient au rendez-vous. Sans leur réactivité, le défilé aérien n’aurait pas eu lieu.
Quel est votre rôle et celui de votre équipe ?
Sous le commandement du général Jean-Christophe Zimmermann, directeur du défilé aérien, je coordonne une équipe d’experts qui me permet de donner le « GO » ou le « NO GO » du défilé aérien ainsi que l’horaire de départ le plus adéquat. Nous sommes situés en haut de l’Arc de Triomphe.
Un météorologue interprète les données provenant du centre météorologique de l’armée de l’Air de Lyon, donne en permanence l’évolution des grains, analyse les cartes et présente la situation en temps réel. A ses côtés, cinq contrôleurs aériens guident les avions. Ils sont en contact avec le centre de contrôle des bases aériennes d’Evreux et Villacoublay d’où décolle la majeure partie des aéronefs, ainsi que du centre militaire de contrôle de Roissy.
Tous les éléments sont ensuite transmis aux pilotes grâce à une personne-clef : « the voice » ou l’homme qui murmure aux oreilles des aviateurs. En amont, entre 8h15 et 9h30 sur Paris et ses alentours, un « vol météo » est effectué par un aéronef qui confirme les prévisions des spécialistes. Cette année, ce sera un Socata TB-30 de l’Ecole de pilotage de l’armée de l’Air de Cognac.
Préparez-vous plusieurs hypothèses de survol ?
Nous prévoyons un ordre initial de passage des aéronefs et plusieurs hypothèses dépendants du plafond nuageux. Dans le cas où celui-ci est supérieur à 700 mètres d’altitude, tous les aéronefs défilent. Lorsque celui-ci est compris entre 700 et 500 mètre d’altitude, les gros porteurs, tels que l’AWACS et les C135 ne peuvent plus survoler Paris. Entre 500 et 300 mètres, seuls les hélicoptères volent. En dessous de 300 mètres tout le monde est au sol. Aucun risque n’est pris, que ce soit durant la phase de décollage, le circuit d’attente, le survol sur Paris et le retour sur base.
Combien d’aéronefs sont prévus cette année ?
Cette année, 63 voilures fixes (AWACS, C135, chasseurs, avion de transport, Alpha Jet, Falcon 2000, Rafale, 2000N, etc.) défileront dans le ciel parisien aux côtés de 29 voilures tournantes (hélicoptères).
Le point marquant, cette année, est le défilé de la patrouille américaine, faisant écho à la tournée de la Patrouille de France aux Etats-Unis cette année.
Sources : Ministère des Armées