Cet été, le ministère des Armées s’associe à l’antenne de RMC pour faire découvrir les moyens de la défense déployés au profit des acteurs locaux. Le deuxième épisode est consacré aux délégués militaires départementaux (DMD), responsables de la réalisation de projets au profit de la population locale, dont les militaires et leurs familles. Nous avons posé trois questions au DMD du Maine-et-Loire, le lieutenant-colonel Denis Caillaud.
Mon colonel, quel est le périmètre d’action d’un DMD ?
Appartenant à la chaîne OTIAD (organisation territoriale interarmées de défense), le DMD agit sous les ordres de l’Officier Général de sa Zone de Défense et de Sécurité (ZDS) d’appartenance. Par effet miroir vis-à-vis de celle du ministère de l’Intérieur, il est le conseiller du préfet pour les questions militaires.
Si cette fonction semble évidente en temps de gestion de crise (cas d’interventions lors d’une catastrophe naturelle, d’une crise sanitaire…), le rôle du DMD a gagné en envergure depuis les attentats de 2015 : il assiste en permanence à la réunion de sécurité hebdomadaire de la préfecture, pour traiter notamment de la mise en place des moyens déployés sur l’opération SENTINELLE, dans le cadre de la lutte anti-terroriste. La sécurité est donc au cœur des réflexions et des démarches de la délégation militaire départementale.
Le DMD représente également une autorité locale qui tisse des liens étroits avec tous les acteurs participant à la vie du département, qu’ils soient du domaine économique, associatif, culturel, éducatif ou politique. Ce statut lui permet d’engager des opérations de rayonnement et de jouer un rôle opérationnel, car éminemment concret, dans le dialogue civilo-militaire en perpétuelle évolution.
Qu’est-ce qui caractérise l’action du DMD dans un département comme le Maine-et-Loire ?
L’empreinte militaire représente un vrai poids économique et social dans le département du Maine-et-Loire (49), positionnant de fait le DMD 49 comme un interlocuteur incontournable sur des sujets très divers en local.
Avec pas moins de 21 unités ou organismes militaires, dont 6 écoles1, 2 régiments des forces terrestres2, et des unités spécialisées uniques en France3, les armées sont le second employeur du département. Elles injectent 200 millions d’euros par an directement dans la vie économique locale, contractualisent avec plus de 60 PME et représentent 70 classes d’enfants dans ce département. L’impact est donc dimensionnant dans beaucoup de domaines.
Le nombre important d’organismes militaires multiplie les demandes et besoins exprimés auprès du DMD (avis de manœuvre, activités dérogatoires hors enceinte militaire, besoins protection-défense…), qui engage alors son réseau local afin d’y répondre : Etat-Major de ZDS, forces de sécurité intérieure, mairies, et tout autre interlocuteur civilo-militaire qui pourrait être concerné.
Le DMD endosse ici le rôle de facilitateur et doit pouvoir expliquer aux responsables locaux que la mise à disposition de moyens militaires est toujours décidée au niveau central par le centre de planification et de conduite des opérations. Ceci même si le nombre important d’unités militaires dans le département permet de conduire davantage d’actions au titre du rayonnement, au profit de la jeunesse, ou dans le cadre du devoir de mémoire (trois musées militaires, réseaux actifs d’anciens combattants).
En quoi le DMD 49 est-il un acteur de l’action du ministère des Armées sur le territoire ?
Dans le domaine strictement opérationnel, il importe d’agir comme un premier filtre face aux demandes civiles, en vérifiant systématiquement le respect de la règle des 4I. Pour être pris en compte, les moyens demandés au titre du ministère des Armées doivent en effet répondre aux critères suivant : être inexistants, insuffisants, inadaptés ou indisponibles. La forte présence militaire, qui permet potentiellement de disposer d’un surcroit de capacités, peut en effet susciter une multiplication des demandes de la part de certains acteurs.
Le DMD est aussi très impliqué dans les liens Armées-Nation en agissant à plusieurs niveaux. Ses liens se sont avérés très efficaces dans le cadre de la campagne de recrutement des cadres et stagiaires du service national universel. Les actions au profit de la jeunesse sont une thématique occupant une très large part du travail du DMD, notamment dans le cadre des Classes de Défense et de Sécurité Globales (CDSG) où les interventions sont nombreuses. L’année 2021 a ainsi vu la Maison familiale rurale « La Meignane » rejoindre les autres CDSG du département, avec la particularité de concrétiser un partenariat entre la DMD 49 et la Direction Régionale de l’Agriculture de l’Alimentation et de la Forêt.
Enfin, la DMD 49 a décliné au niveau départemental le protocole signé entre le ministère des Armées et le MEDEF en officialisant un document commun, signé en octobre 2020 avec le MEDEF 49 : il permet d’étendre son champ d’actions vers les PME du département afin qu’elles l’appuient, par exemple, dans le reclassement des blessés ou des familles militaires touchées par un décès. En échange, elles sont invitées à des démonstrations ou exercices militaires afin de stimuler leur capacité d’innovation, et les inscrire dans la stratégie d’innovation du ministère des Armées.
1 Ecole du génie, Ecole de cavalerie, Ecole d’état-major, Ecole du renseignement de l’armée de Terre, Ecole nationale supérieure des ingénieurs de l’infrastructure militaire et Centre interarmées de la défense NRBC.
2 2e Régiment de dragons et 6e Régiment du génie
3 Etablissement logistique du commissariat des Armées, Laboratoire du commissariat des Armées, Direction générale de l’armement Techniques terrestres et Pôle interarmées MUNEX.
Sources : Ministère des Armées